Interview

Interview Hülkenberg - "L'objectif doit être de rattraper Williams"

Alors que la saison 2016 approche à grands pas, Nico Hülkenberg revient sur son année 2015, sa victoire au Mans, son opportunité manquée de rejoindre une équipe de pointe et les objectifs qu'il se fixe avec Force India.

Nico Hulkenberg, Sahara Force India

Pirelli

Quel regard portez-vous sur la saison 2015? Elle semble être potentiellement insatisfaisante car vous avez eu des problèmes de fiabilité et des incidents. 

"C’était une saison faite de hauts et de bas, particulièrement après un hiver difficile. Au début de la saison, la réussite de Melbourne était en fait surprenante ; je crois que j’ai terminé septième, donc cela venait vraiment de nulle part et c’était vraiment surprenant. Nous savions depuis le début que la performance de la voiture n’était pas là, et que nous allions souffrir un peu avant de recevoir la version B de la voiture. C’était une période assez difficile jusqu’à Silverstone. Ceci étant dit, ce que nous avons réussi était assez surprenant ; le nombre de points que nous avons pu prendre compte tenu de la concurrence, qui était formée par Toro Rosso et Lotus. Nous avons fait du bon travail, en parvenant à faire de bons résultats et à marquer de bons points avec peu de performance." 

"Ensuite, la version B est arrivée et les choses sont devenues immédiatement beaucoup plus brillantes. Je pourrais dire qu’après deux tours, il y avait un grand sourire sur mon visage, et cela a beaucoup changé notre saison. Après la trêve estivale, il y a eu pour moi beaucoup de problèmes techniques et certaines erreurs de ma part, trop de contretemps et beaucoup d’occasions manquées. C’était assez frustrant et décevant, mais c’est la course, c’est la vie. Si ça va mal, ça va mal, il faut juste continuer à garder la tête dans le guidon et continuer à travailler, et ça changera de nouveau. Ce qui serait ennuyeux, c’est si la performance n’était pas là, et si j’avais été énormément battu par mon coéquipier en piste, ce qui n’est pas le cas. La performance était là, c’était juste une question de malchance parfois, de problèmes techniques d’autres fois, ou de moments où j’ai fait une erreur."

Est-ce juste un cycle naturel? 

"Je crois que c’est juste naturel. Parfois les choses vont un peu plus dans votre sens, parfois un peu plus contre vous. J’imagine que nous avons connu une période lors de laquelle les choses allaient contre nous. Je ne crois pas qu’il faut trop réfléchir à ça, sinon ensuite c’est encore pire mentalement."

Vous voulez évidemment devenir Champion du Monde dans une voiture qui peut gagner. Est-ce que cela rend la saison que vous avez connue doublement frustrante, avec un autre délai avant de faire un pas vers l’avant de la grille?

"Les chances que cela arrive étaient de toute manière très minces ; je ne crois pas qu’elles étaient intactes, à aucun moment. Personne ne veut jamais connaître de mauvaises courses, ce n’est pas le bienvenu, ce n’est pas super. Honnêtement, c’était loin d’être une préoccupation dans mon esprit."

Est-ce que la victoire au Mans a permis de rappeler à quel point vous étiez un bon pilote?

"Connaître un succès, et spécialement un comme celui-ci, c’était un gros boum, et ça donne sans aucun doute un coup de boost, de la confiance en soi. Ca aide, c’est certain. Quand on gagne, on gagne, c’est différent. On peut piloter et faire la course de sa vie et terminer sixième, et on sait que c’est un travail d’enfer et que c’est comme une victoire, mais c’est juste une sixième place. On se sent très satisfait et heureux du travail effectué, mais ce n’est évidemment pas la même chose que décrocher une victoire, évidemment."

A quel point est-ce difficile, quand on gagne tout le temps du karting jusqu’au GP2, d’arriver en F1 et de se dire qu’une sixième place est un résultat fantastique?

"J’ai juste dit ça pour donner un exemple, ne le prenez pas comme une référence maintenant s’il vous plait! C’est difficile, c’est ennuyeux. Quelque part, c’est le sport, il faut avoir le bon outil."

Et Le Mans vous a donné de nouveau le goût de la victoire?

"Définitivement, c’est un goût nouveau, qui rappelle à quel point c’est bon de gagner."

Pensez-vous qu’il y a une contribution plus importante de la part du pilote en Endurance?

