Interview

Kubica : "Ma situation m'a appris à ne jamais dire jamais"

Après une année en F1 avec Williams, preuve qu'un retour était possible des années après un grave accident de rallye, Robert Kubica est en 2020 réserviste pour Alfa Romeo. Il mène simultanément une campagne complète en DTM. En interview avec Motorsport.com, le Polonais de 35 ans fait le point, entre réalisme et refus de fermer toutes les portes futures.

Robert Kubica, Alfa Romeo Racing C39

Photo de: Steven Tee / Motorsport Images

Robert, vous avez participé à trois séances d'essais libres cette saison, y en aura-t-il d'autres ?

Je sais qu'il y aura quelques EL1 de plus pour moi cette année, mais je ne sais pas encore sur quels Grands Prix. La situation évolue beaucoup et le calendrier complet a été confirmé tardivement. L'équipe veut prendre un peu de temps pour évaluer certaines choses, en fonction de nos objectifs et de la manière dont les courses se dérouleront. Mais oui, je monterai probablement dans la voiture pour quelques séances supplémentaires plus tard dans la saison.

Vous êtes pilote de réserve Alfa Romeo. Nous avons vu ce qui s'est passé avec Sergio Pérez et Nico Hülkenberg chez Racing Point. Êtes-vous totalement prêt à monter dans la C39 si nécessaire ?

Dans ce rôle de pilote de réserve, il faut être prêt. Mais selon moi, ce n'est jamais une situation facile de monter dans la voiture en cours de saison alors que les autres sont là depuis un moment. Nous l'avons vu avec Nico aussi. Il a fait un excellent boulot mais le premier week-end n'était pas facile pour lui. Beaucoup de gens oublient que le sport automobile est un véritable sport, dans lequel on est plus performant en s'entraînant. Donc il n'est jamais simple de monter dans une voiture sans pouvoir piloter toute la saison.

On a pu le voir aussi lors des EL1 en Autriche et à Silverstone, car j'ai fait les EL1 lors de la deuxième course sur chacun de ces circuits. J'étais le seul à piloter pour la première fois, quand tous les autres avaient déjà couru sur le même circuit une semaine plus tôt. On est toujours derrière, on n'a pas la même expérience qu'eux. C'est la même chose si l'on monte dans la voiture en milieu de saison. Ce n'est jamais facile de remplacer quelqu'un, mais c'est mon rôle. Je ne peux pas dire que j'attends une opportunité, car ça voudrait dire qu'il arrive quelque chose à un autre pilote et je ne le souhaite pas. Mais il y a un risque actuellement [avec le COVID-19] et une telle situation peut survenir.

Robert Kubica, Orlen Team ART

Pensez-vous toujours à un retour à plein temps en F1, ou bien ce chapitre de votre carrière est-il définitivement clos ?

Mon histoire et ma situation de ces dernières années ont montré qu'il ne fallait jamais dire jamais. On ne devrait jamais l'exclure. Ma situation personnelle m'a appris – et probablement pas seulement à moi – que même après un énorme accident et un retour compliqué, il ne faut jamais dire jamais. En même temps, il faut être réaliste quant à la situation. Si j'ai une nouvelle chance, naturellement je l'évaluerai. J'ai été deux fois en Formule 1. J'ai fait mes débuts en 2006 et j'ai réussi à revenir, cette chance en 2019 était quelque chose de particulier. Bien sûr, elle a été masquée par la situation difficile que nous avons vécue chez Williams, et par le manque de performance.

Mais quand on repense à ma carrière, sans regarder les résultats, ça reste quelque chose de vraiment particulier d'avoir été à deux reprises en F1. Pour l'avenir, on ne peut pas dire "non", car c'est difficile à prédire. Mais ce ne sera pas la fin du monde pour moi si je n'ai pas de nouvelle chance en F1. Et s'il y a une possibilité, je dois d'abord évaluer la situation. Je ne veux vraiment pas revenir et piloter constamment à la dernière place. Ça n'a aucun sens pour moi. Bien sûr, les opportunités sont restreintes, nous verrons bien.

Avez-vous des discussions pour un baquet en F1 en 2021 ?

Je ne suis pas vraiment en discussion actuellement, car ma situation actuelle est plutôt claire avec Alfa Romeo. Nous attendrons de voir ce que l'équipe décide [pour l'an prochain].

La famille Williams quitte la F1, est-ce une bonne chose pour l'équipe ou une triste nouvelle pour la F1 ?

Il est certain que c'est triste de voir la famille partir, mais à ce que j'ai compris, le nom Williams restera en F1. Williams est un pan de l'Histoire de la Formule 1. Je pense que les jeunes ne prennent même pas conscience de ce qu'est Williams en F1. Ils ont écrit l'Histoire de la Formule 1 avec d'autres écuries emblématiques. Williams est une grande équipe et pour moi, ce n'est pas que le passé : il y a encore beaucoup de gens bien qui travaillent là-bas. Nous n'avons pas connu une période facile l'an dernier ; ces deux dernières années n'ont pas été simples pour eux. Mais s'ils ont assuré l'avenir de l'écurie en prenant cette décision – et ça semble être le cas –, alors la situation s'améliorera, car ils ont beaucoup de potentiel. Je dirais que, tôt ou tard, Williams sera de retour. Ils ont déjà franchi un bon cap cette année. Il est certain que ça prendra du temps, mais ils ont les bonnes personnes et tous les ingrédients pour franchir un palier supplémentaire.

Robert Kubica, Williams FW42

La F1 fait face à de nombreuses critiques en raison de certaines courses jugées ennuyeuses, qu'en pensez-vous ?

Franchement, je ne comprends pas vraiment les critiques. La Formule 1 a toujours connu des phases avec des courses ennuyeuses. C'est normal que les pilotes veuillent s'affronter et que les fans veuillent voir de plus belles courses, mais il faut comprendre comment fonctionne la structure de la F1 et comment fonctionnent ces monoplaces. On ne verra pas des F1 roue dans roue à chaque tour : les voitures ne sont pas faites pour ça et ne donneront pas de telles opportunités [aux pilotes].

Et ce n'est pas nouveau. Je me souviens avoir parlé de ce sujet pendant ma première année en F1, il y a presque 15 ans. Ça dépend aussi beaucoup des différences entre les équipes. Quand les écarts sont un peu plus petits, il y a plus de chance de voir des belles courses et davantage d'excitation. Mais si l'on juge une course par le nombre de dépassements, c'est une autre histoire. Parfois, un Grand Prix de F1 peut être très serré et intense même sans dépassement, surtout si l'on comprend les stratégies qu'il y a derrière. Je crois que nous devons faire en sorte que les gens sachent ce qui se passe, car ce pourrait être une manière de les passionner davantage.

Lewis Hamilton, Mercedes F1 W11 Pierre Gasly, AlphaTauri AT01, Kimi Raikkonen, Alfa Romeo Racing C39 et Lance Stroll, Racing Point RP20 au deuxième départ

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