La livrée Ferrari sous enquête en Australie

Il est trop tôt pour dire si Ferrari pourrait être amené à utiliser une livrée modifiée à Melbourne, mais les autorités locales se penchent actuellement sur le cas épineux de la publicité subliminale pour le tabac.

Cockpit de la Ferrari SF71H avec sa nouvelle livrée

Photo de: Rubio / Motorsport Images

À un mois du Grand Prix d'Australie, qui ouvrira la saison de Formule 1 à Melbourne, les autorités australiennes ont ouvert une enquête autour de la livrée Ferrari. La version 2019 de celle-ci ne sera dévoilée que le 15 février prochain, mais devrait porter la mention Mission Winnow apparue en fin de saison dernière sur les monoplaces de la Scuderia.

C'est ce point qui pose problème et qui fait l'objet d'investigations, pour déterminer si cette identité visuelle sur la Ferrari ainsi que sur les combinaisons des pilotes est contraire ou non aux lois très strictes sur la publicité liée au tabac en Australie. Révélée par le journal The Age, cette enquête est menée par le département de la Santé australien, par son équivalent dans l'état de Victoria ainsi que par les services sociaux.

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Depuis 2007, le durcissement de la législation contre la publicité liée au tabac a fait disparaître les cigarettiers qui étaient auparavant omniprésents en Formule 1. Néanmoins, Ferrari a toujours conservé le sponsoring du groupe Philip Morris, sans que la marque historique Marlboro ne soit affichée sur les monoplaces.

À la fin des années 2000, la stratégie visuelle consistant à placer un code-barres avait été épinglée, étant jugée comme trop réminiscente de la marque. Avec l'apparition du sigle Mission Winnow, c'est cette même publicité subliminale qui est dans le collimateur australien.

Kimi Raikkonen, Ferrari F2008

La livrée Mission Winnow est apparue à partir du Grand Prix du Japon 2018. Elle avait été justifiée ainsi par Riccardo Parino, vice-président de Philip Moris pour les événements internationaux : "Nous sommes de retour avec une nouvelle initiative, après dix ans d'absence sur une F1 en piste. Il est très important de dire que le logo et la campagne ne sont liés à aucun produit tabagique. Il s'agit de nous. Il s'agit du fait que notre entreprise se transforme, qu'elle va vers des initiatives totalement différentes pour un avenir meilleur."

Une autre enquête est d'ailleurs ouverte depuis l'automne dernier, par l'autorité australienne chargée de la communication et des médias, puisque cette livrée avait été exposée à la télévision du fait de la retransmission des Grands Prix.

Le chirurgien et militant anti-tabac John Cunningham a alerté les autorités australiennes sur la question en dénonçant un "contournement" de la loi par Ferrari et Philip Morris. "Leur site internet rend en fait beaucoup plus clair ce qu'ils essaient de faire et le type d'activités qu'ils mènent", estime-t-il. "Ça n'a rien à voir avec la F1, c'est certain. Les fabricants de tabac admettent enfin que leur seul moyen de survivre économiquement est de rendre les gens dépendants à la nicotine, et ils vont investir de l'argent dans des recherches pour comprendre comment le faire le plus efficacement possible, pas pour le bien de leurs clients dépendants, mais pour leurs profits et leurs actionnaires."

Retrouvez ci-dessous quelques-unes des livrées les plus marquantes de l'Histoire, qui ont vu le jour en raison des interdictions publicitaires sur le tabac. 

