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Interview exclusive avec Nicolas Prost

A l'occasion du troisième meeting des World Series by Renault, qui a lieu ce week-end au Nürbürgring, Nicolas Prost est au volant de la R30 afin de réaliser plusieurs démonstrations

A l'occasion du troisième meeting des World Series by Renault, qui a lieu ce week-end au Nürbürgring, Nicolas Prost est au volant de la R30 afin de réaliser plusieurs démonstrations. Il a pris quelques minutes pour répondre aux questions de ToileF1.

L’an dernier, vous avez pris part à votre premier roadshow à Magny-Cours. Qu'avez-vous retenu de cette opportunité ?

"C’est un véritable plaisir et une opportunité incroyable de pouvoir piloter une Formule 1. Même si c’est dans le cadre des roadshows, il est impossible aujourd’hui de prendre part à une séance d’essais tant ils sont restreints. Cela permet donc d’engranger de l’expérience, de faire des tours au volant d’une F1 et de s’habituer à tous les systèmes embarqués. L’an dernier, j’avais fait Magny-Cours et cette année je fais le Nürbürgring mais aussi le Castellet. Je suis très heureux d’être là. Ce sont des moments privilégiés et je vais pleinement en profiter."

A Magny-Cours, vous étiez monté dans la R29. Ici, c’est la R30 qui est mise à votre disposition. Quelles sont les différences ?

"Cette monoplace est quand même beaucoup plus saine que la précédente, notamment au niveau du freinage. La voiture que j'ai utilisée l’an dernier était un peu plus instable. Cette année, on a de nouveaux pneus puisque Pirelli a remplacé Bridgestone. On roule avec des réglages assez confortables, typés Monaco avec beaucoup d’appuis. Il est difficile de se rendre compte des différences qu’il y a entre les deux voitures, mais je trouve cette R30 assez fantastique."

Au début du week-end, vous sembliez un peu anxieux à l’idée de devoir faire vos premiers donuts au volant d’une F1 mais finalement, vous avez pris beaucoup de plaisir en les faisant.

"C’est vraiment sympa de faire cela au volant d’une Formule 1. J’avais un peu d’appréhension au début. On peut avoir l’impression que c’est difficile mais il y a tellement de puissance que tout se fait tout seul. J’ai pris beaucoup de plaisir, et comme nous sommes là pour en donner aux gens, c’est intéressant de faire ce genre de figures sur la piste."

La semaine dernière, vous avez participé aux 24 Heures du Mans. N’est-ce pas trop difficile de passer d’un prototype à une Formule 1 ?

"J’ai le souvenir de certains pilotes déclarant que piloter une F1, c’est comme piloter un prototype. Mais quand on remonte dans une F1, on se dit qu’il y a un monde d’écart. Juste avant l’une de mes démonstrations, je parlais à Jean-Eric Vergne. On se disait que la Formule 1 restait un monde à part. En ce qui me concerne, j’ai disputé une course en Formule Renault 3.5 et j’ai piloté en A1GP, dont la monoplace était construite autour d'un châssis de Formule 1, mais malgré tout, la F1 reste un monde à part. Tout est plus léger, tout est mieux conçu et cela reste un autre monde où le niveau de performance est hallucinant. Passer d’un prototype à une Formule 1 est assez différent, mais j’ai assez vite retrouvé mes marques et c’est une monoplace vraiment géniale à conduire."

Depuis le début de l’année, vous êtes membre du programme de Gravity. Pensez-vous que cela pourrait vous donner l'opportunité de participer aux essais privés de Formule 1 réservés aux jeunes pilotes ?

"On y travaille même si cela reste toujours compliqué. La F1 coûte beaucoup d’argent. Cependant, Eric Boullier a intégré Romain Grosjean et moi à cette structure dans l’idée de nous amener en Formule 1. Romain est le premier sur la liste car il a beaucoup plus d’expérience et il est beaucoup plus proche que moi. Mais c’est le plan de me mettre dans une F1 pour savoir ce que je peux valoir au volant."

"Je connais Eric depuis très longtemps. C’était mon ingénieur en A1GP et je pense que s’il s’est engagé avec moi, c’est parce qu’il me tient en estime. Cependant, rien n’est fait. Il faut continuer à travailler. Je fais une bonne saison depuis le début de l’année en endurance. C’est important d’être performant parce que les places se gagnent en étant performant, ce qui est tout à fait normal. Il faut travailler mais il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte. Toutefois, en étant dans le programme de Gravity, l’idée est quand même d’arriver un jour en Formule 1."

Dans le passé, on a vu Michael Schumacher arriver en Formule 1 après un passage en endurance alors que maintenant, les pilotes suivent une carrière type passant par la Formule 3, la Formule Renault 3.5 et le GP2 Series. Pensez-vous qu’il est difficile de nos jours de passer de l’endurance à la F1 ?

"D’où que l’on vienne, il est toujours compliqué d’accéder à la Formule 1. J’ai eu une carrière plutôt atypique puisque j’ai commencé le sport automobile très tard, ce qui fait que je n’ai jamais suivi un cursus normal. Ce n’est pas la voie habituelle, mais si je peux être l’exception qui confirme la règle, j’en serai très heureux. Je pense qu’aujourd’hui l’endurance est l’endroit où le niveau de pilotage est le plus élevé juste en-dessous de la F1. Ce sont de très belles voitures qui vont très vite et honnêtement, ce que j’ai appris en endurance pourra me servir en Formule 1. Il faut continuer d’être performant cette saison et si j’ai l’opportunité d’avoir un essai en F1, il faudra voir le niveau que j’aurai."

