La désobéissance de Hamilton : un casse-tête pour Mercedes en 2017

Après que Lewis Hamilton a ignoré les ordres de son équipe de hausser son rythme lors de la finale d'Abu Dhabi, Jonathan Noble décrypte ce que cet épisode signifie pour Mercedes et ses protocoles internes à l'avenir.

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 et Nico Rosberg, Mercedes AMG F1

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 et Nico Rosberg, Mercedes AMG F1

XPB Images

Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W06 s'arrête aux stands
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid dépasse son équipier Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid, devant son coéquipier Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid et Daniel Ricciardo, Red Bull Racing RB12 en bataille
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid avec Toto Wolff, Directeur Exécutif Mercedes AMG F1
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid s'arrête aux stands
Toto Wolff, Directeur Exécutif de Mercedes AMG F1
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 et Nico Rosberg, Mercedes AMG F1
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid devant Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid, Sebastian Vettel, Ferrari SF16-H
Podium : le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, et le deuxième, Nico Rosberg, Mercedes AMG F1
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid fête son titre de Champion du monde après la course
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid, Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid
Le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid franchit la ligne d'arrivée devant le Champion du monde Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid mène au départ
Lewis Hamilton, Mercedes F1 Team teste les pneus Pirelli 2017
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid mène au départ
Le Champion du monde Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 serre la main de son équipier Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1
Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 dans le Parc Fermé
Le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W07 Hybrid

Il n'existe pas de consigne d'équipe populaire en Formule 1. À chaque fois que le muret des stands est impliqué dans le fait d'influencer ce qui se passe sur la piste, c'est normalement pour modifier une source de spectacle pour les fans.

Mais, qu'il s'agisse de figer une course en tenant des positions, de dire aux pilotes d'échanger leurs places ou, comme c'était le cas à Abu Dhabi, de presser un pilote d'augmenter son rythme par peur de perdre la course, les consignes d'équipe ont toujours été et seront toujours un mal nécessaire en sports mécaniques.

Et, aussi longtemps qu'une "équipe" comprendra deux pilotes, alors il y aura inévitablement des moments où il y aura un conflit d'intérêt entre un des hommes dans le cockpit et les intérêts plus larges des patrons.

Ce qu'a fait Lewis Hamilton dimanche, en ne respectant pas la consigne d'augmenter son rythme devant les craintes de voir Sebastian Vettel s'emparer de la victoire, était une de ces occasions, et il n'est pas surprenant que cela ait polarisé les opinions.

D'un côté, il y a ceux qui croient qu'il a agi de façon totalement correcte, parce qu'en tant que compétiteur et leader de la course, c'était son droit de dicter le rythme d'une façon qui allait lui donner sa seule chance de remporter le championnat.

De l'autre, il y a la vision que sa désobéissance était égoïste et puérile, car servant à placer ses propres intérêts avant ceux de l'équipe qui se concentrait seulement sur la victoire.

Les deux arguments sont parfaitement valables dans ce cas, et la position des deux camps parfaitement justifiée. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, donc les deux camps du débat doivent simplement s'entendre sur le fait qu'ils ne sont pas d'accord.

Une philosophie remise en cause

Mais ce qu'a fait Hamilton dimanche va bien plus loin qu'une simple tactique unique pour remporter le titre, il n'est pas seulement question du désir personnel lors de la finale d'un championnat. Cela remet en cause la philosophie de Mercedes depuis le début de la saison 2014, quand il est clairement apparu que ses pilotes se battraient pour le championnat.

À chaque étape - y compris le week-end dernier - il y a eu des protocoles stricts en place que les deux hommes ont accepté, et ils ont autant aidé Hamilton à beaucoup gagner qu'à lui faire de la peine ce dimanche.

Croire que les deux hommes sont libres de faire ce qu'ils veulent lors des courses est faux, parce que des protocoles et des accords clairs doivent être mis en place pour garantir que leur rivalité est aussi libre que possible, et aussi juste que possible, sans porter préjudice à l'équipe.

