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Les Poulidor de la Formule 1 : Heinz-Harald Frentzen

Une règle est immuable, en F1 comme ailleurs : le talent ne suffit pas

Une règle est immuable, en F1 comme ailleurs : le talent ne suffit pas. Certains ont réussi à en tirer le meilleur parti au bon moment, d'autres ont attendu (ou ont dû attendre) d'être au bon endroit au bon moment pour récolter les fruits de leur dur labeur. Ce fut le cas de Nigel Mansell, Damon Hill ou Jacques Villeneuve qui ont remporté le titre mondial au volant d'une Williams dominatrice durant la décennie 1990. On s'attendait alors à ce que Heinz-Harald Frentzen s'ajoute à la liste, mais l'Allemand a pris tout le monde à contre-pied...

Beaucoup promettaient le plus bel avenir qui soit à Frentzen. Ce dernier faisait partie de la Junior Team Mercedes qui comptait dans ses rangs l'Autrichien Karl Wendlinger et un autre allemand nommé Michael Schumacher. A ce moment, on estimait que le premier était le plus prometteur du lot. On sait ce qu'il advint de Schumacher à partir de 1991 tandis que Frentzen choisit, contre l'avis de Mercedes, de partir tenter sa chance au Japon, retardant ainsi son explosion au plus haut niveau.

Trois ans plus tard, Sauber le recruta pour seconder Wendlinger : Peter Sauber dirigeait l'Allemand en Endurance et n'avait pas oublié son coup de volant. Frentzen lui donna raison en finissant cinquième dès son second Grand Prix. Frank Williams en prit bonne note et lui proposa le baquet de la Williams N°2 après le Grand Prix de Saint Marin. Frentzen refusa par honnêteté envers Sauber. Une décision qu'il n'a jamais regrettée.

"Même en sachant que j'aurais augmenté ma valeur en pilotant une bonne voiture, je ne changerais rien. Mon caractère ne me le permettrait pas. Ce serait aller contre ma nature", confia t-il à F1 Racing en 2003. "J'ai des principes définis qui dictent mon caractère et je ne peux rien y faire".

"Nous pouvons en parler des heures mais ce qui est le plus important pour moi, c'est de pouvoir aller dans ma salle de bain tous les matins, me regarder dans le miroir et être content de ce que je fais. C'est primordial. Peut-être que d'autres n'ont pas besoin de cela pour vivre, moi si".

Du point de vue sportif, cela ne lui rendit pas service pour autant. Sauber ne brilla que par intermittence durant ces trois premières années, ce qui ne rendait guère justice au talent de Frentzen. Il composa sans problème avec les expérimentés Andrea de Cesaris et Johnny Herbert, ainsi que le débutant Jean-Christophe Bouillon, mais son meilleur résultat se résuma en une troisième place à Monza, en 1995. Williams revint à la charge pour 1997 et Frentzen accepta de venir cette fois-ci.

Hélas pour lui, son passage chez Williams est la preuve qu'être dans la meilleure équipe au bon moment ne suffit pas : l'Allemand ne trouva jamais sa place dans l'équipe de Sir Frank et Patrick Head. Comme Alain Prost et Ayrton Senna avant lui, Frentzen constata rapidement que l'équipe ne cherchait pas à mettre le pilote en confiance en le traitant comme un employé de plus. Le résultat ne s'est pas fait attendre : 42 points contre 81 pour son équipier Jacques Villeneuve, qui remporta le titre mondial au détriment de Schumacher et sa Ferrari. A ce moment, on se disait que, des deux allemands, le plus rapide n'était peut-être pas celui que l'on croyait...

Fin 1998, alors que Williams entamait une période de transition entre le départ de Renault et le retour de BMW, on pensait Frentzen fini. Eddie Jordan recruta alors le pilote qu'il avait pris sous son aile en formules de promotion. Son équipe était sur la pente ascendante en ayant remporté sa première victoire en Belgique avec Damon Hill. La suite dépassa toutes les espérances : Frentzen accumula les places d'honneur et les podiums et remporta deux victoires, dont une sous la pluie en France, après un accident qui lui avait fissuré les deux genoux à Montréal !

Les erreurs de McLaren et Mika Häkkinen avaient resserré la lutte pour le titre, si bien qu'à trois courses du but, l'Allemand était un prétendant crédible à la couronne mondiale ! Hélas, le conte de fée toucha rapidement à sa fin : après une pole méritante au Nurburgring, une panne électrique le stoppa dans sa lancée en course. Jordan ne retrouva jamais un tel niveau les années suivantes, en pêchant notamment par manque de fiabilité. Pour ne rien arranger, une dispute entre le patron et son pilote mena à un divorce retentissant, juste avant Hockenheim en 2001.

Les petits teams

Frentzen ne baissa pas les bras pour autant en tirant Prost puis Arrows vers le haut alors que les deux équipes étaient à sec financièrement : il se qualifia quatrième à Spa en 2001 avec les Bleus et accrocha deux points en 2002 sur l'originale A23. Il termina sa carrière en F1 chez Sauber et boucla la boucle avec le dernier podium de l'équipe avant son rachat par BMW, à Indianapolis.

"Je peux toujours me consoler en me disant que je suis le champion moral 1999 si cela aide..." plaisanta t-il en 2003. "Mais ça n'aide pas, donc je ne m'en fais pas trop [...]. J'essaie de faire mon travail du mieux possible. J'ai toujours essayé de me donner à 100% avec toutes les équipes pour lesquelles j'ai piloté. Cela aurait été sympa de gagner un titre mondial, mais il y a une chance très limitée d'avoir le bon équipement au bon moment".

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