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Les Poulidor de la Formule 1 : Michele Alboreto

L'Italie attend toujours un successeur à Alberto Ascari : depuis 1953, aucun pilote transalpin n'a réussi à décrocher la couronne mondiale

L'Italie attend toujours un successeur à Alberto Ascari : depuis 1953, aucun pilote transalpin n'a réussi à décrocher la couronne mondiale. Pourtant, les grands talents ne manquaient pas mais ceux-ci ont souvent joué de malchance : les jeunes pousses telles que Luigi Musso, Lorenzo Bandini ou Ignazo Giunti ont été fauchées en pleine ascension. D'autres ne manquaient pas de talent mais n'en possédaient peut-être pas assez pour sortir du lot, tels que Bruno Giacomelli ou Teo Fabi.

Pourtant, certains ont fait mieux que se défendre face aux meilleurs et Michele Alboreto est de ceux-là. L'Italien a pourtant débarqué en plein milieu des années turbo, en compagnie des Prost, Mansell, Piquet et autres Senna. Il y avait donc peu de place pour se démarquer mais Alboreto réussit à se distinguer et même se poser en candidat crédible pour le titre mondial.

De la pente ascendante...

Grand découvreur de talent avant que Minardi ne remplisse ce rôle, Ken Tyrrell lui mit le pied à l'étrier en 1981 et il tira immédiatement le meilleur parti des monoplaces de l'ancien marchand de bois. L'équipe était déjà loin de son âge d'or de l'époque Stewart : outre un effectif ne dépassant pas la trentaine d'employés, elle dut carrément vendre son motorhome pour disposer de bons pneus en seconde moitié de saison 1982 ! Dans ces conditions et sans un moteur turbo, il fallait compter sur les circuits urbains et la vista de son pilote de pointe pour briller.

Alboreto ne se fit pas prier : il remporta la manche finale de Las Vegas en 1982 après la défaillance des deux Renault et doubla la mise en 1983 à Détroit. Ce succès reste dans l'histoire comme le dernier d'une Tyrrell et l'ultime trophée pour le modèle original du Ford Cosworth, le DFV (Double Four Valve). Ayant fait ses preuves, Alboreto était prêt pour un top team. Désireux de voir un pilote transalpin décrocher le Graal en rouge avant de s'éteindre, Enzo Ferrari le recruta au détriment de Patrick Tambay qui faisait pourtant jeu égal avec Rene Arnoux.

Après une année 1984 où Alboreto fit au moins aussi bien face au Français (avec un troisième succès à Zolder où il mena de bout en bout), 1985 fut son apogée : d'une régularité exemplaire, l'Italien monta huit fois sur le podium en dix courses ! La McLaren Porsche de Prost dominait moins son sujet que l'an passé, permettant ainsi à Alboreto de mener le championnat durant six Grands Prix. On se prit alors à rêver...

C'est alors que sa Ferrari perdit inexplicablement pied, en fiabilité comme en performance : les Top 5 en qualifications se firent plus rares avec une seizième place aux Pays-Bas et une quinzième position à Brands Hatch ! Pire encore, Alboreto renonça lors des cinq dernières courses, lui qui n'avait abandonné qu'une seule fois cette année-là. Inutile de dire que Prost et sa McLaren eurent le temps de prendre le large et de conquérir le titre mondial, ce deux courses avant la fin. Alboreto s'assura malgré tout du titre de vice-champion.

... à la pente savonneuse

Plus jamais Alboreto ne fit aussi bien et on ne sut jamais réellement pourquoi. Ken Tyrrell le retrouva en 1989 après trois saisons globalement anonymes pour la Scuderia. Certes, Ferrari ne fut jamais en mesure de lutter pour le titre mais Stefan Johansson le concurrença davantage qu'en 1985 avant que Gerhard Berger, autre grand espoir qui se brûla les ailes face aux meilleurs, ne prenne le dessus. Il était donc temps de changer d'air.

Tyrrell avança l'idée que les luttes politiques de Ferrari ont probablement usé son ancien poulain et que la paternité l'aurait davantage déconcentré que la majorité. Alboreto retrouva cependant de l'allant avec un podium encourageant au Mexique... avant de se brouiller avec son patron. Un conflit contractuel puisque l'équipe s'engagea avec Camel là où l'Italien était lié par contrat avec Marlboro. C'est du moins ce qui a été dit car là encore, rien n'est moins sûr.

La carrière de l'Italien ne s'interrompit pas pour autant mais elle se termina dans l'anonymat avec de poussives Lola, Footwork (malgré une belle régularité en 1992) et Minardi. Retiré fin 1994, il se refit une santé en Endurance en remportant les 24 Heures du Mans en 1997 et les 12 Heures de Sebring en 2001. Hélas, un ennui mécanique sur son Audi lui fut fatal lors d'essais au Lausitzring la même année.

Cet accident priva ainsi le sport automobile d'un pilote "vindicatif, acharné et motivé au delà de tout" et d'un homme "sérieux, calme, gentil et courtois" selon son rival de 1985, Alain Prost.

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