Actualités

La F1 et l'Autriche : Berger et la génération dorée [2/2]

De retour chez Ferrari, il s'agissait surtout de faire parler son expérience et ses enseignements acquis chez McLaren

De retour chez Ferrari, il s'agissait surtout de faire parler son expérience et ses enseignements acquis chez McLaren. C'est sans doute en se basant sur cela que l'équipe lui a accordé le statut de premier pilote, au grand dam de Jean Alesi qui n'avait pas ménagé sa peine en 1991 et 1992 sur des monoplaces au mieux pas assez rapides, au pire larguées, notamment au niveau du moteur V12 pourtant cher à la marque. Pourtant, Berger n'a jamais cherché à se servir de ce statut en proposant par exemple à Alesi de se partager la voiture de réserve. Une attitude qui illustrait là un trait de caractère qui a autant servi son image qu'il a probablement desservi son palmarès :

"De toute ma carrière en F1, je n'ai jamais su être suffisamment égoïste", déclarait-il en 2000 à F1 Racing. "Si mon coéquipier n'avait pas les mêmes conditions que moi, je me sentais mal à l'aise. Si tu veux aller très loin en F1, normalement tu te fous un peu de la façon d'y arriver. Avant même de monter dans la voiture tu fais tout pour t'assurer que tu as l'avantage sur ton coéquipier. Mais je suis plutôt joueur et la notion de plaisir est primordiale pour moi".

Si 1993 a été une saison pénible marquée par un seul podium, 1994 a mis fin à la disette de trois ans et demi de Ferrari avec la victoire de Berger en Allemagne. Le carambolage monstre du premier virage et l'abandon de Schumacher ont aidé, mais les Ferrari avaient de toute façon monopolisé la première ligne, ce qui était un signe fort. Hélas, c'était au tour de Berger de patienter aussi longtemps que son équipe pour se retrouver sur la première marche : c'est Alesi qui allait connaître ce bonheur en 1995, avant de revenir chez Benetton.

Pourtant, l'équipe sortait de trois titres mondiaux en deux ans, ce qui la rendait éligible pour de nombreuses victoires au pire. Hélas pour Berger et Alesi – qui se consoleront en poursuivant les facéties que Berger avait imposées partout où il passait – non seulement le succès de l'équipe était en grande partie dû à un Schumacher qui avait tiré le maximum d'une monoplace vicieuse en 1995, mais en plus le staff regrettait clairement l'Allemand. Ce qu'ils ont fait savoir à chaque débriefing où ils ne se sont pas privés de rappeler que "Michael faisait comme ça !". Dans ce contexte, malgré un moteur Renault au top, les pilotes ne pouvaient guère se faire d'illusion, si bien que 1996 a été une saison blanche pour Benetton : pas la moindre victoire, une première depuis 1988.

Boucler la boucle avec Benetton

Si 1997 n'a pas été beaucoup mieux question performances, Berger n'a trouvé de consolation ni dans l'équipe, ni dans sa vie personnelle. Outre la mort de son père, l'Autrichien a vu une opération aux sinus mal tourner, le contraignant à une seconde intervention et à une absence pour trois courses, où son jeune compatriote Alexander Wurz a brillé. Beaucoup pensaient alors que le vétéran autrichien – 200 Grands Prix depuis Imola – avait fait son temps. Sa réponse a été l'une des plus belles qui soit à Hockenheim : pole position, meilleur tour en course et victoire. Une course parfaite et un grand moment d'émotion pour la Formule 1 qui saluait là la dernière victoire de Berger. Il s'agissait d'ailleurs de la dernière victoire de Benetton également, 11 ans après la première et grâce au même pilote. La boucle était bouclée.

Après avoir annoncé dans un premier temps son départ de l'équipe, Berger a finalement décidé de se retirer du pilotage en fin de saison, mais pas du monde de la Formule 1 pour autant. On l'a retrouvé par la suite en tant directeur de la compétition chez BMW qui avait annoncé son retour en F1 avec Williams pour 2000. Il est resté à ce poste jusque 2003 avant de devenir copropriétaire de 2006 à 2008 de l'ex-équipe Minardi rebaptisée Toro Rosso, puisqu'il s'agissait de la seconde équipe de Red Bull. Si Emerson Fittipaldi, John Surtees ou Alain Prost se sont cassés les dents sur ce défi, Gerhard Berger a connu les joies de la plus haute marche du podium en tant que patron d'équipe à Monza en 2008, lors de la première victoire d'un certain Sebastian Vettel, alors à l'aube de la carrière que l'on sait.

Aujourd'hui, Berger est Président de la Commission Monoplaces de la FIA, un poste crée récemment par le Président de la Fédération qui n'est nul autre que son ex-patron Jean Todt. Il a ainsi participé au redémarrage d'un Championnat d'Europe de Formule 3 afin de remettre un peu d'ordre dans les formules de promotion. Pour un homme que le dessinateur d'Auto Hebdo Jean Louis Fiszman a gentiment dépeint comme paresseux avec le fameux oreiller derrière le casque, Berger est encore bien actif pour son sport, et a encore de beaux jours devant lui à bientôt 55 ans.

Lire aussi la première partie

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Klien - Le GP d'Autriche doit stimuler une nouvelle génération
Article suivant Alain Prost sur une Red Bull; Newey avec une March pour la parade de Silverstone!

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France