1er août 1976 : l'accident de Niki Lauda sur le Nürburgring

C'était le 1er août 1976. Victime d'un violent accident lors du Grand Prix d'Allemagne, Niki Lauda a frôlé la mort dans le brasier de sa Ferrari, avant de revenir à la competition à peine quelques semaines plus tard.

Niki Lauda, Ferrari 312T2 en feu après son crash à Bergwerk

Photo de: Uncredited

Après de premières expériences relativement discrètes en Formule 1 de 1970 à 1973, avec March et BRM, Niki Lauda s'est vite imposé comme la référence du plateau en arrivant dans le giron de Ferrari. Maranello comptait beaucoup sur ce jeune Autrichien froid et calculateur pour revenir au top après un début de décennie lors duquel la Scuderia était tombée dans l'anonymat du peloton.

Aux côtés du bouillant Tessinois Clay Regazzoni, de dix ans son aîné, Niki Lauda formait un duo emblématique chez Ferrari, parfaite association de la glace et du feu. Lauda ne tardait pas à briller sous les couleurs rouges, décrochant son premier podium (2e) lors de sa toute première apparition au volant d'une voiture au Cheval Cabré, à l'occasion du Grand Prix d'Argentine.

Le pilote autrichien remportait son premier succès en Grand Prix dès la quatrième manche de la saison à Jarama, permettant à Ferrari de renouer avec le succès après plusieurs années d'attente. Il terminait finalement quatrième du championnat, après un second succès à Zandvoort au volant de la 312B3.

James Hunt, le rival

Après un début d'année timide en 1975, Niki Lauda voyait sa saison véritablement lancée avec l'arrivée de la toute nouvelle Ferrari 312T, qui lui permettait de décrocher pas moins de cinq victoires, et surtout son tout premier titre de Champion du monde, à seulement 26 ans.

Niki Lauda, vainqueur du GP de Belgique devant Clay Regazzoni et Jacques Laffite

Niki Lauda, vainqueur du GP de Belgique devant Clay Regazzoni et Jacques Laffite.

1976 démarrait sur les chapeaux de roues pour le nouveau Champion du monde de la discipline (toujours associé à Clay Regazzoni), qui remportait les deux premiers Grand Prix à Interlagos puis à Kyalami. L'arrivée de la 312T2 à partir du quatrième meeting de la saison, à Jarama, permettait à Lauda de poursuivre sur sa lancée, avec encore trois nouvelles victoires à Spa, Monaco et Brands Hatch, qui lui permettaient de compter une solide avance sur son plus proche rival, James Hunt, qui s'était de son côté imposé à deux reprises (Jarama et Paul Ricard) pour sa première année avec McLaren avant la dixième manche de la saison sur le redoutable circuit du Nürburgring.

Avant la tenue de la course, les pilotes avaient déjà émis des réserves quant à la sécurité sur le terrible circuit de l'Eifel ; une sécurité naturellement difficile à assurer sur le tracé le plus long (et de loin) du calendrier, avec ses quelque 22,8 kilomètres, sa centaine de virages, ses innombrables montées et descentes, et ses vitesses de pointe vertigineuses qui en faisaient (et en font encore) l'un des circuits les plus dangereux de la planète.

La pluie prévue pour le week-end ajoutait encore à la dangerosité du Grand Prix d'Allemagne (de l'Ouest), dont l'édition 1976 constituait, on le savait déjà, la dernière tenue sur la Nordschleife avant que le circuit de Hockenheim n'accueille son Grand Prix national dès 1977.

Mais plusieurs pilotes, Niki Lauda en tête, s'opposèrent à la tenue même de la course. Un vote fut organisé parmi les acteurs du Championnat du monde, qui décidèrent finalement − à une voix près − de disputer l'épreuve.

Niki Lauda au GP d'Allemagne 1976.

En raison des conditions extrêmement pluvieuses du samedi, la séance qualificative du vendredi se montrait finalement décisive pour l'attribution de la pole position, qui revenait à James Hunt devant Niki Lauda, les deux rivaux se partageant la première ligne de la grille de départ.

Un boycott évité de peu

Dimanche 1er août 1976. Il pleut encore abondamment sur l'Eifel. Au départ, Clay Regazzoni surprend tout le monde et vire en tête au premier virage, alors que Hunt et Lauda ont tous deux raté leur envol. Mais Regazzoni part en tête-à-queue dès le premier tour, et reprend la piste en quatrième position : un incident qui permet à James Hunt, qui a entre temps repris plusieurs positions, de s'installer en tête.

