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Les meilleurs moments de Williams : Japon 1994

L'équipe Williams portera à jamais le fardeau de la disparition d'Ayrton Senna lors du Grand Prix de Saint-Marin au volant de la Williams N°2

L'équipe Williams portera à jamais le fardeau de la disparition d'Ayrton Senna lors du Grand Prix de Saint-Marin au volant de la Williams N°2. Si le procès qui a suivi en Italie n'a finalement débouché sur aucune condamnation, cela n'a pas apaisé le chagrin de l'équipe et des supporters du Brésilien. Il convient d'ailleurs de noter que depuis 1995, et ce encore aujourd'hui sur les FW36, le logo Senna figure sur le museau des Williams.

Cependant, "the show must go on", et Williams était encore en lice pour les titres mondiaux, pilote comme constructeur. Parachuté N°1 de l'équipe avec seulement une vingtaine de courses dans les jambes, Damon Hill fit du mieux qu'il put au volant d'une FW16 vicieuse, digérant mal le bannissement des aides électroniques telles que la suspension active ou l'antipatinage, qui avaient si bien servi les FW14 version B et C des années 1992 et 1993.

Les disqualifications et suspensions infligées à Michael Schumacher et à sa Benetton – dont on suspectait justement l'utilisation d'un antipatinage – permirent au fils de Graham de maintenir l'espoir et de recoller à Schumacher au classement. Or au moment d'arriver au Japon, à Suzuka, théâtre de nombreux dénouements de championnat, Schumacher possédait cinq points d'avance sur Hill et pouvait s'assurer du titre en remportant la course si jamais l'Anglais ne finissait pas juste derrière lui.

Il valait donc mieux que ce soit la Williams qui devance la Benetton. Double problème : Schumacher signa la pole position, ceci avant que les averses n'envahissent Suzuka pour le reste du week-end. Des conditions qui ont, en général, parfaitement convenu au futur Baron Rouge. La tâche était donc ardue. Mais Hill se dépassa comme rarement et fut aidé par un petit coup de pouce du destin, en l'occurrence par une erreur stratégique surprenante de la part de Benetton qui maîtrisait jusqu'alors parfaitement ce paramètre.

Au départ, Schumacher se rua sur la trajectoire de Hill, comme il le fit souvent par la suite, et prit la tête, dans un nuage d’eau. Malgré la visibilité épouvantable et les conditions d’adhérence précaires, Hill parvint à rester au contact de Schumacher, là où les autres perdirent rapidement pied. Si certains purent se distinguer, notamment Jean Alesi (Ferrari) et le revenant Nigel Mansell (Williams) qui se livrèrent à un duel dantesque pour la dernière marche du podium, beaucoup partirent à la faute.

L’accident de Martin Brundle (McLaren) provoqua même le drapeau rouge : dans son embardée, l’Anglais avait fauché un groupe de commissaires occupés à dégager l’Arrows de Gianni Morbidelli. Après cette interruption, beaucoup se demandèrent si la course allait reprendre ou suivre le même chemin qu’à Adélaïde en 1991. Hill préférait évidemment la première solution, en restant dans son baquet, imperturbable.

Finalement, le Grand Prix reprit, mais selon la réglementation alors en vigueur : le classement sera comptabilisé selon l’addition du temps total des deux parties de la course. Or avant l’interruption, Schumacher possédait 6,86 secondes d’avance sur Hill. Ce qui signifie que l’Anglais devait absolument devancer son rival avec une marge supérieure dans la deuxième manche s’il voulait l’emporter au cumul. Ce fut pour l’histoire la dernière fois que cette règle fut appliquée.

La physionomie de la course poussa donc les équipes à ne faire qu’un seul ravitaillement au lieu de deux comme cela aurait le cas dans une course sans interruption. Or Benetton, en dépit du bon sens, arrêta Schumacher au dix-huitième tour, soit au troisième tour de la deuxième manche, ce qui le rejeta dans le peloton, donc dans le brouillard.

Hill fit le forcing en tête pour garder son leadership après son unique stop. Malgré un arrêt contrarié par une roue bloquée, que Williams renonça finalement à changer, il réussit à conserver la première place. Schumacher ne s’avoua pas vaincu, si bien qu’au trente-sixième tour, l’Allemand récupéra virtuellement la tête, puisqu’il se retrouva à moins de 6,86 secondes de Hill.

Or l’arrêt précoce de Benetton laissait sous-entendre qu’un deuxième allait suivre vers la fin de course. Ce fut le cas : au quarantième tour, Schumacher passa par les stands à nouveau. Tout était à refaire. Devant, Hill n’en menait pas large dans ces conditions, mais il donna tout pour garder l’avantage au cumul des temps.

Schumacher grignota l’écart petit à petit, mais dut finalement s’avouer vaincu. Damon Hill l’emporta, défiant tout pronostique, et revint à un point de l’Allemand. C’est à Adélaïde que le titre allait se décider. Hélas, pas de la plus belle des manières...

"C’était une course en deux parties particulièrement intense dans de terribles conditions. Ce doit être la plus belle victoire de Damon Hill qui a supporté une énorme pression. Cette victoire a permis de poser les bases d’une finale de championnat avec Michael Schumacher"

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