Un de ces accords, par exemple, est lié au timing des arrêts au stand. Depuis 2014, l'équipe a une procédure en place, qui existait aussi dimanche, selon laquelle le leader de la course a la priorité sur la stratégie d'arrêt au stand idéale pour éviter d'être dépassé lors de son arrêt par l'autre voiture.

Sans cet accord, Mercedes verrait ses pilotes en bataille constante pour s'arrêter en premier (ou en dernier si l'avantage est de faire un plus long relais).

S'ils pouvaient s'arrêter quand ils le souhaitent, alors les pilotes iraient inévitablement vers les extrêmes : en se plaçant sur la mauvaise stratégie simplement pour avoir un avantage sur l'autre flèche d'argent et cela laisserait la porte ouverte pour qu'une autre écurie s'empare de la meilleure stratégie et de la victoire.

Ce protocole d'arrêts au stand était aussi valable dimanche qu'il l'a été lors des 20 autres courses cette année, et imaginez la controverse (et quelle aurait été la réaction de Hamilton) si Rosberg avait joué sa carte et s'était arrangé pour s'arrêter le premier lors du second arrêt, aurait fait l'undercut et était ressorti en tête pour sceller son titre.

Une telle action aurait-elle été aussi justifiée que la désobéissance de Hamilton face aux ordres de hausser son rythme ? Après tout, c'est la dernière course du championnat et tout est permis, n'est-ce pas ?

Effectivement, Hamilton a d'un côté été plus qu'heureux que les "consignes" d'équipe l'aident plus tôt dans la course à avoir la meilleure stratégie d'arrêt au stand - parce qu'être en tête lui garantissait d'être devant lors des arrêts - mais de l'autre, il n'était pas content que le protocole pour assurer la victoire entre en conflit avec ses propres intérêts dans la lutte pour le titre.

Et la désobéissance face à des consignes d'équipe est-elle plus justifiable lors d'une course où le titre se joue que dans n'importe quelle autre course du championnat, quand le même nombre de points est en jeu ?

L'exemple de Monaco

Replongeons-nous dans le Grand Prix de Monaco, cette année, où Hamilton s'est retrouvé coincé derrière un Rosberg plus lent et où l'alarme de Mercedes a sonné quand l'équipe risquait de perdre la course face à Daniel Ricciardo.

L'ordre a été donné à Rosberg - alors large leader du championnat - de laisser passer Hamilton, son rival pour le titre. Il n'a pas hésité à s'écarter, en ouvrant la porte à l'éventuelle victoire de Hamilton.

S'il avait été aussi défiant que Hamilton dimanche et avait retenu son équipier jusqu'au drapeau à damier, alors l'échange des points aurait été suffisant pour que le championnat n'aille pas aussi loin qu'Abu Dhabi.

Et est-ce que les fans auraient défendu Rosberg autant qu'ils ont défendu Hamilton à Abu Dhabi ?

Les immenses implications philosophiques de ce qui s'est passé dimanche sont la véritable raison pour laquelle le management Mercedes était aussi frustré, parce qu'en ignorant les ordres, Hamilton a remis en cause une philosophie que la structure a mise en place lors des trois dernières années.

Rosberg devrait-il dorénavant ignorer une instruction de s'écarter pour Hamilton si cela survient encore ? Devrait-il être tenté par le fait de jouer l'undercut s'il est second ? Après Abu Dhabi, les choses ne sont plus aussi limpides.

La réponse n'est pas simple, et il n'est pas surprenant que Mercedes soupèse encore sa réaction. Nous pouvons oublier le débat sur une sanction disciplinaire majeure pour Hamilton et n'imaginez pas une seconde que Mercedes va adopter une stratégie - comme celle de la liberté totale - qui va mettre en péril ses victoires.

Mais si l'écurie décide de ne pas poursuivre sa politique actuelle et que le temps est venu de cadenasser la course avec plus de consignes, alors nous serons tous les perdants de ce qui s'est passé dimanche.

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