Opinion

L'influence croissante de la F1 au Moyen-Orient

L'expansion de la Formule 1 vers de nouveaux territoires n'a pas forcément été accueillie positivement, mais le Moyen-Orient et l'Afrique représentent de nouvelles régions importantes pour le sport automobile. Et les bienfaits commencent déjà à se faire ressentir.

Le drapeau du Qatar au coucher de soleil

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

Remarquable, la saison de Formule 1 va s'achever au Moyen-Orient par un trio de Grands Prix disputés sur trois circuits très différents, ajoutant un niveau supérieur d'imprévisibilité.

Il y a d'abord la manche de ce week-end sur le Circuit International de Losail, proposant un tracé technique et un tarmac peu adhérent.

En Arabie saoudite, le circuit de la Corniche de Djeddah, les hautes vitesses qui seront atteintes risquent d'impressionner. Bakou a établi une nouvelle référence de rythme sur les circuits urbains, mais la course saoudienne devrait aller encore plus loin, avec des moyennes au tour probablement plus élevées qu'à Silverstone et sur un tracé doté d'un virage 13 en banking.

La finale se disputera à Abu Dhabi, sur un circuit qui a été remanié depuis l'an dernier afin d'offrir des opportunités de dépassement plus réalistes. Tout semble réuni pour qu'il y ait de nouveau du spectacle, mais est-ce normal qu'une saison aussi extraordinaire s'achève dans une région du monde où la culture du sport automobile est quelque peu superficielle ?

C'est une question à laquelle l'ancien pilote libanais d'A1GP, Khalil Beschir, comprend parfaitement. Aujourd'hui commentateur et analyste de la F1 pour MBC au Moyen-Orient, il est parfaitement conscient de la naïveté de son audience.

"Je reçois chaque jour des messages sur les réseaux sociaux de gens qui me demandent comment devenir pilote de F1 ou ingénieur", dit-il. "Ils ont besoin de plus de formation. Je n'ai vu aucun programme mis en place pour soutenir ces passionnés."

La Qatar accueille ce week-end son premier Grand Prix de F1.

La Qatar accueille ce week-end son premier Grand Prix de F1.

La bonne nouvelle, c'est que le niveau d'intérêt explose, encore plus depuis que les retransmissions TV sont devenues gratuites en 2019.

"Je suis convaincu que nous avons l'audience la plus jeune ici au Moyen-Orient", s'enthousiasme Beschir, "et les diffusions gratuites ont énormément aidé la popularité de la discipline. Ce qui est bien, c'est qu'en Arabie saoudite, le ministre des Sports, le Prince Abdulaziz Bin Turki Al Saud, et le promoteur de la F1, le Prince Khalid Bin Sultan Al Faisal, ont tous les deux couru en GT3 et dans d'autres catégories. Ils veulent créer un programme pour soutenir les jeunes pilotes, les envoyer en Europe pour les aider à progresser."

Lorsque la F1 s'est rendue pour la première fois à Abu Dhabi, beaucoup de tickets ont été vendus grâce aux concerts qui étaient organisés durant le week-end. Depuis, les choses ont changé.

"Ça évolue à Abu Dhabi et dans toute la région", confirme Beschir. "Principalement en Arabie saoudite, nous voyons des gens qui achètent des billets pour la F1 plutôt que pour les concerts. En Arabie saoudite, il y a des gens qui doivent travailler, 80% de la population n'est pas riche donc il y a un appétit, c'est différent de l'approche jeune et locale que l'on voit au Qatar et aux Émirats Arabes Unis."

La voix de Beschir est entendue dans tout le Moyen-Orient, mais sa couverture s'étend également à l'Afrique du Nord, et sa mentalité avant-gardiste lui permet déjà de se faire une opinion sur d'autres événements potentiels.

" Je pense que le Maroc fera bientôt une offre pour rejoindre la F1 car la popularité y est en hausse, la fanbase est plus grande en Afrique du Nord et dans les pays du Levant (comme le Liban) que dans les pays du Golfe. Le Maroc a de l'argent, et l'idée est à l'étude."

Par ailleurs, Beschir développe une autre idée qui a des liens avec la F1 mais est très différente. En 2018, il a vu des trottinettes électriques circuler pour la première fois et a pris conscience que le monde changeait.

"Ça nous a fait réfléchir à la création d'un championnat d'e-scooters pour développer la technologie, la sécurité et tous les éléments", explique-t-il. "Le secteur automobile se développe à travers le sport automobile, donc je me suis dit que ça avait du sens et j'en ai parlé à mon ami Alex Wurz."

Ancien pilote et aujourd'hui président de l'Association des pilotes de Grand Prix (GPDA), Wurz est bien vu en F1. Il s'est d'abord montré incertain devant le concept d'e-scooter présenté par Beschir, mais une analyse plus détaillée l'a convaincu de s'impliquer.

D'autres acteurs clés de la F1 s'y sont joints : Andy Mellor, qui œuvre pour la sécurité de la F1 depuis de nombreuses années et a notamment travaillé sur le Halo, et l'ancien ingénieur Lotus et fidèle de la FIA, Peter Wright. Tous les deux élaborent actuellement les réglementations technique et sportive pour le championnat eSkootr, qui devrait bientôt voir le jour.

Les courses auront lieu sur des circuits de 400 mètres en centre-ville, à travers le monde, avec des concurrents issus de plusieurs sports. Des snowboardeurs, des skieurs, des pilotes de moto et de motocross évolueront sur ces machines équipées de batteries fournies par Williams Advanced Engineering. Des barrières spécifiques sont en cours de conception chez TecPro. Tout le concept vise à développer le secteur de la micro-mobilité, dans le but futur de réduire les émissions.

"L'idée est de compléter l'écosystème des sports mécaniques", précise Beschir. "D'ici 2024, de nombreuses voitures de route auront une trottinette dans le coffre pour les trajets supplémentaires, et ça boucle donc la boucle."

Il est peu probable que l'eSkootr ait sur nous un effet aussi fort qu'une incroyable saison de Formule 1, mais la discipline offrira à des pilotes ambitieux la possibilité de démontrer leur talent à travers un format très visible. Et qui sait, peut-être qu'un jour un jeune champion d'eSkootr issue des émirats arrivera en F1 au plus haut niveau. Les rêves sont faits pour être réalisés.

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