Komatsu impressionné par le sang-froid de Grosjean
Depuis le début de l'été, Romain Grosjean a véritablement franchi un cap. Ingénieur de course en chef, Ayao Komatsu chante les louanges de son pilote.
Photo de: Andrew Hone / Motorsport Images
Dans le paddock, qui connaît mieux Romain Grosjean qu'Ayao Komatsu ? Les deux hommes ont tissé des liens très étroits à Enstone en 2009 puis de 2012 à 2015, où le Japonais a longtemps été l'ingénieur de course de celui qui était alors pilote Lotus, avant que tous deux ne rejoignent Haas F1 Team à sa fondation.
Komatsu a ainsi été le témoin privilégié des temps forts de Grosjean, tels ses nombreux podiums en 2013, mais aussi de ses moments difficiles, comme ses multiples accidents en 2012 et, en première moitié de saison, une incroyable série de huit courses sans points au volant d'une Haas VF-18 pourtant très compétitive. Le Français en était partiellement responsable, ayant provoqué un carambolage au départ du Grand Prix d'Espagne et étant sorti de la piste sous Safety Car à Bakou alors qu'il jouait le top 5. Cependant, c'est également le sort qui s'est acharné sur lui, avec une roue mal serrée à Melbourne ainsi qu'un castor percuté et une défaillance moteur à Montréal, entre autres.
"Cette situation est assez différente de 2012", affirme Komatsu pour Motorsport.com. "Il était face à Kimi [Räikkönen], n'est-ce pas ? Et Kimi était clairement numéro 1. La situation avec lui n'était pas facile non plus. Mais ici, il n'y a pas de pilote numéro 1, tous deux sont traités à égalité. C'est un environnement différent, qui n'est pas politique. Il n'a pas besoin de s'inquiéter de ça. Donc en théorie, ça devrait être plus facile pour lui de gérer cette pression. Bref, je pense qu'il a franchi un cap depuis Hockenheim."
Romain Grosjean, Haas F1 Team VF-18
Photo de: Glenn Dunbar / LAT Images
Ayao Komatsu, ingénieur en chef Haas F1 Team
Photo de: LAT Images
Grosjean a redressé la barre
Grosjean a en effet engrangé une belle moisson de 27 points sur les six derniers Grands Prix, chiffre qui aurait pu s'élever à 35 sans sa disqualification de Monza. Pour le pilote Haas, le plus difficile était de garder le moral alors que son compteur de points restait désespérément vierge, d'autant que sa faute sous Safety Car en Azerbaïdjan a fait de lui la cible de nombreuses railleries.
"Bien sûr, je lui ai parlé après Bakou", poursuit Komatsu. "C'était difficile. Vous savez, nous nous connaissons depuis longtemps, mais en fin de compte, c'est à lui de faire des changements. Il peut s'entourer de bonnes personnes pour créer un environnement confortable – pas un environnement facile, mais un vrai réseau de soutien. Tout le monde ne lui dit pas qu'il est génial, mais il est critiqué de façon constructive."
"Au final, peu importe combien de gens on a autour de soi. Il faut faire ces changements. Il faut élever son niveau. Et à Spa, il était vraiment dans de bonnes dispositions. Il était vraiment détendu. Je n'ai pas ressenti beaucoup de pression en lui ; en tout cas, il ne s'en est pas mis. C'était vraiment bien. Il était détendu."
Or, pendant la trêve estivale, les rumeurs allaient bon train sur l'avenir d'un Grosjean dont la présence chez Haas n'était pas assurée. Les bons résultats récents – une septième place en Belgique, justement – et la signature de Charles Leclerc chez Ferrari ont toutefois apaisé ces bruits.
"C'est ce qui m'a le plus impressionné à Spa, [son comportement malgré] toutes ces rumeurs", indique Komatsu. "Bien sûr, c'est dans sa tête aussi. Mais il ne s'est pas laissé décontenancer. Il était vraiment calme. Même après un mauvais vendredi, il ne paniquait aucunement."
Romain Grosjean, Haas F1 Team VF-18
Photo de: Andrew Hone / LAT Images
Romain Grosjean, Haas F1 Team, rencontre les invités avec son ingénieur Ayao Komatsu
Photo de: Andrew Hone / LAT Images
Un Grosjean "fragile" et "émotif"
Finalement, d'après le Japonais, l'important n'est pas d'éradiquer le caractère de Grosjean mais au contraire de composer au mieux avec sa personnalité : "Il n'est pas la personne la plus robuste qui soit, il faut l'admettre. Il reste relativement fragile. Mais je pense que c'est difficile. Tout le monde a ses forces et ses faiblesses. Parfois, si on enlève les faiblesses de ce gars, ses forces partent en même temps. Vous savez, il est très émotif. Mais si on enlevait cette émotion de lui, serait-il aussi rapide ? Peut-être pas. Il faut connaître ses forces, il faut connaître ses faiblesses. Et tout ce qu'on peut faire, c'est les gérer."
Et pour Haas, qui est à 15 longueurs de Renault au championnat des constructeurs, pouvoir compter sur Grosjean comme sur Magnussen sera crucial, même dans un contexte où le Losange n'a plus placé ses deux monoplaces dans les points depuis le Grand Prix de France.
"Nous avons besoin que les deux pilotes marquent des points. Les deux. Vous savez, avec un seul pilote qui marque dans les points, c'est impossible pour nous de battre Renault. Impossible", conclut un Komatsu catégorique.
Propos recueillis par Oleg Karpov
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