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Les Poulidor de la Formule 1 - David Coulthard

Au jeu de "quelle nation a remporté le plus de titres en Formule 1 ?", c'est la Grande-Bretagne qui l'emporte : dix de ses représentants ont décroché le Saint Graal

Au jeu de "quelle nation a remporté le plus de titres en Formule 1 ?", c'est la Grande-Bretagne qui l'emporte : dix de ses représentants ont décroché le Saint Graal. De Mike Hawthorn à Jenson Button, de James Hunt à Lewis Hamilton en passant par Nigel Mansell ou John Surtees, sans oublier les Hill père et fils, il n'y a guère que la décennie des années 80 pour ne trouver aucune trace d'un titre acquis par un Britannique.

Cependant, on parle ici de Grande-Bretagne et non d'Angleterre. Si les huit noms cités ici sont bien issus de la Perfide Albion, ce serait oublier que les grands Jim Clark et Jackie Stewart tiennent leurs racines de l’Écosse voisine. Les "Scots" n'ont donc pas à rougir en comparaison. Hélas pour eux, aucun n'a succédé depuis à Stewart. Ce n'était pourtant pas faute d'essayer pour David Coulthard.

Aujourd'hui brillant commentateur-consultant pour la télévision anglaise, "DC" a connu une longue carrière qui, titre mondial manquant ou non, est totalement estimable : 13 victoires, 12 pole positions, 18 meilleurs tours, 62 podiums et 535 points, ce qui était un temps le record pour un Britannique avant que le barème actuel ne permette à Lewis Hamilton et Jenson Button de prendre les devants.

Comme ses prédécesseurs, Coulthard n'a pas toujours été au bon endroit au bon moment mais il a surtout été rejeté dans l'ombre d'un gros calibre, presque malgré lui.

Numéro 2 par défaut

Bien qu'il ait toujours manqué le titre, que ce soit en F3 Britannique ou en F3000, le talent de Coulthard avait déjà été repéré par Williams qui en avait fait son pilote d'essais, comme Damon Hill avant lui. Pourtant, ceux-ci n'étaient pas encore totalement convaincu par l'Ecossais. En effet, lors de l'accident mortel d'Ayrton Senna à Imola en 1994, il n'était pas le premier choix de l'équipe... ni le deuxième... ni même le troisième ! Frank Williams envisageait plutôt de sortir Alain Prost et Ricardo Patrese de leur retraite, sans succès. Heinz-Harald Frentzen préféra rester fidèle à Sauber, alors que Nigel Mansell était retenu par ses contrats aux Etats-Unis... du moins dans un premier temps.

Résultat, Coulthard débuta à Barcelone, tandis que son patron fit preuve d'humour anglais au moment de justifier l'engagement de son protégé par défaut : "Il a une superbe petite amie !". Le rookie ne se laissa pas démonter puisqu'il tint la dragée haute à Hill en Belgique, manqua la seconde place à Monza avant une panne d'essence et céda la victoire à son équipier au Portugal. Mansell aura beau remporter le bouquet final à Adélaïde, Williams en a assez vu : Coulthard sera conservé pour 1995.

S'il finit derrière Hill au championnat, c'est davantage à cause d'erreurs de jeunesse évitables, comme son accident dans l'entrée des stands d'Adélaïde, ou son tête-à-queue dans... le tour de formation de Monza ! Mais en vitesse pure, DC répondait présent en enchaînant les poles et en remportant sa première victoire à la régulière à Estoril, devant Michael Schumacher et son équipier, ce qui n'était pas rien. L'avenir semblait donc doré pour Coulthard, surtout avec une Williams et un moteur Renault au sommet et le départ de Schumacher chez Ferrari, alors encore en reconstruction.

Trop gentil pour gagner ?

Sauf que Coulthard quitta Williams pour McLaren, autre grande équipe qui cherchait à regagner les sommets. Un choix purement financier, influencé par son manager de l'époque. Ainsi, là où Damon Hill et Jacques Villeneuve s'ajoutèrent au palmarès mondial, Coulthard rongea son frein le temps que Mercedes ne trouve la formule magique et que l'équipe n'attire Adrian Newey dans ses rangs. Deux saisons et deux victoires plus tard, le team McLaren était prêt.

