L'inutile consigne d'Alpine à Ocon pour aider Alonso

La fin de course du GP de Miami dans le clan Alpine a été marquée par un ordre donné à Esteban Ocon de ralentir pour protéger la position dans les points de son équipier Fernando Alonso. Une consigne pas appliquée, et finalement jugée "pas nécessaire" à deux titres.

Fernando Alonso, Alpine A522, Mick Schumacher, Haas VF-22, Esteban Ocon, Alpine A522

Photo de: Sam Bloxham / Motorsport Images

Lors de la fin du Grand Prix de Miami, l'écurie Alpine avait une chance de placer ses deux monoplaces dans les points. En effet, Fernando Alonso était, au sortir du Safety Car, huitième sur la piste, suivi directement par Mick Schumacher puis son équipier Esteban Ocon. Toutefois, pour l'Espagnol, la donne était particulière : il avait écopé d'une pénalité de cinq secondes pour sa responsabilité dans l'accrochage avec Pierre Gasly, et figurait virtuellement hors du top 10.

Bien vite distancé par le trio Bottas-Hamilton-Russell, le double Champion du monde se retrouvait premier pilote d'un train composé au total de quatre F1 (puisque Sebastian Vettel était également de la partie), donc sous la menace du DRS. Au 53e tour, dans une manœuvre sans doute pas tout à fait fortuite, Alonso coupe la chicane : l'écart de 0"6 entre la Haas et lui passe soudainement à 1"5 – sur les images de la caméra embarquée, l'on voit Alonso faire un signe qui s'adresse certainement aux officiels, toutefois l'incident est noté par les commissaires. Concrètement, cela a pour effet direct d'empêcher Schumacher de pouvoir utiliser le DRS dans la ligne droite de retour.

Va alors se déclencher une série d'événements qu'Alonso n'avait sans doute pas prévue. Ocon, lui, peut utiliser son DRS et le fait : il attaque l'Allemand mais celui-ci résiste à l'intérieur au freinage du virage 17. À la peine à la réccélération, Schumacher ralentit Ocon et leur trajectoire s'écarte un peu de la corde. Vettel plonge alors à l'intérieur et fait – croit-il – la bonne opération en passant les deux hommes. Mais quelques centaines de mètres plus loin, en portant une attaque pas vraiment franche sur son compatriote, Schumacher s'accroche avec l'Aston Martin.

Les deux hommes hors course, Ocon se retrouve directement derrière Alonso, à 2,6 secondes. Informé de la collision et de l'écart, tout en étant conscient de sa pénalité, le l'Espagnol demande à son ingénieur, Karel Loos, s'il est possible "d'ouvrir cet écart" ; sans le dire, il souhaite donc que son écurie fasse en sorte qu'Ocon perde du temps et retienne les voitures pouvant constituer une menace pour le top 10. Son ingénieur lui répond par la positive.

C'est alors qu'Ocon reçoit l'ordre de ralentir de la part de son ingénieur, Josh Peckett :

JP : OK mon pote, donc Albon est la voiture derrière toi. On a besoin de les retenir. On a besoin d'un écart de cinq secondes par rapport à Fernando car il a une pénalité. Retiens les voitures derrière toi s'il te plaît
EO : Non, je ne peux pas faire ça.
JP : Fais-le maintenant, s'il te plaît. Fais-le maintenant. Retiens les voitures.
EO : Je ne peux pas !
JP : Esteban, c'est un ordre...
EO : Je me fais doubler si je ralentis ! Je me fais doubler si je ralentis ! Ce n'est pas possible, les gars, je vous le dis. Je peux faire [incompréhensible] mais ça, ce n'est pas possible.

Esteban Ocon lors du GP de Miami

Esteban Ocon lors du GP de Miami

Après avoir vu ce qu'il s'est passé avec Schumacher, Ocon sait qu'il risque de perdre gros si jamais Albon se retrouve en mesure d'utiliser le DRS face à lui. Finalement, naturellement, sans que le Français ne baisse de rythme, Alonso creuse l'écart sur le pilote Williams et semble en passe d'assurer son top 10. Ocon va même s'enquérir de la situation à la radio.

EO : À combien sont-ils derrière ?
JP : 2,5 secondes derrière, 2,5. Trois tours [restants].
EO : Et Fernando ?
JP : 4,5.
EO : Donne-moi la situation au dernier tour.
[...]
JP : OK mon pote, Alonso 3,2 [secondes] derrière.
EO : Il perd du terrain, non ? Et Fernando s'échappe aussi, non ?
JP : 5,5 secondes d'écart pour l'instant [entre Alonso et Albon]. Je te tiens au courant.

Dans l'ultime boucle, Ocon est informé que l'écart est suffisant, il reçoit la consigne d'"attaquer jusqu'à la fin" de la part de son ingénieur et l'information, une fois la ligne d'arrivée franchie, qu'il est classé huitième grâce à la pénalité de son équipier devant lui. Le vainqueur du GP de Hongrie 2021 signifie tout de même s'il souhaite "discuter" de ce qu'il s'est passé en fin de GP.

JP : OK mon pote, donc ça nous met P8, bien joué.
EO : Fantastique stratégie les gars, fantastique stratégie. On pourra discuter de la fin mais c'est... on pourra discuter de la fin.

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Inutile après coup au vu du rythme d'Alonso, la consigne était d'autant plus superflue que le court-circuitage de l'Espagnol, qui a grandement contribué à la situation de tranquillité dans laquelle il s'est retrouvé en fin de course, sera sanctionné de cinq secondes de pénalité supplémentaires, l'Espagnol y ayant tiré un "avantage durable" en gagnant quasiment une seconde pleine sur son poursuivant, privant ainsi ce dernier de la possibilité d'utiliser le DRS.

Revenant sur les événements de cette fin de course en interne, Otmar Szafnauer, le directeur d'Alpine, a reconnu que la demande à Ocon de retenir les voitures derrière lui n'était pas idéale : "C'est difficile à faire. Le plan était de s'assurer que nous ayons ces cinq secondes d'écart, et Esteban pouvait aider une fois qu'il avait passé Mick Schumacher. Une fois cela fait, alors il avait un rôle à jouer, il pouvait aider à créer l'écart de cinq secondes. Mais il s'est avéré que ce n'était pas nécessaire car Fernando était plus rapide qu'Albon, qui était le premier à cinq secondes derrière."

La question est évidemment de savoir si, dans le cas où l'écurie aurait eu conscience du risque de seconde pénalité, les consignes se seraient faites plus insistantes auprès d'Ocon pour qu'il ralentisse de façon active Albon et les autres monoplaces. Après tout, Alonso, une fois la seconde pénalité appliquée, n'a manqué la dixième place que pour 0"102 face à Lance Stroll...

Il faut signaler, enfin, que le court-circuitage du 53e tour ne sera pas le seul pour l'Espagnol, qui coupera également ce virage quelques boucles plus tard. Cette fois, en revanche, ce sera au prix d'un vrai blocage de roue et sans gagner autant de temps sur ses poursuivants directs, suffisant pour que les commissaires ne lui infligent pas d'autre sanction.

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