Les plus belles courses de McLaren-Mercedes : Canada 2011

Ce Grand Prix est entré dans l'Histoire à la fois statistiquement et émotionnellement. Du côté des chiffres, il reste aujourd'hui le plus long et le plus lent Grand Prix de l'Histoire : 74.864 km/h de moyenne en 4 heures et 4 minutes ! Ceci est bien entendu dû aux conditions météo qui ont grandement ralenti la cadence, et surtout aux multiples interventions de la Safety Car, sans parler de l'interruption de la course qui se prolongea pendant presque deux heures !

Mais la présence de la pluie et d'une voiture de sécurité sous-entend en général que la course fut grandement animée, ce qui fut évidemment le cas, notamment grâce à la performance de Jenson Button, opportuniste en diable ce jour-là. Il est peu dire que sa course fut chahutée...

Parti septième, Button eut à peine le temps de grimper dans le classement puisqu'une incompréhension avec son propre équipier Lewis Hamilton provoqua un accrochage avec un abandon pour le second et un retour aux stands pour le premier, lequel en profita cependant pour chausser des pneus intermédiaires, constatant un assèchement progressif de la trajectoire.

Cela aurait dû faciliter sa remontée... sauf qu'il écopa d'un Drive Through pour avoir roulé trop vite sous le régime de la Safety Car – les pilotes ont une vitesse limite à respectée lors d'une neutralisation de la course – avant que la pluie ne refasse son apparition, réduisant à néant ses efforts alors qu'il était revenu dixième. L'averse étant trop importante, la course fut interrompue, et ne reprit que deux heures plus tard, et après dix tours sous Safety Car, le temps que l'on déclare la piste praticable...

Elle l'était en effet puisque dès le restart, les pilotes se précipitèrent pour chausser les pneus intermédiaires, ceux « pluie » n'étant plus adaptés pour les circonstances ! Button fut de ceux-là, comme Fernando Alonso. Hélas, lorsque la McLaren tenta de déborder la Ferrari dans la chicane suivant le premier enchaînement du circuit, les deux monoplaces se touchèrent. Alonso finit à cheval sur un vibreur et renonça, tandis que Button parcourut le circuit avec un pneu à plat avant de le changer. Si bien qu'en repartant de son cinquième arrêt – pénalité incluse – il était dernier. Il restait 33 tours à couvrir...

Nullement découragé, le Britannique refit son retard, profitant de son expérience sur piste mixte et d'une McLaren qui, bien que dominée par la Red Bull en 2011, était la meilleure des autres sur l'ensemble de la saison. Un arrêt aux stands au bon moment pour mettre les slicks et quelques incidents ici et là firent qu'au cinquante-septième tour et après une sixième (!) intervention de la Safety Car, Button était quatrième !

Devant lui figuraient Vettel, jusque là tranquillement en tête, un étonnant Schumacher qui pilotait là comme à ses plus belles heures, et Webber qui avait lui aussi bien anticipé le passage aux gommes pour piste sèche. Néanmoins le septuple Champion du Monde ralentit plus qu'autre chose les deux anglophones, et dut baisser pavillon face à Webber et Button. Ce dernier, dans le feu de l'action, en avait profité pour également déborder l'Australien. Il ne manquait plus que Vettel...

L'Allemand avait déjà bien entamé son chemin pour devenir à nouveau Champion du Monde et pouvait donc se permettre d'assurer. Ce n'était cependant pas l'intention de Vettel, surtout en voyant la monoplace grise argentée revenir sur lui à vitesse grand V. Le public retint son souffle jusqu'au dernier tour où Vettel glissa à l'extérieur de la trajectoire, où l'humidité était encore de mise. Button n'avait plus qu'à filer !

Une minute plus tard, Button pouvait exploser et fêter comme il se doit sa dixième victoire, la plus belle de sa carrière. Et aux yeux d'Alan Henry, la plus grande victoire du binôme McLaren-Mercedes.