La piste s'assèche rapidement, entraînant une ruée des pilotes aux stands pour monter des pneus slick. Jochen Mass, qui a déjà pris ce pari depuis le départ, s'installe à son tour dans le fauteuil de leader. Reparti lui aussi en pneus slicks, Niki Lauda cravache pour revenir sur les hommes de tête.

Dans la très rapide courbe à gauche avant le virage à droite de "Bergwerk", la Ferrari n°1 échappe au contrôle de son pilote et bifurque soudainement vers la droite pour aller taper très violemment le rail de sécurité. La voiture rebondit au milieu de la piste et prend feu, avant d'être percutée par l'Hesketh de l'Allemand Harald Hertl et la Surtees de l'Américain Brett Lunger, ce qui la propulse encore quelques mètres plus loin.

Alors que le brasier s'intensifie, Hertl et Lunger, rejoints par Guy Edwards (Hesketh) qui a évité de peu la Ferrari quelques secondes plus tôt, mais aussi Arturo Merzario (Wolf Williams), immobilisent tous les quatre leur voiture avant de se précipiter vers la Ferrari, pour en extraire son malheureux pilote prisonnier des flammes.

Extrême onction, et retour à la course

Lauda était finalement sorti de son véhicule et allongé à même le sol, souffrant de graves blessures au visage et aux mains, et avait de surcroît inhalé des gaz nocifs. Transporté à l'hôpital voisin d'Adenau, son état était alors jugé tellement critique qu'un prêtre vint lui donner l'extrême onction ! L'Autrichien fut ensuite transféré à l'hôpital de Coblence, puis dans le service spécialisé des grands brûlés du centre hospitalier de Ludwigshafen.

Mais Lauda reprit pied et, après avoir manqué deux Grands Prix seulement (sa course à domicile à Zeltweg, puis Zandvoort, où James Hunt, qui s'était imposé sur le Nürburgring, décrochait une nouvelle victoire), il effectuait un retour ahurissant à Monza, soit six semaines seulement après son accident, et alors que Ferrari avait déjà trouvé un remplaçant pour le Champion du monde en titre, en la personne de l'Argentin Carlos Reutemann !

Niki Lauda avec James Hunt et Barry Sheene au GP du Japon, en octobre 1976.

Niki Lauda avec James Hunt et Barry Sheene au GP du Japon, en octobre 1976.

Logiquement diminué physiquement et mentalement, Lauda trouvait les ressources pour arracher une quatrième place en Italie. Mais, avec deux nouvelles victoires au Canada et aux États-Unis, James Hunt revenait au contact dans la lutte pour le titre, qui allait se décider lors de la dernière manche sur le circuit de Fuji, au Japon, où Niki Lauda arrivait en leader mais avec seulement trois petits points d'avance sur James Hunt.

Hunt arrache le titre de peu

La pluie s'invitait à nouveau sur le tracé japonais le jour de la course. Alors que James Hunt s'installait en tête, Niki Lauda décidait de jeter l'éponge dès le deuxième tour, en raison des conditions désastreuses. Lauda savait que Hunt avait besoin des points de la troisième place pour lui ravir le titre. Le Britannique semblait mal embarqué lorsqu'une crevaison le faisait rétrograder au 5e rang, mais il parvenait in extremis à accrocher la troisième place dans le dernier tour, suffisante pour décrocher le titre mondial.

Niki Lauda prenait sa revanche en remportant le championnat en 1977, sa dernière année en rouge, avant de rejoindre le clan Brabham en 1978 et 1979, puis d'annoncer sa retraite. Mais l'Autrichien fit son retour en 1982 avec McLaren et remporta un dernier titre mondial en 1984, pour un demi-point face à son équipier Alain Prost, avant de raccrocher pour de bon à l'issue de la saison 1985.

Consultant pour la Scuderia Ferrari dans les années 1990, directeur de l'écurie Jaguar au début des années 2000, Niki Lauda a ensuite officié en tant que président non-exécutif de l'écurie Mercedes F1. Il est mort en 2019, à 70 ans.

La voiture de Niki Lauda, Ferrari 312T exposée dans le paddock

La Ferrari 312T de Niki Lauda

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