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Les Poulidor de la Formule 1 : Gilles Villeneuve

Gilles Villeneuve

Gilles Villeneuve. Ce nom continue aujourd'hui de susciter les émotions les plus vives, de raviver les souvenirs d'une Ferrari défiant les lois de la physique, avec à son volant l'un des pilotes les plus populaires auprès du grand public. La Formule 1 commençait en effet à trouver son public en cette période charnière où les turbos commençaient à s'imposer et le plateau se remplir de pilotes de plus en plus talentueux.

Avant les luttes impliquant les Mansell, Piquet, Prost et Senna, Villeneuve fut l'un des artisans de la montée en puissance de la Formule 1. Frank Williams lâcha lui-même cette phrase fin 1979 : "Gilles a fait davantage pour la gloire de la F1 que tous les autres pilotes réunis". Encore aujourd'hui, son duel de Dijon avec Rene Arnoux représente la quintessence de la bataille roue contre roue en Formule 1.

Flamboyance contre intelligence

Comme Peterson, Villeneuve n'était pas le plus complet des pilotes : il misait tout sur l'instant présent et ne calculait rien, ce qu'il assumait totalement : il préférait se battre à fond pour gagner quitte à y laisser des plumes plutôt que d'assurer une deuxième place. Une attitude qui ne pouvait qu'être populaire aux yeux du public mais pas nécessairement d'une grande aide au moment de jouer un championnat du Monde.

Le débat fait encore rage entre ceux qui louent la combativité d'un Canadien qui gaspillait des points mais assurait le spectacle et ceux qui considèrent qu'à cause de cela, Villeneuve ne méritait pas nécessairement un titre mondial... Ce qui est vrai, c'est que cela l'a pénalisé au cours de l'année qui aurait dû le voir Champion. C'était en 1979.

La Ferrari 312T4 n'était certes pas la plus esthétique mais elle permettait de combiner efficacement le V12 "boxer" et l'effet de sol imposé par Lotus l'année précédente. De plus, elle était d'une fiabilité tout à fait convenable. Du moins pour un pilote sachant économiser la mécanique... C'était le cas de Jody Scheckter, chien fou à ses débuts mais s'étant assagi avec l'expérience. N'ignorant pas que son nouvel équipier n'en était pas encore là, le Sud-Africain compta d'autant plus sur sa régularité, et remporta le championnat.

"Mener ou crever"

Là encore, beaucoup se demandent si Villeneuve méritait tant que cela le titre. D'un côté, il prouva qu'il dépassait Scheckter en vitesse pure en couvrant plus de tours en tête et en signant davantage de records du tour. De l'autre, il usa sa mécanique jusqu'à l'abandon à plus d'une reprise. Avec quatre points de retard au baisser du rideau sur son équipier, cela eut son importance.

La réponse se trouve sans doute dans l'un des moments les plus célèbres de sa carrière : Zandvoort 1979 et ce fameux tour sur trois roues où Villeneuve s’époumona à ramener sa Ferrari blessée aux stands tout en semant sa roue et sa suspension dans l'aventure. Pour les uns, c'était la preuve par neuf que le Canadien n'avait pas l'intelligence de course nécessaire pour l'emporter : il fonça sans coup férir alors qu'il sentait que ses pneus étaient en fin de vie. Pour les autres, il s'agissait de l'ultime démonstration du jusqu'au boutisme du 'Petit Prince" qui méritait bien la récompense suprême.

Pourquoi ce moment de bravoure ou d'inconscience alors ? Le Québécois l'expliqua en ces termes : "Si j'avais reculé en deuxième position [derrière Alan Jones qui le menaçait], on m'aurait probablement ordonné de laisser ma place à Jody [Scheckter]. Ils ne l'auraient jamais fait si j'étais resté en tête. Je n'avais donc pas le choix, c'était mener ou crever".

"Notre ami Villeneuve"

En effet, grâce à son expérience et ses nombreuses victoires, Scheckter était le premier pilote par contrat et menait le championnat devant Villeneuve et la Ligier de Jacques Laffite. Après Zandvoort, il suffisait à Scheckter de gagner devant les Tifosi à Monza pour s'assurer le titre mondial. Ce qu'il fit avec l'adoubement de Villeneuve qui se tint à carreau derrière lui, comme Peterson douze mois plus tôt. En retour, Scheckter promit à son équipier, qui était également devenu son ami, de lui renvoyer l'ascenseur en 1980.

L'Histoire voulut que l'ascenseur reste toujours au même étage : la Ferrari fut dépassée en 1980 et dompta assez mal le V6 turbo en 1981. A l'image de Peterson avec Lotus en 1974, la Scuderia pouvait remercier Villeneuve pour ses succès de Monaco et Jarama : seul Villeneuve était capable d'imposer sa monoplace désarçonnée par la brutalité du turbo. A côté, Didier Pironi, pilote brillant mais moins instinctif et donc plus vulnérable, fit de la figuration.

Ce ne fut pas le cas l'année suivante où il l'emporta à Imola malgré les consignes. La suite est connue... Alain Prost, qui eut le temps de fréquenter le Québécois, lui rendit hommage en ces termes

"Notre ami Villeneuve s'était tué [...] . Gilles avait suscité l'enthousiasme par son adresse exceptionnelle, sa générosité de tous les instants, et sa sincérité. C'était un très grand bonhomme, déjà presqu'une légende de son vivant, et que tout le milieu de la Formule 1 respectait unanimement".

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