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La course de leur vie : Helmut Marko, France 1972

Nouvelle rubrique, deux fois par semaine (mercredi et samedi) durant l'intersaison, sur ToileF1 : "La course de leur vie"

Nouvelle rubrique, deux fois par semaine (mercredi et samedi) durant l'intersaison, sur ToileF1 : "La course de leur vie". Soit l'épreuve qui, dans la carrière d'un pilote de Formule 1 – dans un premier temps, d'un pilote qui n'a jamais gagné – est considérée comme la plus marquante.

Un choix forcément un peu partisan, donc sujet à débat. N'hésitez pas à nous faire part de vos réflexions !

Pour inaugurer cette série, un personnage beaucoup plus influent aujourd'hui dans le paddock qu'il ne le fut voici quarante ans : Helmut Marko.

Helmut Marko, France 1972

Les plus jeunes l'ignorent peut-être, mais avant de devenir le redoutable coupeur de têtes qui dirige d'une main de fer la filière Red Bull, Helmut Marko a lui-même piloté. Plutôt bien d'ailleurs. En 1971, associé au Néerlandais Gijs Van Lennep, il remporte les 24 Heures du Mans à bord d'une Porsche 917K aux couleurs Martini. Le record de distance établi alors a tenu jusqu'en 2010 ! La même année, et la suivante, il marquera de son empreinte une autre épreuve mythique, la Targa Florio, y établissant en 1972 le meilleur chrono de tous les temps avec son Alfa Romeo 33. Une carrière prometteuse, alors déjà sur le point de s'achever.

Fils de bonne famille autrichienne, étudiant en droit, Marko entame son parcours automobile au sein d'un petit groupe où figure Jochen Rindt, qui sera sacré champion du monde en 1970 à titre posthume. En marge de ses exploits en Endurance, chez Porsche puis chez Lola, ses débuts en monoplace sont encourageants, et la F1 lui ouvre ses portes dès 1971. D'abord sur une McLaren alignée par l'écurie de Joachim Bonnier (non qualifiée en Allemagne). Puis, dès le Grand Prix suivant en... Autriche, chez Yardley BRM, l'équipe officielle où il côtoiera notamment Jo Siffert, Peter Gethin et Howden Ganley. Aucun point - BRM est alors déjà sur la pente descendante - mais assez de constance pour être reconduit pour 1972. Quatrième au Brésil hors championnat, son début de saison est marqué par des qualifications en fond de grille, suivies de belles remontées comme quand il termine huitième à Monaco sous la pluie, à 3 tours quand même de son équipier Beltoise, intouchable ce jour-là.

Le 2 juillet 1972 sera hélas, pour le jeune espoir, marqué d'une pierre noire, et ce n'est pas une simple formule. Le Grand Prix de France, sixième manche de la saison, a lieu sur le somptueux circuit de Clermont-Ferrand. Pour la première fois, Helmut reçoit la P160B, comme les autres pilotes BRM. Et il fait parler la poudre ! Sixième sur la grille, il devance immédiatement Cevert (Tyrrell), Fittipaldi (Lotus), Peterson (March), mais surtout il est beaucoup plus rapide que ses compagnons d'écurie : Reine Wissel est en dixième ligne à 3 secondes, Howden Ganley et Peter Gethin partagent la onzième à 5 secondes et Jean-Pierre Beltoise est repêché, bien que sans chrono, en quatorzième ligne. Au départ de la course, Marko déborde la Surtees de Tim Schenken, qualifié juste devant lui. Il tient la cinquième place durant quatre tours avant de céder à Fittipaldi. Mais il s'accroche à la roue d'"Emo". Vient alors le neuvième tour. Un des nombreux cailloux qui jalonnent le tracé, projeté par la Lotus (une polémique inutile voudra que le Brésilien avait fait exprès de mettre une roue hors tarmac pour y semer du gravier), vient transpercer sa visière et le frappe directement dans l'oeil. Le citoyen de Graz parvient à maîtriser sa monture et évite le crash. Jackie Stewart, chantre de la sécurité en F1, vainqueur ce jour-là, parviendra à imposer suite à cet incident que les visières des casques soient à l'épreuve de ce type d'impact. Mais pour Helmut, le verdict des médecins est sans appel : son oeil gauche est perdu, il ne pilotera plus jamais en course.

Marko va alors s'occuper de jeunes espoirs, Allemands et Autrichiens, mais le malheur semble le poursuivre. Ses premiers protégés Helmut Koinnig, Georg Burger, Markus Hottinger ou encore Jo Gartner, se tueront tous en compétition. Dans les années 80, il crée un team, RSM Marko, qui roulera brièvement en DTM mais surtout en F3, menant au titre Gerhard Berger, Karl Wendlinger et Jorg Muller, ce dernier suivant l'équipe en F3000 où ils seront sacrés en 1996. Quelques années plus tard, l'Autrichien allait convaincre Dietrich Mateschitz, cofondateur de Red Bull, de mettre sur pied une filière de détection de jeunes talents et de lui en confier les commandes. On en mesure le succès aujourd'hui... En parallèle, Helmut Marko possède sa propre chaîne d'hôtels et de restaurants. A 68 ans, il a pris une belle revanche sur la vie.

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