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J’ai dit à Ayrton : "Quelqu’un va mourir dans ce virage"

Dans la préface du livre "La Vie d’Ayrton Senna", publié en 2003, Gerhard Berger signe une émouvante préface intitulée "Mon ami et coéquipier"

Dans la préface du livre "La Vie d’Ayrton Senna", publié en 2003, Gerhard Berger signe une émouvante préface intitulée "Mon ami et coéquipier". Nous vous proposons la lecture de la première partie de celle-ci en ce premier mai, chargé de la lourde connotation de l’accident tragique d’Imola 1994.

"Ayrton Senna avait un niveau de concentration différent de nous tous. Il pouvait se trouver dans un état de concentration tel que personne ne comprenait comment il y parvenait.

Au cours de mes trois ans chez McLaren avec Ayrton, je pensais la nuit à comment battre ce gars! D’habitude, vous trouvez toujours une faiblesse à un coéquipier et travaillez dessus pour l’augmenter. Mais pas avec lui.

Ayrton Senna, mon ami, était fort en qualifications, incroyablement rapide en course, constamment rapide dans les tours ; il était rapide sous la pluie, sur les circuits rapides et les tracés urbains. Chaque jour que je passais à courir, je pensais : « Bon sang, comment battre ce type » ?

Par nature, il était extrêmement travailleur et ambitieux. Ceci, couplé à ses capacités extraordinaires, le rendit inapprochable pour beaucoup. Un être surnaturel auquel l’on ne pouvait s’identifier. Il m’a appris beaucoup de choses sur notre sport ; je lui ai appris à rire.



Nous avons eu de nombreux grands moments ensemble, particulièrement à la fin des années 1980. Je les appelle nos « années James Bond ». Avant de le Grand Prix du Brésil, j’allais parfois passer quelques jours à sa maison de bord de mer à Angra, et en Europe, il était parfois sur mon bateau et nous naviguions autour de la Sardaigne ou d’Ibiza. Ce qui s’est produit le 1er mai 1994 n’aurait jamais dû arriver. Nous pouvions et aurions dû faire quelque chose au sujet de Tumburello. Après tout, nous avions eu plein d’avertissements. Lorsque j’ai eu mon gros accident en 1989, exactement au même endroit, je me rappelle avoir pensé que j’allais mourir au moment où je suis arrivé dans le mur. Je fus corrigé en ceci quelques instants plus tard par le Professeur Sid Watkins, dont les efforts pour me placer un tube dans la gorge et m’offrir une assistance respiratoire furent encore plus douloureux que l’accident lui-même. Après cela, j’ai dit à Ayrton –et je me souviens exactement des mots- : « nous devons changer ce mur terrible, c’est trop dangereux ». Que j’aurais aimé qu’on le fasse! Nous en eûmes certainement l’opportunité. L’année suivante, après les tests d’Imola, Ayrton et moi sommes allés marcher à Tamburello. Il a regardé derrière le mur et vit qu’il y avait une rivière et il m’a dit : « Gerhard, on ne peut pas le changer, il y a une rivière derrière ». On s’est regardé et on s’est dit, OK, puis j’ai dit à Ayrton : « Je sais qu’on ne peut rien y faire, mais quelqu’un va mourir dans ce virage ». Il est mort exactement à l’endroit où nous nous tenions et discutions. Rivière ou pas, nous aurions dû faire quelque chose". Gerhard Berger, Saint Marin, le dimanche 20 avril 2003 Préface du livre "La vie d'Ayrton Senna", Tom Rubython / Paperback.

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