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L'impact qu'ont déjà les nouveaux investisseurs de McLaren

L'accord conclu par McLaren avec MSP Sports Capital l'an dernier non seulement aide l'écurie à financer la rénovation de ses infrastructures, ce dont elle avait bien besoin, mais est également un signe de l'avenir de la Formule 1.

Lando Norris, McLaren MCL35

Peu avant de s'assurer la troisième place du championnat des constructeurs au Grand Prix d'Abu Dhabi 2020, McLaren a annoncé la vente partielle de McLaren Racing à un consortium américain pour 185 M£. Selon les termes de cet accord, qui place la valeur de l'entreprise à 560 M£, ce consortium va commencer par prendre 15% de ses parts, jusqu'à 33% fin 2022.

MSP Sports Capital est l'investisseur principal, accompagné de The Najafi Companies et d'UBS O'Connor, filiale de la banque suisse qui propose des services de gestion de patrimoine, notamment au niveau des fonds spéculatifs. Jahm Najafi est d'ailleurs associé chez MSP ainsi que fondateur et propriétaire de sa propre entreprise.

Ces trois entités avaient justement des liens avec Zak Brown (PDG de McLaren Racing) via Just Marketing Inc, l'agence fondée par Brown dans les années 1990 et vendue à CSM en 2013. JMI avait un certain nombre de clients en NASCAR, où Brown a rencontré l'un de ses fondateurs, Jeff Moorad, qui est aussi propriétaire de l'écurie Hall Of Fame Racing. Brown a également conclu des accords de sponsoring pour JMI en Formule 1 avec UBS et Rexona, marque d'antitranspirant détenue par Najafi.

Moorad s'est fait un nom – et le début de sa fortune – en tant qu'agent représentant les joueurs de la Major League Baseball dans les années 1980. Lui et son associé Leigh Steinberg étaient "consultants techniques" du film Jerry Maguire, et auraient inspiré le personnage principal.

Moorad a été actionnaire des Diamondbacks de l'Arizona et des Padres de San Diego, revendant ses actions plus cher qu'il ne les avait achetées dans les deux cas. Plus récemment, il a été actionnaire d'entreprises spécialisées dans les événements sportifs, les voyages et les paris. MSP Sports Capital a également investi dans des équipes de football de deuxième division en Espagne et au Portugal.

Tandis que la carrière de Najafi a inclus un passage à Wall Street, la fortune de sa famille iranienne-américaine vient d'investissements immobiliers prudents pendant l'essor des années 1980 et 1990. The Najafi Companies était initialement une filiale du business familial, Pivotal Group ; son mode de fonctionnement était de récupérer des entreprises sous-évaluées, de les restructurer et de faire des bénéfices avant de les revendre à d'autres investisseurs.

L'un de ses plus grands succès a été l'entreprise de services Internet Network Solutions, achetée par Verisign pour 21 milliards de livres sterling en mars 2000, quelques semaines avant le krach de la bulle Internet. En octobre 2003, Najafi (alors connu en tant que Pivotal Private Equity) a racheté la majorité des parts à Verisign pour une somme rapportée comme étant de 100 M$, avant de les revendre à General Atlantic (entreprise de capital-risque) pour une somme rapportée de 800 M$ quatre ans plus tard.

Bref, ces compagnies ont donc l'habitude de repérer celles qui sont en difficulté mais ont néanmoins du potentiel. McLaren Racing est à la peine depuis plusieurs années par rapport à l'ensemble du groupe McLaren, à cause de ses mauvaises performances en piste, qui entraînent des primes (versées par la F1) inférieures en fin d'année. Plutôt que de générer des revenus, l'écurie garde la tête hors de l'eau grâce aux autres entreprises du groupe, notamment McLaren Automotive. Mais la pandémie de COVID-19 a stoppé la production et ralenti les ventes, précipitant des licenciements dans les diverses branches du groupe et un refinancement de l'entreprise à grande échelle.

Le McLaren Technology Centre de Woking

L'on sait depuis un certain temps que Mumtalakat, fonds souverain bahreïni qui est actionnaire majoritaire du groupe McLaren, souhaite vendre une partie de ses parts. L'un des facteurs qui ont contribué aux problèmes financiers de McLaren l'an passé vient du départ forcé de Ron Dennis en 2016 ; pour racheter ses parts, McLaren a hypothéqué certaines de ses propriétés, notamment sa collection de voitures historiques, ce qui a contraint l'écurie à trouver d'autres solutions lorsqu'elle avait urgemment besoin d'argent mi-2020.

C'est en tant qu'invité de Mumtalakat que Moorad s'est rendu au Grand Prix de Bahreïn 2019, où Sheikh Mohamed bin Isa Al Khalifa, vice-président de McLaren et membre du conseil d'administration de Mumtalakat, l'a re-présenté à Brown. À ce stade, Moorad avait déjà fait partie des candidats à l'acquisition de Force India, écurie placée sous administration judiciaire, et a plus récemment été impliqué dans les discussions entourant la vente de Williams.

"[Force India] nous a bien permis, avec le recul, de mieux connaître ce sport", a déclaré Moorad après l'annonce de l'accord avec McLaren. "Nous étions bien moins sérieusement intéressés par Williams, mais nous y avons certainement prêté attention."

Ce qui est intéressant, au sujet de cet accord, est que la rentrée d'argent ne va pas rembourser des dettes mais financer les nombreux projets cruciaux en cours au McLaren Technology Centre, notamment le remplacement d'une soufflerie obsolète (qui n'a pas été utilisée pour le programme F1 depuis 2013) ainsi que d'un simulateur tout aussi dépassé.

Lors de l'annonce, il a également été minutieusement précisé que McLaren Automotive n'était pas partie intégrante de cet accord ; en septembre dernier, son directeur Mike Flewitt a fait référence à une introduction en bourse afin que les investisseurs aient une voie de sortie.

Moorad fera partie du conseil d'administration de McLaren Racing et Najafi en deviendra vice-président, ce qui laisse imaginer une implication stratégique plus profonde à l'avenir. Ils ont l'expérience, via de précédents investissements dans des franchises sportives, du modèle financier que requièrent les nouveaux Accords Concorde.

Alors que la F1 se rapproche du modèle américain de franchises, cet investissement pourrait mener McLaren vers l'avant de la grille, et de plusieurs manières.

Lando Norris, Daniel Ricciardo, with the McLaren MCL35M and the team

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