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La course de leur vie #18 : Van de Poele, Saint-Marin 1991

Quand on voit le palmarès qu'il s'est forgé dans d'autres catégories, on ne peut que regretter que "Tintin" n'eut guère un meilleur matériel en Formule 1, sans quoi son passage ne s'y serait pas, assurément, résumé à une course d'anthologie à Imola soldée par deux points

Quand on voit le palmarès qu'il s'est forgé dans d'autres catégories, on ne peut que regretter que "Tintin" n'eut guère un meilleur matériel en Formule 1, sans quoi son passage ne s'y serait pas, assurément, résumé à une course d'anthologie à Imola soldée par deux points... à un demi-tour près.

Verviétois de naissance, namurois d'adoption, brabançon de résidence, Van de Poele est un Wallon pur jus. Ce qui le caractérise en sport automobile ? L'éclectisme. Monoplaces, protos, touring cars, il a tout conduit en circuit, et plutôt bien. Sans-le-sou, il doit son début de carrière à sa victoire en 1983 dans le volant Avia La Châtre, qui lui donne accès en 84 à une saison de F3 française. La barre est placée trop haut, il ne décrochera que trois points. Sagement, il redescend l'année suivante en Formule Ford et enlève les championnats de Belgique et du Benelux. Il débute aussi en Gr N du championnat belge de Tourisme (3ème sur BMW) et dispute pour la première fois les 24 Heures de Spa, où il écrira sa légende. En 86, on le voit en Angleterre (Formule Ford/F3), en Tourisme belge et européen, puis en 87 en Allemagne avec un double programme : F3 et DTM. Engagé par Béhème dans le prestigieux Deutsche Tourenwagen Meisterschaft, il décroche le titre sur une M3 du team Zakspeed, et goûte aussi au ETCC et au WTCC. Cette année-là, il enlève pour la première fois les 24 Heures de Spa (avec Didier Theys et Jean-Michel Martin)... et loupe le podium car il court le même jour en DTM !

Sa carrière est lancée. En 88, il est en European Touring Car Championship avec Schnitzer (2 victoires/5ème). L'année suivante, surprise : le revoilà en monoplace, et directement en F3000 avec l'aide de son sponsor le plus fidèle : Lease Plan. Sur une Lola du GA Motorsport, il épate avec deux podiums et une 5ème place finale. Il remet le couvert en 1990, cette fois sur Reynard. Bilan : trois succès dont les épreuves en ville de Pau et Birmingham, et le titre de vice-champion derrière Eric Comas. En parallèle, il a découvert les Sports-Protos des deux côtés de l'Atlantique, mais son objectif est clair : la F1. Mauro Forghieri y lance un nouveau team italien, Lambo-Modena. Larini sera son premier pilote, il multiplie les tests avec Van de Poele et Marco Apicella pour le second baquet, avant d'opter pour le Belge. A 29 ans, le rêve devient réalité.

Et la réalité rattrape vite Eric : l'écurie n'a pas beaucoup de moyens, la 291 à moteur V12 Lamborghini n'est pas un foudre de guerre, et il y a les pré-qualifications à franchir, plus terribles encore que la qualif elle-même. Aux Etats-Unis comme au Brésil, c'est l'échec. Puis à San Marino, le miracle : une 21ème place de grille, alors que Larini a été éliminé dès le vendredi matin. Dimanche, il pleut à verse, et VdP se sent pousser des ailes. A la fin du premier tour, il a déjà gagné six places ; après 9 boucles, il est dans le Top 10. Et alors que les favoris multiplient les figures, que les rangs s'éclaircissent, lui garde le cap. Tant et si bien qu'au 42ème des 61 tours, le voilà 6ème ! Puis 5ème lorsque Moreno disparaît. Dernier tour, d'honneur quasiment, quand la pompe à essence cède. Eric a beau secouer la Lambo, elle meurt dans la Variante Bassa. Il est quand même classé 9ème.

Bah, ce sera pour la prochaine fois... sauf qu'il n'y aura pas de prochaine fois : plus jamais il ne hissera sur la grille une auto de moins en moins compétitive (Larini n'y arrivera que cinq fois). Lambo disparaît durant l'hiver, et le Belge se lie pour 92 à Brabham, qui vit ses dernières heures. Son équipier y est d'abord une équipière, Giovanna Amati, puis le rookie Damon Hill. Van de Poele se qualifie à l'arraché lors des trois coups en Afrique du Sud, où il termine 13ème, puis plus rien. Durant l'été, il rejoint Fondmetal (ex-Osella). La GR02 est une nettement meilleure machine, mais après trois Grands Prix en commun (et autant de qualifications), le patron Gabriele Rumi met la clé sous le paillasson, essoré financièrement. S'il fera quelques séances d'essais pour Tyrrell en 93, on ne reverra plus le sympathique "Tintin" en course en Formule 1, où il aura pris cinq départs en vingt-neuf tentatives.

Heureusement, il a su poursuivre sa passion dans d'autres disciplines, et y acquérir lauriers et respect. En Endurance, on le voit notamment au Mans sur Peugeot 905 (1992), Nissan (1994/97/99), Cadillac Northstar (2000) et surtout Bentley (3ème en 2001, 4ème en 2002) et Ferrari. Durant des années, il milite aux Etats-Unis en IMSA, s'impose notamment deux fois à Sebring (95/96) et devient un acteur majeur du championnat. En Tourisme, on le voit en Mondial, en Belgique, en Angleterre, en Espagne, notamment comme officiel Nissan. Un sérieux accident en 1999 (plusieurs vertèbres cassées) ne le décourage pas. ALMS, LMES, l'éphémère Grand Prix Masters (2 podiums)... A Francorchamps, il devient le maître incontesté des 24 Heures avec quatre autres succès (1998 sur BMW, 2005/2006/2008 sur Maserati), ce qui en fait le recordman absolu des victoires. Ces dernières années, on l'a vu sur Volvo dans le championnat belge des voitures de Tourisme. A 50 ans, il est aussi un consultant télé apprécié sur la RTBF lors des Grands Prix de F1.

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