Comment Lewis Hamilton a évolué en 10 ans chez Mercedes

Voilà plus de dix ans que Lewis Hamilton a rejoint Mercedes, et forcément, il n'est plus le même pilote qu'à l'époque. Voici comment il a évolué depuis, selon Andrew Shovlin, directeur de l'ingénierie piste à Brackley.

Lewis Hamilton, Mercedes AMG

Photo de: Alastair Staley / Motorsport Images

Lorsque Lewis Hamilton a rejoint Mercedes en provenance de McLaren pour la saison 2013, sa septième en Formule 1, il n'avait qu'un titre mondial et 21 victoires à son actif. Dix ans plus tard, le septuple Champion du monde est le pilote le plus victorieux de tous les temps avec pas moins de 103 succès à son nom.

Cependant, le palmarès de Hamilton n'est que la partie émergée de l'iceberg. À 38 ans, il fait figure de vétéran avec peut-être une sagesse dont il ne pouvait se targuer lorsqu'il a rejoint la structure de Brackley. Surtout, son expérience s'avère particulièrement précieuse quant à son retour technique, mais aussi à son implication dans le travail de l'équipe en général, affirme Andrew Shovlin, directeur de l'ingénierie piste.

"Cela fait maintenant longtemps que je travaille avec Lewis, et ce pilote a une incroyable aptitude à sentir ce que fait la voiture", déclare Shovlin à Motorsport.com. "Si l'on peut mettre la voiture au niveau où elle doit être, nous savons parfaitement bien de quoi il est capable. Et nous avons travaillé ensemble suffisamment longtemps pour pouvoir nous dire les choses franchement."

"Nous aimons tous à penser que nous progressons au fil de notre carrière, et si nous avions su il y a dix ans ce que nous savons aujourd'hui, je pense que nous aurions tous eu plus de succès. Lewis, en tant que pilote, consacre beaucoup d'efforts à chercher d'où va venir cet avantage. C'est son amour de la victoire qui engendre cette quête constante de la manière dont il peut aborder une saison en étant un pilote encore meilleur que lors de la précédente. Il ne veut pas être battu."

"Il est désormais très impliqué dans le processus d'ingénierie, il parle à tous [les départements] – tels ceux de l'aérodynamique et de la dynamique du véhicule. Il connaît très bien tous les membres de l'équipe et il sait où aller pour poser des questions et donner du feedback. En fin de compte, nous résolvons les problèmes tous ensemble."

Lewis Hamilton, Mercedes-AMG, Andrew Shovlin, directeur du département moteur, Mercedes AMG

Lewis Hamilton et Andrew Shovlin

Shovlin précise : "Je pense que le mécanisme selon lequel il cherche toujours à progresser a toujours existé, la différence est qu'il s'est rendu compte de tout ce qu'il pouvait tirer de l'équipe et de son entourage pour contribuer à cette phase d'apprentissage et d'amélioration. C'est ça le truc : il est de plus en plus à l'aise, bien installé dans l'équipe ; il va volontiers parler à différentes personnes de différents domaines, avec confiance. Il s'appuie sur les ressources de manière plus efficace. Mais en fin de compte, s'il trouve un domaine où il pense ne pas être suffisamment bon, il résout le problème en travaillant dur."

"La quantité de travail que doit faire un pilote de nos jours en dehors de la voiture… comprendre ce que vont faire les pneus, ce qu'il doit faire pour bien les gérer, comment les mettre à la bonne température en qualifications : cette charge de travail est bien plus élevée que jamais auparavant. Et très souvent, on voit Lewis être l'un des derniers pilotes, voire le dernier, à quitter le paddock. Il s'assure avec obstination de savoir ce qu'il doit faire."

La W13 lui a donné du fil à retordre

Après avoir remporté sept titres mondiaux consécutifs et en avoir perdu un huitième de manière litigieuse, Lewis Hamilton ne s'attendait pas à la saison compliquée qu'il allait vivre en 2022. En témoigne sa réponse quelque peu agacée, lors des essais hivernaux, à un journaliste qui lui demandait s'il craignait que la nouvelle Mercedes ne lui permette pas de jouer la victoire et le titre mondial.

"Pourquoi est-ce que je penserais ça ? On a gagné huit [titres] d'affilée. Pourquoi est-ce que j'aurais ce sentiment ?" Quant à la suggestion que son écurie puisse commettre une erreur dans la conception de la voiture : "Mon équipe ne fait pas d'erreurs. Bien sûr, il y a toujours un risque, mais nous ne faisons pas d'erreurs."

Hamilton s'était manifestement habitué à la suprématie de Mercedes, et à l'époque, sa réponse ne paraissait pas si saugrenue. Finalement, la marque à l'étoile a bel et bien commis une erreur fondamentale dans le concept de sa W13, notamment victime d'un marsouinage chronique, et le Britannique a vécu sa première saison sans victoire.

Lewis Hamilton, Mercedes AMG

Lewis Hamilton (Mercedes)

Forcément, l'ambiance était tendue à Brackley, mais Shovlin estime que l'équipe en est ressortie plus forte. "En début d'année, aucun doute : que l'on parle de la relation de Toto avec l'équipe d'ingénierie ou de la relation des ingénieurs avec Lewis, il y avait beaucoup de stress, de pression et d'anxiété, ainsi que des conversations difficiles, car nous n'avions simplement pas fait un assez bon travail", admet-il.

"Je crois que ça a été particulièrement difficile pour Lewis à la suite de 2021. Il savait comment il voulait réagir en 2022, et nous n'avons pas été capables de lui donner une voiture qui lui permette de jouer ce rôle. C'était assurément une période difficile, mais je pense que ce processus a été bon pour l'équipe."

"L'une des choses les plus difficiles pour nous était de nous serrer les coudes et de travailler ensemble, ce que nous avons réussi, et je pense que cette expérience nous servira à l'avenir. Une telle voiture délicate après une série de succès est assez difficile à gérer pour une écurie ; il s'agit de comprendre, parmi ce que l'on fait collectivement, ce que l'on doit continuer à faire et ce qui n'est pas suffisamment bon et qu'il faut changer. Nous avons mené ce processus pendant une bonne partie de l'année."

Ainsi, malgré les tracas parfois majeurs de l'an passé, Shovlin a bon espoir de renouer avec le succès. "Il y a eu des moments difficiles où nous savons que la voiture que nous leur donnions – à Bakou, à Montréal, à Imola, lors de toutes ces courses-là – était quasiment dangereuse. Alors on se focalise sur le fait de se sortir de cette situation et de commencer à leur donner quelque chose avec quoi ils peuvent vraiment faire la course de nouveau."

"Toute l'équipe a traversé beaucoup de choses avec Lewis, et c'est super d'avoir un pilote si expérimenté lors d'une année si compliquée. Espérons avoir désormais traversé le pire de ces difficultés et pouvoir relever le défi suivant : nous battre pour revenir aux avant-postes et jouer le titre mondial."

Propos recueillis par Alex Kalinauckas

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