Palmer : Alesi m'a "explosé" et a achevé ma carrière en F1

Trente-quatre ans après, Jonathan Palmer revient sur les débuts sensationnels de Jean Alesi en Formule 1, qui se sont avérés particulièrement préjudiciables à la carrière du Britannique.

Jonathan Palmer, Tyrrell 018 devance son coéquipier Jean Alesi, Tyrrell 018

Photo de: Sutton Motorsport Images

De 1983 à 1989, Jonathan Palmer a fait carrière en Formule 1 au sein des écuries Williams, RAM, Zakspeed et surtout Tyrrell, avec qui il a pris les 45 derniers de ses 83 départs en Grand Prix. Au sein de l'écurie britannique, l'Anglais était plutôt à son avantage face à Philippe Streiff en 1987 et Julian Bailey en 1988 ; cependant, c'est Michele Alboreto qui a signé début 1989 le premier podium de Tyrrell depuis six ans. Et quand l'Italien a été remplacé par un jeune loup du nom de Jean Alesi à la suite d'un changement de sponsor, le tricolore a créé la sensation en prenant la quatrième place du Grand Prix de France pour ses débuts. Au grand dam de son coéquipier…

"J'ai perdu mon volant après que Jean Alesi est entré sur scène en 1989 et m'a explosé", déclare Palmer dans le podcast Beyond The Grid. "C'était absolument accablant. J'étais dans ma sixième année en Formule 1. J'avais été plus performant que tous mes coéquipiers. Pour son premier Grand Prix, au Paul Ricard, je me suis qualifié 12e et Jean 15e, deux ou trois dixièmes derrière [en réalité 9e et 16e, avec six dixièmes d'écart, ndlr]. J'ai trouvé ça impressionnant."

Jean Alesi et Jonathan Palmer, avec les Tyrrell 018

Jean Alesi et Jonathan Palmer, avec les Tyrrell 018

"Mais ce qui était encore plus impressionnant, c'est qu'il était extrêmement élogieux vis-à-vis de ma prestation. Je me rappelle m'être demandé pourquoi ce gars était abasourdi à ce point que j'aie été plus rapide. Je courais depuis plus de six ans, j'étais très expérimenté, j'étais très bon, et ce mec faisait comme si j'étais nouveau et que j'arrivais ! Par la suite, il était deux ou trois dixièmes devant partout. Alors je me suis rendu compte qu'il n'était tout simplement pas du genre à croire que quiconque puisse être plus rapide que lui. Il pilotait les voitures de course avec une grande agressivité."

"Mais à vrai dire, Jean et moi nous entendions bien cette année-là. Ça aurait facilement pu ne pas être le cas. C'était quelqu'un de franc. Il était juste sacrément rapide. J'avais énormément de respect pour lui à cet égard. Il n'était pas aussi analytique que moi, mais il faisait le travail, et son coup de volant était une source d'inspiration pour les gens. Nous nous entendons toujours bien à ce jour. Nous avons beaucoup de respect mutuel."

"Même si je savais que mon passage chez Tyrrell arrivait à son terme car mes trois années s'étaient écoulées, je parlais très sérieusement à Jackie Oliver de rejoindre Arrows pour l'année suivante, ainsi qu'à McLaren. Je faisais assurément partie des pilotes qui étaient courtisés, mais l'avènement de Jean Alesi, qui m'a explosé en seconde moitié de saison, m'a complètement coupé l'herbe sous le pied. Je ne dirais pas que je suis passé de héros à zéro, mais je n'avais vraiment plus les mêmes conversations intimes dans les motorhomes qu'en première moitié de saison."

Les Tyrrell 018 de Jonathan Palmer et Jean Alesi

Les Tyrrell 018 de Jonathan Palmer et Jean Alesi

moins d'un coup de bol, il était clair que ma carrière en Formule 1 allait s'achever. Je l'ai encaissé sans broncher. Alesi était plus rapide. Il avait le même matériel que moi, il n'y a aucun doute là-dessus. Je n'ai jamais eu l'impression qu'il était favorisé de quelque manière que ce soit."

À 33 ans, Palmer a donc dû donner un second souffle à sa vie. "C'est là que j'ai commencé à réfléchir à la direction dans laquelle j'allais emmener ma carrière. Ron Dennis et moi nous sommes toujours très bien entendus, il avait de l'estime pour mes compétences de pilote essayeur, de développement, de relations publiques, etc. Il pensait probablement que je n'avais pas les deux derniers dixièmes d'un Alesi mais que je restais assez rapide pour aider à développer les voitures et contribuer aux programmes, alors j'ai emprunté cette voie."

Après avoir été pilote d'essais McLaren, Palmer allait surtout devenir homme d'affaires et promoteur de plusieurs championnats de monoplaces, notamment la Formule 2 de 2009 à 2012 (sans lien avec la F2 actuelle). Son fils Jolyon, champion GP2 en 2014, a couru chez Renault F1 en 2016 et 2017.

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