Jean-Pierre Jarier - "Je ne suis pas né sous une bonne étoile"

Ancien pilote de Formule 1, le Français Jean-Pierre Jarier n’a pas connu une carrière glorieuse en Grand Prix, mais en fut un acteur vraiment atypique. Un véritable épicurien.

Jean-Pierre Jarier, Shadow DN3-Ford

Jean-Pierre Jarier, Shadow DN3-Ford

LAT Images

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Jean-Pierre Jarier
Jean-Pierre Jarier, March 731 Ford
Jean-Pierre Jarier, ATS Penske PC4, Ford
Jean-Pierre Beltoise, Jean-Pierre Jarier, Matra-Simca MS680
Jean-Pierre Jarier, Shadow DN3-Ford
Jean-Pierre Jarier, Osella FA1C Ford
Jean-Pierre Jarier
Jean-Pierre Jarier
Mario Andretti, Lotus 79 Ford
#3 Renault Sport Renault-Alpine A442A: Derek Bell, Jean-Pierre Jarier

Après des études réussies, ce qui est (très) rare dans le milieu de la course automobile, Jarier s’est tourné vers le sport auto à la fin des années 70 et a couru en Coupe Gordini, en Formule France et en Formule 3. En 1973, il décroche huit victoires et devient champion d'Europe de Formule 2. Il monte en Formule 1 avec March. Il attire l'attention d'Enzo Ferrari, qui veut l'engager dans son écurie F1 pour 1974. Néanmoins, le redoutable Max Mosley, alors patron de March, refuse de libérer Jarier de son contrat. Enzo Ferrari engage alors Niki Lauda. On connaît la suite.

Heureusement, Jarier court aussi en Endurance et remporte de belles victoires avec des grandes écuries comme Matra Simca, Alfa Romeo et Renault. Il traverse aussi l’Atlantique régulièrement pour courir en série Can-Am. Toutefois, en F1, il va de déception en déception au sein de petites écuries comme Shadow et ATS.

Je ne suis pas né sous une bonne étoile”, avoue Jarier à Motorsport.com. “On peut même dire que j’ai eu une carrière ratée. Chez Shadow, j’ai fait des pole positions et mené des courses, mais la voiture n’était pas fiable. Même chose avec les Shadow Dodge en Can-Am et des moteurs qui cassaient tout le temps. C’est dur d’aller vite, de bien régler la voiture et de ne rien récolter. Avec la Shadow F1, on arrivait à faire de bonnes performances, mais elle n’était pas du tout fiable. On a connu tous les ennuis, des problèmes de pompage d’essence dans le réservoir. Des conneries, des trucs qui n’arrivent plus maintenant”, raconte-t-il, très ouvertement.

Deux courses chez Lotus

Jarier, aujourd’hui âgé de 70 ans, admet que son meilleur souvenir demeure son bref passage chez Lotus à la fin de la saison 1978. Ronnie Peterson venait de succomber d’un grave accident survenu à Monza et Colin Chapman a alors demandé à Jarier, qui était libre de tout contrat, de le remplacer aux commandes de la meilleure voiture du moment, la fabuleuse Lotus 79.

C’est le meilleur souvenir de ma vie, mais je n’ai vraiment pas eu de chance“, poursuit Jarier. “Je suis allé dans cette équipe comme coéquipier de Mario Andretti, qui venait tout juste d’être sacré champion du monde. Je dispute le Grand Prix des États-Unis à Watkins Glen. Après un arrêt pour faire changer un pneu crevé, je remonte tout le peloton, mais je tombe en panne d’essence à quatre tours de la fin alors que j’occupe le troisième rang. La semaine suivante, à Montréal, je fais la pole position et je passe en tête au premier tour avec quatre secondes d'avance sur les autres. Je contrôle la course et j’ai une quarantaine de secondes d’avance quand la pédale de freins va au plancher, et je dois abandonner. Par contre, c’est comme si j’avais gagné le Grand Prix, car j’ai obtenu la pole, le record du tour et j’ai largué tout le monde. J’ai même collé un tour à Andretti durant la course, moi qui n’était que de passage dans cette équipe…"

“J’ai piloté une super voiture dans une super équipe avec Colin Chapman, un type vraiment exceptionnel et avec qui les briefings techniques étaient de très bonne qualité. C’était une bonne écurie anglaise. La voiture [la Lotus 79] était un peu fragile, un peu lourde, mais en tout cas performante dans certaines conditions”, raconte Jarier.

Pas de comparaison possible

Jarier, qui a ensuite piloté, sans grand succès, pour les écuries Tyrrell, Ligier et Osella avant de quitter la F1 en 1983, dit ne pas se reconnaître dans la F1 moderne.

On ne peut pas comparer mon époque avec ce qui se fait maintenant”, avoue-t-il. “Aujourd’hui, il est incroyablement rare de voir une F1 casser. Il n'y a presque plus de pannes mécaniques. Pour doubler un adversaire, les pilotes appellent leurs stands et ils effectuent leur pit stop, car ils n’arrivent pas à se doubler en piste."

“À notre époque, on ne pouvait pas s’arrêter, ni pour de l’essence, ni pour des pneus. Il fallait doubler au freinage. Nous n’avions pas de direction assistée et on manipulait un levier de vitesses en H. Il fallait tenir le volant d’une main et changer les rapports de l’autre, et on terminait les courses avec les mains en sang." 

“De plus, nous n’avions pas de disques de freins en carbone. Il fallait appuyer comme un malade sur la pédale, et on se tordait le dos. Si la voiture tapait un rail, elle prenait feu. En 1978, les voitures étaient totalement différentes de celles d’aujourd’hui. C’en est hallucinant. En cas de choc, les châssis en aluminium s’écrasaient comme du papier et vous cassaient les jambes et les chevilles. C’était un drôle de sport ; nous, on attaquait quand même comme si nous étions en sécurité. Le sport a énormément évolué”, termine Jarier.

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