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Il y a 80 ans - La Victoire Impossible qui a contrarié le régime Nazi

1934 Alfa Romeo Tipo B (P3)

Photo de: Luis Betancourt

Le Grand Prix d’Allemagne 1935, disputé avant même la création du Championnat du Monde de Formule 1, est généralement considéré comme l’une des plus grandes courses de l’Histoire du sport automobile, pourtant disputée sous le règne du IIIe Reich de Hitler.

Tous les éléments étaient réunis pour une course dantesque : un circuit redoutable, le Nürburgring long de 22,8 kilomètres et ses 174 virages. Une course de 22 tours, soit environ 500 kilomètres. Les conditions, pluvieuses, qui ne sont jamais souhaitées sur un tel tracé. La présence des dominatrices Auto Union et Mercedes, mais aussi de Tazio Nuvolari, désigné par certains comme le meilleur pilote des années 1930, au volant d’une Alfa Romeo engagée par Ferrari. Enfin, la présence d’officiers de haut rang du IIIe Reich pour la course.

Suivant la coutume de l’époque, la grille de départ a été décidée lors d’un tirage au sort. Le tirage était favorable à Alfa Romeo, qui monopolisait les deux premières places de la grille avec Renato Balestrero et Nuvolari. Hans Stuck (Auto Union) complétait la première ligne devant Manfred von Brauchitsch (Mercedes-Benz) et Goffredo Zehender (Maserati). En troisième ligne, on retrouvait deux francophones, Louis Chiron (Alfa Romeo) et Philippe Étancelin (Maserati), prenant en sandwich la Mercedes de Rudolf Caracciola.

Le lièvre et la tortue

Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Voilà ce que se disait peut-être Nuvolari en début de course, puisque tandis que Caracciola creusait l’écart en tête de la course après s’être élancé huitième, Nuvolari n’a pas résisté davantage face à Rosemeyer, Fagioli, Chiron et von Brauchitsch.

En l’espace de cinq tours, les quatre autres Alfa Romeo engagées ont été contraintes à l’abandon aux mains de Balestrero, Chiron ainsi qu'Antonio Brivio, alors que René Dreyfus n'avait même pas pu prendre le départ. Ainsi, Nuvolari se retrouvait seul face à une armée d’Auto Union, de Mercedes et de Maserati.

L’Italien a toutefois maintenu un excellent rythme alors que la pluie s’intensifiait sur le Nürburgring et a pris la tête de la course au dixième tour lorsque les monoplaces allemandes ont effectué un arrêt au stand. Nuvolari s’est arrêté à son tour, passant 2 minutes et 14 secondes au stand à cause d’un problème lors du ravitaillement, et a repris la piste en sixième position. En comparaison, l’arrêt de Manfred von Brauchitsch n’avait duré que 47 secondes.

La dégradation des pneus joue un rôle décisif

De façon impressionnante, le pilote Ferrari est rapidement remonté au volant de son Alfa Romeo. Après avoir réduit l'écart à raison de 15 secondes au tour, Nuvolari a entamé la dernière boucle en deuxième place, à 35 secondes du leader, von Brauchitsch, qui pilotait une Mercedes. Cependant, les pneus de celle-ci se dégradaient de plus en plus, et l’un d’eux a fini par exploser dans le dernier tour, ce qui lui a fait perdre une victoire possible. Ce n’est pas sans rappeler la mésaventure survenue à Kimi Räikkönen sur le même circuit 70 ans plus tard...

Tazio Nuvolari a ainsi remporté une victoire qui est considérée comme la plus belle de sa carrière, certes avec un peu de réussite, mais au volant d'une Alfa Romeo qui accusait un déficit de 110cv, soit 40km/h de vitesse de pointe, sur les Mercedes et les Auto Union. Il devançait justement, à l’arrivée, pas moins de huit Flèches d’Argent, à une époque où les constructeurs arboraient tous les couleurs de leur pays. Ce succès, remporté au grand dam des officiers nazis présents pour la course, reste connu sous le nom de Victoire Impossible.

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