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La course de leur vie #17 : Pedro de la Rosa, Bahreïn 2005

Non content d'être un des rares à avoir roulé en Grand Prix (86 courses, 35 points) sur trois décennies, le voilà qui, à 41 ans, repart pour une ultime (?) aventure, 100% espagnole, chez HRT

Non content d'être un des rares à avoir roulé en Grand Prix (86 courses, 35 points) sur trois décennies, le voilà qui, à 41 ans, repart pour une ultime (?) aventure, 100% espagnole, chez HRT. Rien à y gagner si ce n'est étancher la soif de compétition d'un garçon qui ne fit souvent que passer, davantage apprécié pour ses qualités de metteur au point que pour sa pointe de vitesse.

Le Catalan, fils d'aristocrates, spécialiste étant ado des voitures... télécommandées (double champion d'Europe et vice-champion du monde !), avait-il la trempe d'un futur grand ? Il a surtout bénéficié du soutien de la fédération espagnole à une époque où les Ibères avaient disparu de la F1 - où ils ne firent que de la figuration jusqu'à Fernando Alonso. Quelques titres nationaux (Fiat Uno, Formule Ford 1600) le propulseront en Formule Renault, avec en 92 les couronnes européenne et britannique. Un bel avenir s'ouvre devant lui jusqu'à ce qu'il se casse les dents sur la F3 anglaise, la faute à un matériel dépassé. Fin 94, il est dans l'impasse et met le cap sur le Japon, alors très tendance pour les pilotes du Vieux Continent devant se refaire une virginité. Bien lui en prend : champion F3 en surclassement en 95 avec Tom's, il est sacré deux ans plus tard à la fois en GT et en Formula Nippon, qu'il écrase de sa supériorité. L'objectif suivant est clair : la Formule 1, et il le mérite.

Jordan l'engage comme pilote d'essai en 98 mais ne le titularise pas la saison suivante. Son sponsor Repsol le place alors chez Arrows où il fait d'emblée jeu égal avec le prometteur Japonais Takagi. Dès son premier Grand Prix en Australie, il décroche un point. Le seul temps fort d'une année difficile dans une écurie déjà aux abois, faite de fonds de grille et de cascades de casses mécaniques. L'A21 de 2000, mue par un Supertec ex-Renault, est plus véloce mais tout aussi fragile, et De la Rosa pas exempt de tout reproche. Le bilan final est maigre : 6ème en Europe et en Allemagne (où il s'élançait 5ème), et une belle 3ème place en Autriche quand sa boîte cède. Il ne sera pas conservé pour 2001.

Recruté comme test-driver chez Prost, il casse rapidement son contrat pour se lier à Jaguar. Bien lui en prend car après quatre courses, il y remplace Luciano Burti. La R2 n'est pas mauvaise - elle lui vaudra trois points - et il fait, à son volant, jeu égal avec Irvine, pourtant grassement payé. Le duo est reconduit en 2002 mais ce sera la galère : voiture archi-ratée, rapports de plus en plus exécrables avec Eddie qui jouit en outre du statut de n°1, scepticisme du nouveau patron Niki Lauda à son sujet. Aucun point au compteur en fin d'année, et le voilà de nouveau sur la touche. Cette fois, c'est... McLaren qui l'embauche, comme pilote de réserve aux côtés d'Alexander Wurz. Ron Dennis n'aura qu'à se féliciter du travail accompli dans l'ombre tant par l'Autrichien que par l'Espagnol, aux profils similaires.

Début 2005, les gris alignent un tandem Montoya-Räikkönen. Le Colombien se blesse en début d'année (la fameuse histoire de la chute en motocross, jamais admise par le team), et Pedro se trouve bombardé titulaire pour l'épreuve de Bahreïn. Stupéfaction lors des qualifications : il n'est certes que 8ème, mais devant Kimi ! Le lendemain, il va alterner le brouillon et le sublime. Il sonne en tout cas la charge, à un point tel qu'il va réaliser le meilleur chrono. Et ses attaques en bout de ligne droite, pas toutes réussies, animeront grandement l'épreuve moyen-orientale. Dans les derniers tours, il arrache la 5ème place à Mark Webber et est largement plébiscité comme le héros du jour. Ce sera sa seule course de l'année.

Douze mois plus tard, lorsque Juan-Pablo claque la porte, De la Rosa assure l'intérim durant huit épreuves. Cinquième en Turquie et en Chine, il se classe surtout 2ème en Hongrie - son unique podium - sous la pluie. Performance dans l'absolu meilleure qu'à Bahreïn, mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il aurait pu gagner cette course folle qui tombe finalement dans l'escarcelle de Jenson Button (Honda), dont c'est le premier succès. Pas de quoi lui valoir un baquet de titulaire pour 2007, qui voit débarquer à Woking Hamilton et Alonso.
On ne pensait plus revoir le fier Barcelonais en Grand Prix jusqu'à son engagement surprise par Sauber voici deux ans. Une campagne délicate, marquée par une fiabilité exécrable en début d'année. Surtout, Pedro souffre par rapport à son jeune et explosif partenaire Kamui Kobayashi. Hormis une 7ème place en Hongrie, l'équipe suisse est déçue, et il est débarqué après Monza au profit de Nick Heidfeld, qu'il relayera comme testeur pour Pirelli avant de retrouver son rôle de n°3 chez McLaren, sa seconde famille. Sauber le rappellera l'an passé pour une pige express à Montréal, Sergio Pérez n'étant pas remis de son carton monégasque. Homme d'une grande correction, apprécié par ses pairs (qui l'éliront en 2008 à la tête du GPDA), Pedro de la Rosa tentera de faire profiter HRT de son immense bagage, lui qui n'aura pas arrêté de rebondir, sans pour autant laisser une trace indélébile.

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