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La course de leur vie #16 : Ricardo Zunino, Canada 1979

Plus encore qu'Hector Rebaque qui lui succéda chez Brabham, Ricardo Zunino est l'exemple parfait du fils de riches (propriétaires terriens) au talent inversement proportionnel au portefeuille, qui n'aurait jamais dû arriver en F1 et n'y fit que de la figuration en dépit d'un matériel honnête

Plus encore qu'Hector Rebaque qui lui succéda chez Brabham, Ricardo Zunino est l'exemple parfait du fils de riches (propriétaires terriens) au talent inversement proportionnel au portefeuille, qui n'aurait jamais dû arriver en F1 et n'y fit que de la figuration en dépit d'un matériel honnête. Très gentil garçon au demeurant, il sut mettre à profit la fortune familiale pour s'offrir sa part de rêve, avant de (re-?)tomber dans l'anonymat.

Ce natif de Buenos Aires (13 avril 1949) débuta sur quatre roues dans son pays en Tourisme et Sport-Prototypes. Il a déjà 28 ans quand, fort d'un soutien de l'Automobile Club d'Argentine et d'Hector Staffa, jadis manager de Reutemann, il débarque en Europe, directement en F2 ! D'abord chez Euroracing, il hérite rapidement d'une autre March, beaucoup plus moderne puisqu'appartenant au team officiel, motorisé par BMW. Hormis une 6ème place à Pau, le bilan en fin de saison n'est guère brillant. Même contexte l'année suivante, et un bulletin à peine meilleur : quelques 5ème et 6ème places, 7 points, le 12ème rang au championnat d'Europe. Seule éclaircie lors de la temporada de fin d'année (hors championnat) dans son pays, où il réalise la pole à Buenos Aires et termine deuxième derrière Ingo Hoffmann. Déjà, il est question pour 1979 de F1 : la structure de Bob Spaschott envisage de concevoir son propre châssis, jusqu'à ce que les fonds fassent défaut ; le projet d'aligner une Brabham privée s'écroule lui aussi. Alors Ricardo repique en F2, sans plus de résultats. C'est alors qu'il s'oriente en Formule Aurora, où roulent d'anciennes F1. Sur McLaren M23, puis Arrows A1, Zunino obtient notamment deux poles, deux deuxièmes places et même une victoire à Brands Hatch.

C'est à cette époque qu'il attire l'attention de Bernie Ecclestone, alors patron de Brabham, que le marché sud-américain inspire. Celui-ci lui fait tester une voiture à Silverstone, et l'emmène à Montréal pour l'avant-dernière manche de la saison. L'Argentin raconte qu'il est allé faire valider son passeport lorsque, revenant à l'hôtel le vendredi, il y croise Lauda. Bizarre vu que les essais sont en cours sur l'île Notre-Dame... En fait, Niki vient de plaquer l'écurie et la F1 (temporairement) sans crier gare. Arrivé sur le circuit, Zunino voit Ecclestone lui fondre dessus - la légende veut que Bernie eut passé un message dans les haut-parleurs : "Si quelqu'un dans ce paddock sait piloter une F1, qu'il se présente au stand Brabham !" -, excité. "J'ai une voiture pour toi !". Ricardo n'est guère équipé, heureusement Lauda a laissé casque et combinaison. Gilles Villeneuve prête une paire de chaussures, Laffite une paire de gant, et hop, à l'abordage. Samedi, le gaucho se hisse sur la grille, en 19ème position (certes à près de 3 secondes de son équipier Piquet). Et malgré un départ raté dimanche, il se classe 7ème (à 4 tours quand même), avec le 6ème meilleur chrono, juste à quatre dixièmes de Nelson. La presse le salue, lui est aux anges... et Ecclestone ravi.

Pour le Grand Prix suivant, à Watkins Glen, Zunino est 9ème sur la grille, et a réduit le retard de moitié sur le Brésilien. La course tourne à la catastrophe mais, à la surprise générale, Brabham le confirme full time pour 1980. Le début du... cauchemar. La BT49 est une machine de pointe - Piquet échouera de peu pour le titre - mais l'Argentin n'est pas à niveau. Pire : plus les Grands Prix défilent, plus il recule sur la grille. A Monaco, il loupe sa qualif. Au lendemain du Grand Prix de France, Ecclestone le limoge et le remplace par Rebaque, un peu moins mauvais.
Ricardo fera un retour express en 1981 chez Brabham pour la manche sud-africaine, qui ne compte pas pour le titre. Ken Tyrrell, déjà désargenté, l'engage ensuite pour la tournée sud-américaine. Le résultat est le même au Brésil et chez lui (où il réalise toutefois un début de course d'enfer, jusqu'à une pénalité) : 24ème et dernier qualifié aux essais, 13ème en course, loin de son partenaire Eddie Cheever. A partir d'Imola, le grand espoir transalpin Michele Alboreto le remplace. Mo Nunn lui propose bien le volant d'une Ensign, mais Zunino décline. Il ne remontera plus jamais dans une Formule 1, s'offrant juste quelques apparitions aux Mil Millas, sorte de rallye historique type Mille Miglia. Agé aujourd'hui de 62 ans, il s'occupe d'un hôtel et d'un complexe touristique au pied des Andes.

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