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L'échec Red Bull/Mercedes - Le rôle déterminant de Toto Wolff (2/3)

Quel rôle crucial a joué Toto Wolff dans les pourparlers concernant une éventuelle motorisation de Red Bull par Mercedes?

Daniil Kvyat, Red Bull Racing RB11

XPB Images

Niki Lauda affirme que les discussions avec Dietrich Mateschitz, grand patron de Red Bull, se sont vite terminées. Par contre, les choses sont allées un peu plus loin que tente de le faire croire l'Autrichien, qui ne raconte pas tout.

Au tout début, Toto Wolff n’était pas favorable à cette association avec Red Bull. Une position légitime, compte tenu de la menace que représentaient Red Bull et son châssis fantastique propulsé par un moteur Mercedes. Un autre point majeur est que Wolff est toujours un actionnaire de Williams, et fournir des moteurs à Red Bull Racing aurait été un "sale coup" à faire à l'écurie britannique.

Toutefois, Wolff ne fut pas écouté, et le conseil d’administration de Mercedes aimait cette idée d’être lié à Red Bull, et pas juste d’un point de vue commercial. En effet, l’idée de se battre contre un rival sérieux aurait amélioré l’image de Mercedes, car la domination exercée actuellement pas le constructeur allemand en F1 ne constitue pas vraiment une bonne publicité. Et si l’écurie d’usine était battue, ce serait tout de même un moteur Mercedes qui gagne. Lauda était satisfait.

Un obstacle nommé Renault

Il restait toutefois un obstacle de taille. Toto Wolff se refusait à discuter avec Red Bull tant que l'équipe était toujours sous contrat avec Renault pour 2016. Ces énormes entreprises craignent d’être impliquées dans des controverses de telle sorte, d’autant que Mercedes possède des liens commerciaux avec Renault.

Bernie [Ecclestone], Christian [Horner] et moi en avons discuté au téléphone fin juillet. Il était évident que c’était un point crucial. Nous devions avoir carte blanche de la part de Renault. Nous n’aurions jamais fait quelque chose contre Renault. Cela aurait constitué une rupture de contrat, car les liens qui unissent Mercedes à Renault dépassent le monde de la F1. Nous possédons des usines conjointes au Mexique”, explique Wolff.

Mercedes voulait donc que Red Bull coupe tous ses liens avec Renault avant de commencer à discuter. Horner avait la possibilité de mettre un terme au contrat 2016, et lors du Grand Prix de Hongrie il a commencé à discuter avec Renault, un peu plus rapidement que ne le prévoyait Wolff.

À ce moment-là, le mariage entre Red Bull et Mercedes semblait être une affaire conclue : “J’ai dit ‘faisons le. Relevons ce défi'”, affirme Lauda.

Entre-temps, Wolff tentait d’y voir du positif, voyant bien que l’accord allait se faire avec ou sans sa bénédiction. Il craignait que les succès de Red Bull fassent ombrage à l’écurie d’usine, mais reconnaissait que si Mercedes AMG était battu, il pourrait quand même en tirer parti. Tout semblait progresser. Le nom Aston Martin ne faisait plus partie de l’équation, et il s’agissait d’utiliser à fond la marque Mercedes. L’aspect marketing semblait si intéressant pour Mercedes qu’un membre de la direction, Ola Källenius, aurait rencontré Horner.

Mais quand la F1 a stoppé ses activités pour la pause estivale, l’affaire a semblé commencer à s’effriter. Tout le monde était en vacances, et la fameuse réunion entre Horner et Källenius n’a pas eu lieu. Mais puisque Red Bull voulait régler le contrat de fourniture de moteurs en premier, puis décider des affaires commerciales plus tard, ce délai ne l’a pas inquiété outre mesure.

Un rival à l’horizon

Durant la pause estivale, Wolff s’est rendu en Sardaigne pour y rencontrer Martin Winterkorn, patron du groupe VW/Audi à cette époque. Ils ont évidemment parlé de leurs marques respectives impliquées en DTM, mais ils ont aussi discuté de F1. Wolff aurait même tenté de vendre la F1 à Winterkorn et encouragé ce dernier à sérieusement envisager un programme de F1 afin de recréer en Grand Prix cet affrontement entre Mercedes et Audi auquel on assiste en DTM. Wolff est donc reparti avec l’impression que le groupe VW/Audi songeait sérieusement à un projet futur en F1, et que cette information allait intéresser ses collègues de Mercedes.

Puisque Red Bull travaille depuis des années à faire venir Audi en F1, il était donc normal pour Wolff d’assumer qu’en dépit de leur demande d’un contrat de cinq ans, Red Bull soit intéressé pour soudainement délaisser Mercedes en faveur de VW/Audi, et ainsi transmettre à ce groupe rival énormément d’informations privilégiées sur Mercedes.

Cette menace VW/Audi est tout à coup venue tout chambouler. On croit que Wolff a par la suite convaincu le conseil d’administration de Mercedes qu’il était absurde de collaborer avec Red Bull et que cette équipe risquait fort de se transformer en écurie d’usine Audi. Et tout à coup, l’enthousiasme des gens de Mercedes a commencé à se dissiper.

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