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Lewis Hamilton a vécu un racisme "traumatisant" à l'école

Lewis Hamilton évoque son enfance, une période qui n'a pas été facile pour lui en raison du racisme auquel il était confronté.

Lewis Hamilton, Mercedes W13

Photo de: Erik Junius

Septuple Champion du monde de Formule 1, Lewis Hamilton a grandi à Stevenage, au cœur de l'Angleterre des années 1990. Cette expérience n'a manifestement pas été la plus agréable qui soit pour lui.

Fils d'Anthony Hamilton, dont la famille était originaire de l'État antillais de la Grenade, et de Carmen Larbalestier, qui venait de Birmingham, Lewis s'est épanché dans un podcast avec Jay Shetty sur le racisme qu'il a rencontré, notamment dans le cadre scolaire.

"L'école a probablement été la partie la plus traumatisante et difficile de ma vie", a confié le Britannique. "J'étais déjà harcelé à l'âge de six ans. À l'époque, dans cette école, je crois qu'on était trois enfants de couleur. Il y avait des petites brutes, ils étaient plus grands, plus forts, et ils me maltraitaient souvent."

"J'étais toujours le dernier choisi. Que ce soit sur le terrain de jeux ou lors de la composition des équipes de football, j'étais toujours le dernier choisi – ou bien je n'étais même pas choisi. Même si j'étais meilleur qu'un autre. On me lançait des bananes, on me traitait de nègre de manière tout à fait détendue. On me traitait de sang-mêlé. Je ne savais pas vraiment où était ma place. Ça, pour moi, c'était difficile."

"En cours d'histoire, il n'y avait pas de personnes de couleur dans tout ce qu'on nous apprenait. Alors je me demandais : 'Où sont les gens qui me ressemblent ?'. Dans mon école, il n'y avait probablement que six ou sept enfants noirs sur 1200, et trois d'entre nous étions envoyés devant le bureau du principal en permanence. Le principal nous avait dans le collimateur – surtout moi, je dirais."

Lewis Hamilton, Mercedes W13

Lewis Hamilton (Mercedes)

Or, Hamilton ne considérait pas sa mère comme étant à même de comprendre les épreuves qu'il traversait et ne souhaitait pas décevoir son père. "Il y a beaucoup de choses que j'ai refoulées car je n'avais pas le sentiment de pouvoir, en rentrant chez moi, dire à mes parents que je me faisais tout le temps traiter de nègre, que je me faisais harceler et tabasser, ou que je n'étais pas capable de me défendre", a ajouté l'Anglais. "Je ne voulais pas que mon père pense que j'étais faible. Alors si j'avais envie de pleurer, je me retenais. Si j'avais des émotions, je m'isolais."

"Mon père a toujours été cette sorte de roc, quelqu'un qui me ressemblait et qui disait : 'Exprime-toi en piste. Ne te laisse pas distraire par ça. N'écoute pas ce qu'ils disent. Fais tes preuves en piste, soyons discrets et sortons-en vainqueurs'."

"Mon père aussi a été confronté à l'adversité tout au long de sa vie, et il voulait faire tout ce qui était en son pouvoir afin que son enfant ait une meilleure vie et ne vive pas les expériences qu'il avait connues. Mais je pense que c'était aussi difficile pour moi. Je suis métisse, ma mère est blanche et mon père est noir. Je savais que mon père allait me comprendre concernant les injures racistes qu'on me lançait mais que ma mère ne pouvait pas me comprendre, alors je ne pouvais pas vraiment en parler à ma mère. Elle était aimante, mais elle n'avait jamais été sensibilisée à ça. Elle ne savait rien de l'histoire des noirs et de l'esclavage. Alors c'était très compliqué. Mais j'étais aimé, c'était le plus important."

Le monde du sport auto n'est évidemment pas immunisé contre le racisme, l'épisode le plus médiatisé étant survenu au Grand Prix d'Espagne 2008 à la suite de la rivalité entretenue par Hamilton avec son coéquipier Fernando Alonso chez McLaren l'année précédente. Des spectateurs s'étaient grimés en noir, arborant des tee-shirts "Hamilton's family".

Nicolas Hamilton, harcelé à son tour

Le poleman Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, avec son frère Nicolas Hamilton

Lewis Hamilton félicité par son frère Nicolas après avoir signé la pole position du Grand Prix des États-Unis 2017

Pendant ce temps, de sept ans le cadet de son demi-frère Lewis, Nicolas Hamilton n'a pas eu la vie facile non plus, lui qui a de surcroît dû composer avec une infirmité motrice cérébrale. À cause de ce handicap, il a longtemps dû utiliser un fauteuil roulant et a été victime de harcèlement lorsqu'il est entré au collège. Heureusement, il a alors pu compter sur le soutien de Lewis.

"C'est vers mon frère que je me suis tourné quand j'ai commencé à avoir des problèmes", a relaté Nicolas Hamilton dans le podcast In The Pink en 2020. "J'ai dit : 'Lewis, qu'est-ce que je peux faire ? Il y a ces jeunes qui se foutent de ma gueule parce que je suis en fauteuil roulant'. Il m'a répondu qu'il fallait juste que je reste moi-même. Il a dit : 'Si les gens se moquent de ton fauteuil, pourquoi pas le rendre cool et faire des trucs cool avec ?'. Il m'a appris à faire des wheelies et d'autres trucs dans mon fauteuil, je suis presque devenu comme le skateur Tony Hawk avec mon fauteuil, j'ai commencé à sauter des marches et à essayer d'être cool. Cela m'a aidé à traverser ça. Ce moment m'a forgé le caractère, je suis donc content de l'avoir vécu."

Nicolas Hamilton a d'ailleurs salué ce qu'a accompli son frère d'un point de vue aussi bien sportif que sociétal, avec son militantisme au sein du mouvement antiraciste Black Lives Matter ainsi que pour les droits d'autres minorités. "Je ne crois pas qu'il se rende compte à quel point il est important pour moi. Je suis tellement, tellement fier de lui", a-t-il poursuivi. "Quand je vois d'où il vient, un gosse pauvre et noir de peau qui n'a pas beaucoup d'avantages mais qui devient l'un des sportifs les plus influents au monde, ça représente beaucoup pour moi. Je n'arrive toujours pas à y croire : qui sommes-nous pour avoir un tel effet sur les gens ? Nous ne sommes qu'une famille normale."

"Je me rappelle l'époque du karting, les enfants portaient le casque de Michael Schumacher. Quand on leur demandait ce qu'ils voulaient faire quand ils seraient grands, ils disaient vouloir être le nouveau Michael Schumacher. Maintenant, c'est 'je veux être le nouveau Lewis Hamilton'. On voit des casques de Lewis. Le sport auto est plus diversifié, et je pense que c'est grâce à l'impact de Lewis. Tout le monde le connaît, il ne cache pas ce qu'il pense et il a traversé une période où il a dit des choses et commis des erreurs. C'est désormais quelqu'un qui a les pieds sur terre, il est très respectueux. Je suis franchement si fier de lui."

Nicolas Hamilton, pour sa part, court en sport auto depuis 2011 malgré son handicap. Ayant longtemps participé à la Renault Clio Cup UK, il évolue désormais dans le championnat britannique de voitures de tourisme (BTCC), où son meilleur résultat en 117 courses est une 15e place, au volant d'un bolide adapté.

Lire aussi :
Nicolas Hamilton, Yazoo with Safuu.com Racing Cupra Leon

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