Analyse

La F1 cherche des solutions pour limiter les abus des limites de piste

Les équipes F1 et la FIA travaillent de concert sur une manière de dissuader les pilotes de dépasser les limites de la piste et d'uniformiser les règles sur le sujet.

Sebastian Vettel, Ferrari SF15-T rentre aux stands avec une crevaison
Sebastian Vettel, Ferrari, et Nico Rosberg, Mercedes AMG F1, en conférence de presse
Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 W06
Nico Rosberg, Mercedes après l'explosion d'un pneu
Un pneu Pirelli endommagé sur la Mercedes AMG F1 W06 de Nico Rosberg, Mercedes AMG F1 lors de la deuxième séance
Pastor Maldonado, Lotus F1 E23
Pastor Maldonado, Lotus F1 Team
Paul Hembery, Directeur de la Compétition Pirelli
Christian Horner, Team Principal Red Bull Racing
Sebastian Vettel, Ferrari SF15-T rentre aux stands avec une crevaison

La répétition de situations lors desquelles les pilotes cherchent à améliorer leurs chronos en flirtant avec les limites de la piste ou en coupant particulièrement certains angles de virage a poussé la FIA à régulièrement publier des notes durant les weekends de Grand Prix, cette année. Les pilotes furent ainsi prévenus de la sévérité des commissaires sportifs en cas d'extrémisme sur certains circuits, comme en Autriche, en Grande-Bretagne, ou encore à Monza, et de nombreux chronos furent annulés, notamment en qualifications.

Désormais, alors que les dommages pneumatiques subis par certains pilotes lors du Grand Prix de Belgique ont clairement indiqué qu'ils étaient liés à des trajectoires empruntant trop les limites, la question n'est plus simplement sportive, mais également sécuritaire.

Les problèmes rencontrés à Spa indiquent que les conséquences d'un comportement marginal ne concernent plus simplement le gain de performance, et la FIA souhaite désormais absolument contrôler cela. 

Une évolution liée à la physionomie des dégagements

Les pilotes ne sont pas seuls à devoir être pointés du doigt au moment de constater cette évolution des limites : il faut dire que l'évolution progressive des circuits, qui arborent de plus en plus de zones de dégagements bitumées, fait qu'il ne sont plus aussi dissuasifs que lorsque les abords de la piste comprenaient plus systématiquement des zones de graviers, sable ou gazon, pouvant coûter très cher aux pilotes en cas de poursuite des limites ou d'excursion dehors.

Un certain sentiment d'invulnérabilité qui a par ailleurs "lissé" le spectacle ; les pilotes savent désormais que certaines manœuvres auparavant inenvisageables peuvent désormais être considérées : les risques d'abandon dans les abords de la piste sont devenus quasi-nuls.

La FIA a ainsi considéré la mise en place d'éléments dissuasifs, comme le vibreur "boudin" de l'Eau Rouge, en début de weekend, à Spa. Un dispositif finalement ôté, de nouveau pour des raisons de sécurité, l'escalade d'un tel élément pouvant s'avérer cavalière et générer des accidents, particulièrement sur piste humide. Mais sans rebond à la sortie du vibreur, les pilotes ont une nouvelle fois allègrement escaladé celui-ci, laissant trainer les roues dans des zones sales où s'accumulent des détritus pouvant générer des coupures sur les enveloppes pneumatiques.

Pirelli dédouané par les teams

Christian Horner, Directeur d'Equipe Red Bull, admet qu'il est difficile pour Pirelli de prévenir des risques de dégradation anormale des pneus si les pilotes dépassent les limites de la piste et traversent régulièrement des zones chargées d'incisives impuretés.

"Ce n'est pas un boulot évident pour Pirelli", reconnait-il. "Chaque circuit, tout comme son type de vibreurs, est différent. Evidemment, les pilotes abusent des circuits peut-être plus que lorsqu'il y avait des bacs à graviers, car ils le peuvent. Et un pilote saisira toujours tout avantage qu'il peut tirer. L'Eau Rouge est un virage très différent de ce qu'il était il y a 10 ans".

L'une des idées mises sur la table concerne désormais l'apposition de surélévations en peinture dans les zones de dégagement, dans une série de bandes parallèle. L'idée consisterait à rendre cette couche de peinture suffisamment élevée pour être inconfortable pour les pilotes et potentiellement les ralentir, sans toutefois créer de danger de propulsion dans les airs.

Il se dit par exemple que les lignes se trouvant à l'extérieur du virage, à Spa, ont été la cause de l'incident ayant mis fin à la course de Pastor Maldonado, son auto ayant subi un choc de 17G lors de son excursion hors-piste. Une telle force de dissuasion plus généralisée pour les pilotes pourrait permettre d'atteindre l'objectif de la FIA.

Les pilotes chercheront toujours à tirer un avantage

"Normalement, lorsque vous sortez large, vous perdez du temps, mais parfois vous en gagnez. La meilleure chose est de s'assurer que l'on ne peut obtenir d'avantage en sortant", tranche Horner. "En tant que pilote, il peut vous arriver de partir large parce que vous avez freiné trop tard pour un virage ou que vous avez eu un blocage de roues ; dans ces cas, les zones de dégagement sont là pour la sécurité. Mais certains pilotes essaient d'aller encore plus vite".

"Peut-être que sur certaines courses, vous le faites ainsi une ou deux fois de suite, voire plus, quand vous vous battez pour une place. Peut-être que le team devrait alors vous dire qu'il ne faut pas faire ça".

Mais Horner sait fort bien que chaque team se concentre sur ses propres intérêts et que la seule manière de disposer d'un système appliqué par tous est de le voir imposé par l'autorité qui régit le sport.

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