"Peut-être un peu, c’est vrai dans une certaine mesure. Là-bas [en WEC], on peut simplement attaquer en permanence, mais ici [en F1] parfois, avec la dégradation élevée et la gestion des pneus, c’est un peu contre la nature d’un pilote de F1, et contre ce que j’aimerais faire. C’est ainsi qu’est le challenge en F1 actuellement, il faut aussi surmonter ces défis et les relever. Ce sont des choses sur lesquelles je n’ai pas d’influence, et il n’y a pas de temps pour perdre mon énergie avec ça. Je dois juste travailler pour surmonter et maîtriser les situations, et apprendre à devenir un meilleur pilote de course, m’adapter à la situation aussi bien que je le peux."

Est-ce que piloter un prototype est en fait plus simple, car vous allez à fond sans toujours vous préoccuper d’économiser du carburant et de préserver les pneus? 

"C’est certainement moins exigeant, il s’agit de faire le meilleur temps, d’attaquer et de ne pas se soucier des pneus, ou bien si je glisse un petit peu je n’ai pas à me soucier du freinage au virage suivant. Même si récemment nous avons connu quelques courses en F1 où nous pouvions attaquer un peu plus. La F1 est toujours la F1, il y a du plaisir aussi, ne vous méprenez pas."

 

Valtteri Bottas, Williams FW37 et Nico Hulkenberg, Sahara Force India F1 VJM08 en lutte pour une position
Valtteri Bottas, Williams FW37 et Nico Hulkenberg, Sahara Force India F1 VJM08

Photo by: XPB Images

Force India a fait un gros pas en avant avec la version B, qui a été à la hauteur de ses promesses. Pensez-vous que ces progrès peuvent continuer pendant l’hiver?

"Oui, j’ai confiance dans l’équipe pour que nous continuions à développer la voiture et à réduire l’écart avant tout sur d’autres comme Williams, afin de pouvoir les rattraper l’an prochain. Ce devrait être notre objectif. C’était aussi une partie de la raison pour laquelle j’ai prolongé avec eux, car je vois le potentiel, et je crois que nous pouvons en tirer profit. Ce ne sera pas facile, nous devons assurément faire les bonnes choses et prendre les bonnes décisions quant au développement de la voiture, avec la bonne direction à prendre, et faire du grand travail week-end après week-end. Mais j’ai le sentiment que l’équipe l’a fait, et maintenant je veux le prouver."

Pensez-vous que comme ‘l’équipe d’Enstone’, l’écurie a un solide noyau dur de personnes, une unité qui travaille dur, même si elle ne fait pas la taille de Mercedes ou Ferrari?

"Nous avons sans aucun doute un bon nombre de personnes, et nous avons des gens de qualité, ce qui est très important. Nous n’avons pas le nombre de personnes ni les ressources que les grandes équipes ont. Donner tout ce que l’on a pour donner du crédit à ce qu’ils ont fait, c’est ce que nous avons accompli."

Vous trouvez une certaine continuité après avoir bougé beaucoup au début de votre carrière. Vous sentez-vous à l’aise maintenant chez Force India?

"Je me sens très à l’aise. C’est aussi l’une des raisons pour avoir prolongé ; si l’on est heureux quelque part, si l’on sent qu’on a le soutien de l’équipe et de la direction, c’est aussi quelque chose de très important pour un pilote. Le confort est aussi un élément qui vous aidera, et qui booste la performance."

Que pouvez-vous faire pour vous positionner afin d’aller dans l’une des deux ou trois meilleures équipes, à part signer des résultats? 

"Vous continuez à penser tellement aux top teams pour moi! Je ne suis pas si préoccupé. Je suis ici, je prends du plaisir avec ce que je fais, je veux faire du mieux que je peux, je veux battre mon coéquipier, faire de grandes choses ; ensuite cela arrivera éventuellement, ou pas. Bien sûr, je veux être à l’avant et gagner des courses, mais j’ai appris après toutes ces années que je ne peux pas forcer le destin. Cela arrivera ou cela n’arrivera pas. C’est quelque chose que je ne contrôle pas à 100%, qui n’est pas en mon pouvoir. Alors je ne suis pas trop préoccupé par ça. Je suis juste ici et je prends du plaisir avec ce que je fais. Je veux faire du grand travail pour moi-même et pour l’équipe, et c’est comme ça!"

Chez Force India vous êtes proche de Mercedes. Dans votre esprit, est-ce une opportunité pour dans quelques années, si Nico [Rosberg] s’en va ou quelque chose comme ça?

"Je crois que pour le moment tout est bien trop dans la spéculation. On peut aimer dire que l’on se positionne stratégiquement, mais en regardant le futur à court terme, cela ne va pas changer grand-chose, et je suis évidemment engagé pour les deux ans à venir."

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