C'était sans compter sur un handicap de poids : Mika Häkkinen. Le Finlandais avait frôlé la mort fin 1995 et en était ressorti grandi mentalement parlant. Ayant manqué à plus d'une reprise la victoire à cause d'un bloc Mercedes encore fragile, il toucha enfin au but à Jerez, en 1997, après que Villeneuve lui ait ouvert la porte, étant assuré du titre... et après que l'équipe ait ordonné à Coulthard de laisser passer son équipier.

Un geste que l'Ecossais n'a jamais réellement compris, et d'autant plus frustrant que pour l'ouverture en 1998, on lui intima à nouveau l'ordre de laisser passer Häkkinen ! Certes, il s'agissait cette fois de corriger une erreur (le Finlandais était passé une fois de trop aux stands suite à une mauvaise compréhension radiophonique), mais l'Ecossais se sentit floué, d'autant que l'équipe semblait davantage concentrée sur son équipier. McLaren jura tout le long que l'équipe traitait ses pilotes de manière égale mais le mal était fait. Si elle n'empêcha pas son pilote de gagner devant son équipier, comme à Spa en 1999, il n'empêche que Coulthard se retrouva malgré lui dans la peau d'un N°2.

Résultat, alors qu'il disposait de la meilleure machine, le titre lui échappa là où Häkkinen fit main basse sur la couronne deux années de suite. Il pensait toucher au but en 2000 en tenant tête à Schumacher autant sur la piste que dans les médias, à une époque où l'Allemand multipliait les départs "en diagonale" pour rattraper des envols manqués. Le tout, non sans

échapper à la mort après un accident d'avion

.

Hélas, le retour en force de Hakkinen à partir de la mi-saison rejeta à nouveau Coulthard dans l'ombre. Il était alors trop tard car en 2001 : Ferrari avait définitivement pris la direction des opérations et n'allait plus la lâcher de sitôt.

"Gentleman DC"

Ce n'est pourtant pas le talent qui manquait à Coulthard. Häkkinen lui rendit hommage à plus d'une reprise, de même que l'équipe. Il est vrai que l'écart entre les deux était moins flagrant que celui séparant Eddie Irvine puis Rubens Barrichello de Schumacher au même moment. Le Finlandais semblait cependant plus en phase avec la monoplace et l'équipe, et il fallut attendre son départ pour que l'équipe ne se concentre davantage sur l'Ecossais, enfin N°1.

C'était hélas trop tard : Ferrari écrasa tout sur son passage tandis que Kimi Räikkönen, nouveau venu chez McLaren, mena la vie dure à son équipier. Le système de qualifications sur un tour imposé en 2003 acheva Coulthard pour de bon : échaudé par une erreur à Imola, il pêcha par excès de conservatisme par la suite et s'élança souvent de trop loin pour espérer briller. Un dernier succès acquis par opportunisme à Melbourne en 2003 n'y changea rien : sa chance était passée.

Néanmoins, Coulthard sut se refaire une santé chez Red Bull, repreneur d'une équipe Jaguar moribonde et alors partisan d'une F1 plus fun. Son contrat ne stipulait qu'une chose : ne pas dire de mal de la boisson ! Ce n'était pas un problème pour DC, qui en consommait depuis longtemps et qui porta un temps l'équipe à bout de bras grâce à son expérience et une pointe de vitesse encore parfaitement valable. Red Bull lui doit son premier podium à Monaco en 2006 (avec la cape de Superman pour promouvoir le dernier film de la franchise), l'arrivée d'Adrian Newey dans leurs rangs, et quelques performances de valeur comme au Japon 2007 sous une pluie intense, ou au Canada en 2008 sur une piste en lambeaux.

Après des années de spéculation, DC annonça lui-même sa retraite courant 2008, sentant qu'il était temps de passer le flambeau. Ironie du sort : alors qu'un certain Sebastian Vettel lui succéda, Red Bull trouva enfin la clé du succès l'année suivante. S'il ne put profiter de ce nouvel élan, nul doute que Coulthard y a contribué de près. Le tout, avec un esprit sportif sans faille qui le vit publiquement s'excuser pour ses critiques sur Schumacher en 2000 ou encore ramasser de son propre chef des débris sur la piste en 2005 à Budapest. A défaut de titre mondial, DC acquit le respect de tous, ce qui est déjà une victoire en soi.

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