Interview - Michelin détaille son dossier de candidature pour un retour en F1
Michelin a confirmé avoir déposé sa candidature auprès de la FIA pour revenir en F1 en 2017.
Motorsport.com s'est entretenu avec Pascal Couasnon, directeur de la compétition chez Michelin, pour comprendre les raisons de cette candidature, mais surtout les conditions qui ouvriront ou non la porte au retour du manufacturier clermontois en F1.
Pascal Couasnon, pouvez-vous nous confirmer qu'un dossier a été déposé aujourd'hui pour revenir dans la discipline?
Tout à fait.
Est-ce que ce retour se fait sous les conditions énumérées par Michelin concernant la taille des pneus?
Oui. Ce que l'on fait à travers cette candidature officielle c'est l'étape d'après par rapport à tout ce que l'on a pu échanger jusqu'à maintenant. On est quand même un petit peu déçus de voir où en est la technologie notamment, comment le pneu est représenté en Formule 1, qui devrait être l'une des disciplines ultimes du sport automobile. On en a parlé depuis pas mal de temps, on avait déjà fait des propositions à la Formule 1 ; on n'avait pas eu la chance d'aller très loin il y a deux ou trois ans, et maintenant qu'il y a un processus bien établi, on peut formaliser nos idées.
Effectivement, l'une des choses extrêmement importantes, en plus d'assurer du spectacle avec de la technologie et des pneus qui correspondent à quelque chose, c'est aussi de se rapprocher de la vie de tous les jours pour que ce que l'on va mettre dans le pneu – où il y aura quand même pas mal de ressources de mises – puisse être aussi utile aux véhicules haut de gamme et sportifs sur la route, pour que l'on puisse faire ce transfert avec des choses qui se ressemblent.
Est-ce que cette décision de valider votre proposition auprès de la FIA signifie que vous avez senti au sein du Groupe Stratégique F1 la volonté de procéder à ces changements que vous souhaitez?
C'est assez difficile car on n'est pas dedans. Le ressenti, c'est à travers ce qui se dit, ce qui est rapporté, etc. Aujourd'hui, je dirais que ce qui ressort de ce qui est transmis des discussions n'est pas forcément encourageant pour le 18 pouces. Mais il nous semble important, en tant que leader de l'industrie, d'aller jusqu'au bout de notre démarche. On pourrait dire que c'est facile de la ramener, de dire qu'il faut faire ceci et cela, et puis au moment d'agir de se recroqueviller sur nous-mêmes et de ne pas participer à l'aventure. Nous, on veut essayer d'aller jusqu'au bout de notre proposition. On sera retenus ou on ne sera pas retenus, on verra.
Mais on veut être cohérents avec nos idées, et donner la possibilité aux teams et aux pilotes d'avoir un pneu qui permet à chacun de s'exprimer, de conduire au maximum et puis, j'espère à travers cela donner du spectacle. On a vu ce week-end aux 24 Heures du Mans que l'on pouvait, avec de la technologie et en essayant de donner la priorité à la performance, avoir un super spectacle. Et je suis convaincu que l'on peut faire la même chose en Formule 1.
Est-ce qu'il faut comprendre que si la FIA valide cette proposition que vous avez faite, vous vous trouverez encore dans la situation dans laquelle il faudra décider si oui ou non vous entrerez en F1 en raison notamment de la taille des pneus ou de ce qui sera adopté dans le règlement final?
Ça c'est clair. On a fait notre dépôt [de candidature] ; si on passe la FIA, si au bout d'un moment on nous dit "Vous pouvez rentrer mais ce sera avec du 13 pouces", et bien ça n'ira pas plus loin.
Est-ce que cela signifie également que votre engagement dans les autres disciplines (Formule E, Endurance, etc.), où Michelin dispose de visibilité, est également tributaire de ce programme F1?
Non, il n'y a pas de raison.
Votre position par rapport à l'importance de la concurrence a évolué...
On a toujours été ouverts à la concurrence. Là où l'on a bougé un peu, c'est que là où il n'est pas possible d'avoir de la concurrence en raison des règlements, est-ce que l'on ne participe pas à tous les coups? Notre position c'est de se dire qu'il nous faut un challenge, c'est-à-dire un challenge technique qui nous fera progresser. Le moteur, derrière la participation de Michelin à une série, c'est de savoir si l'on sera capable d'apprendre des choses qui nous serviront pour le pneu de demain.
Il y a deux façons : avoir un concurrent en face de soi, et la motivation et le challenge sont immédiats. Il y a aussi le règlement : quand au Mans on ne peut pas faire le plein d'essence et changer les pneus en même temps, immédiatement la demande des teams est d'avoir des pneus qui peuvent faire plusieurs relais. Donc vous vous retrouvez challengé techniquement, même sans concurrent. C'est un peu ce que l'on veut faire aussi avec la Formule 1, en disant que s'il y a plusieurs manufacturiers c'est parfait, et si non alors le passage au 18 pouces et faire un pneu qu'on ne changera pas après 10 tours, ce sera déjà un beau challenge qui servira à vous comme à moi.
Est-ce qu'avec la plateforme que la F1 a mise en place récemment, en tournant autour des motoristes, vous ne redoutez pas que ces motoristes voient d'un mauvais œil que le challenge soit de nouveau anglé sur le plan médiatique sur le pneumatique plus que sur le moteur?
Je pense que ce serait très malin de parler du pneu à travers un challenge technique qu'à travers une dégradation et des pilotes qui disent "Je ne peux pas aller plus vite car je ne vais plus avoir de pneu". Tout le monde devrait être satisfait d'avoir un candidat qui parle positivement du sport plutôt que négativement.
A quelle date attendez-vous la réponse?
Je ne sais pas exactement. La date de dépôt était demain [mercredi], mais je n'ai pas en tête exactement quand la FIA donnera sa réponse. Je pense que ça devrait venir dans quelques semaines.
Propos recueillis par Guillaume Navarro
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