On a tendance à dire que la France devient un pays autophobe. Qu’est-ce qui pourrait donner une nouvelle impulsion au sport automobile en France ?

"Je pense que le problème numéro 1, qui n’est pas uniquement un problème français puisqu’il touche d’autres pays, comme l’Italie par exemple, c’est que les sociétés françaises ne soutiennent plus les pilotes français, alors qu’il y a des pilotes comme Pastor Maldonado ou Sergio Pérez qui sont arrivés en Formule 1 parce qu’ils avaient de gros sponsors derrière eux. Je ne vais pas parler de moi, ce ne serait pas très objectif, mais quelqu’un comme Grosjean mérite d’avoir sa place en Formule 1. Le problème, c’est qu’il a besoin de soutiens financiers pour y accéder. C’est devenu comme cela, mais malheureusement c’est la règle."

"On pense toujours à Renault et Total, mais il n’y a pas qu’eux. Les autres sociétés du CAC 40 pourraient aider les jeunes pilotes français à accéder à la F1. Mais il est vrai que la France est devenu un pays légèrement autophobe. Je pense cependant qu’avec le gouvernement actuel, il y a une volonté de faire un retour au plus haut niveau du sport automobile. Nous avons déjà les 24 Heures du Mans, qui reste une course absolument fantastique. Nous avons beaucoup de personnes qui veulent le retour du Grand Prix de France et nous avons celui de Monaco, qui est certes en Principauté, mais qui est très proche pour les spectateurs français. Il ne faut pas tout voir en noir mais tant qu’il n’y aura pas un soutien financier, il y a peu de chance de voir un Français en F1."

Aucune chance ? Malgré Romain Grosjean et vous chez Lotus Renault GP, Jules Bianchi chez Ferrari, Jean-Eric Vergne chez Red Bull et Charles Pic qui monte en puissance cette année.

"Je pense qu’il ne faut pas se chercher d’excuses. Si Romain, Jules ou Charles remporte le titre en GP2, que Jean-Eric gagne celui en Formule Renault 3.5 ou que j’arrive à être champion en Le Mans Series, je pense que nous partirons sur de bonnes bases pour avoir un Français en F1. Mais il n’y a pas que cela. Comme je le disais, il faut une association de bons résultats et de bons appuis financiers pour pouvoir accéder à la F1. A moins qu’il y ait une grosse équipe qui souhaite engager l'un d'entre nous, on sait très bien que les pilotes qui arrivent en F1 ces dernières années ont des sponsors derrière eux. Malheureusement, les résultats ne suffisent plus de nos jours."

"On verra ce qu'il se passe mais je pense qu’en France, nous avons beaucoup de pilotes qui ont le potentiel pour entrer en Formule 1. Plusieurs d'entre eux sont même passés à côté ces dernières années alors qu’ils avaient clairement le potentiel pour y accéder, et aujourd’hui ils sont en endurance ou au Japon. Malheureusement, tout le monde ne peut pas faire de la F1 et certains pilotes très doués se dirigent donc vers d’autres catégories. La F1 représente le top du top mais ce n’est pas une fin en soi puisqu’il y a d’autres disciplines intéressantes pour faire une belle carrière en sport automobile."

Vous êtes pilote d’essais chez Lotus Renault GP. Que pensez-vous des performances de votre équipe ?

"Je pense que Lotus Renault GP a subi un vrai traumatisme cet hiver avec l’accident de Robert Kubica. Même s’ils ont deux très bons pilotes, je pense que Kubica était clairement le numéro 1 de l’équipe et que la voiture était clairement conçue pour lui. Cet accident a un peu compliqué les choses pour eux. Cependant, l’équipe a tout de même fait un très bon début de saison avec un podium de Vitaly Petrov à Melbourne et un autre de Nick Heidfeld à Sepang."

"Sur les dernières courses, ils marquent un peu le pas, mais la saison est longue. On a trois équipes très bonnes à l’avant du peloton. Red Bull a une voiture fantastique, McLaren est bien revenue et Ferrari n’est pas très loin même s’ils ont un peu de mal. Lotus Renault GP s’impose clairement comme la quatrième force du plateau depuis le début de la saison car je pense que la R31 est plus performante que la Mercedes. Les performances de l'équipe ne sont pas aussi bonnes qu'ils l’espéraient, mais c’est tout de même encourageant. Il faut leur laisser le temps de travailler et de se restructurer. Il faut qu’Heidfeld prenne ses marques dans l’équipe. Attendons de voir ce que cela donnera sur la fin de la saison."

La FIA a récemment proclamé la fin des diffuseurs soufflés. Pensez-vous que cela pénalisera beaucoup Lotus Renault GP ?

"La voiture est clairement dessinée autour de ce système et j’espère que cela ne les handicapera pas. Malgré la refonte du règlement, on ne sait pas vraiment si cela va changer la donne. Williams, qui n’utilise pas ce système, pourrait se retrouver parmi les leaders mais c'est impossible à savoir en réalité. Personne ne sait encore si cela va redistribuer les cartes mais la hiérarchie pourrait très bien rester inchangée."

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