Alain Prost, Williams FW15C Renault
Grand Prix de France 1993 : le logo de l'écurie Williams remplace Camel sur le capot moteur.
Nigel Mansell, Williams FW16 Renault
Grand Prix de France 1994 : Toujours chez Williams, c'est cette fois-ci Rothmans qui ne peut pas s'afficher. Mais les couleurs de la marque sont présentes sans écriture, notamment sur l'aileron arrière.
Damon Hill, Williams FW17 Renault
Grand Prix de France 1995 : L'année suivante, il en va de même, avec des rectangles qui remplacent également les lettres de Rothmans sur les flancs des Williams.
Eddie Irvine, Ferrari F310
Grand Prix de France 1996 : Chez Ferrari, après avoir utilisé un procédé semblable à Williams l'année précédente, Marlboro se laisse deviner à travers une charte graphique sans écriture.
Jacques Villeneuve, Williams FW18 Renault
Grand Prix de France 1996 : Williams conserve le procédé utilisé auparavant avec Rothmans.
Mika Hakkinen, McLaren MP4/11 Mercedes
Grand Prix de France 1996 : Marlboro applique la même recette chez McLaren que chez Ferrari.
Michael Schumacher, Ferrari F310B
Grand Prix de France 1997 : Ferrari continue de se priver de Marlboro en France, mais toujours en évoquant ostensiblement la marque sur son capot moteur.
Michael Schumacher, Ferrari F310B
Grand Prix de France 1997 : C'est également le cas au niveau de l'aileron arrière des monoplaces de Maranello.
Jacques Villeneuve, Williams FW19 Renault
Grand Prix de France 1997 : Changement de méthode chez Williams, en revanche, où débute la mode des points d'interrogation.
Jacques Villeneuve, Williams FW19 Renault
Grand Prix de France 1997 : Le procédé s'applique aussi bien à l'aileron arrière qu'aux pontons.
Mika Häkkinen, McLaren
Grand Prix de France 1998 : McLaren fait en revanche le choix de la sobriété, en supprimant purement et simplement le logo West de ses pontons.
David Coulthard, McLaren
Grand Prix de France 1999 : Un an plus tard, l'écurie britannique personnalise en utilisant la charte graphique de West, mais en écrivant le nom de ses pilotes.
Mika Häkkinen, McLaren
Grand Prix de France 1999 : David Coulthard et Mika Häkkinen sont bien entendu logés à la même enseigne.
Damon Hill, Jordan
Grand Prix de France 1999 : Du côté de Jordan, la marque Benson & Hedges laisse provisoirement sa place à un étonnant Buzzin Hornets
Ricardo Zonta et Jacques Villeneuve, BAR 01-Supertec
Grand Prix de Belgique 1999 : À Spa, les BAR bicolores, avec deux cigarettiers pour sponsor, modifient la présence de 555 d'un côté et de Lucky Strike de l'autre.
Jacques Villeneuve, BAR Honda
Grand Prix de France 2000 : Le logo circulaire de Lucky Strike est bien présent chez BAR, mais sans inscription à l'intérieur.
Michael Schumacher, Ferrari
Grand Prix de Grande-Bretagne 2000 : Ferrari fait dans le classique pour masquer son partenariat avec Marlboro.
Jean Alesi, Prost
Grand Prix de France 2000 : Le procédé est strictement le même chez Prost, sponsorisé par Gauloises.
Heinz-Harald Frentzen, Jordan
Grand Prix de Grande-Bretagne 2000 : Cette année-là, notamment à Silverstone, Jordan continue sur sa lancée avec Buzzin Hornets à la place de Benson & Hedges.
David Coulthard, McLaren
Grand Prix de Grande-Bretagne 2000 : Chez McLaren, West laisse sa place à David et Mika quand il le faut, comme l'année précédente.
Mika Hakkinen, McLaren Mercedes MP4/16
Grand Prix de Grande-Bretagne 2001 : La recette ne changera pas non plus en 2001.
Olivier Panis, BAR
Grand Prix de Grande-Bretagne 2001 : Chez BAR, Lucky Strike modifie ses logos, et cède son nom de baptême pour une mention "Look Alike" qui fait son effet !
Jarno Trulli, Jordan
Grand Prix de Grande-Bretagne 2001 : En revanche, Jordan innove pour masquer Benson & Hedges, qui devient alors Bitten Heroes.
Jacques Villeneuve, BAR Honda
Grand Prix de France 2001 : BAR, toujours avec Lucky Strike et 555, modifie les logos des marques.
Rubens Barrichello, Ferrari
Grand Prix de France 2001 : Ferrari continue de la jouer classique pour supplanter Marlboro, sur une monoplace d'un rouge presque immaculé !
Olivier Panis, BAR
Grand Prix de France 2002 : En 2002, BAR ne change rien pour masquer le sponsoring de Lucky Strike.
Takuma Sato, Jordan
Grand Prix de France 2002 : Jordan change encore, et supprime uniquement certaines lettres de Benson & Hedges pour adresser le message "Be on edge".
Michael Schumacher, Ferrari
Grand Prix de France 2002 : Ferrari, comme d'habitude sans Marlboro !
Kimi Räikkönen, McLaren
Grand Prix de France 2002 : Chez McLaren, c'est au tour de Räikkönen de voir son nom affiché à la place de West.
Jenson Button,  Renault R202, avec Jarno Trulli
Grand Prix de France 2002 : Pour son retour en F1, Renault retrouve Mild Seven mais passe en mode "Blue World" à Magny-Cours.
Michael Schumacher, Ferrari
Grand Prix de France 2003 : Ferrari laisse le blanc de Marlboro sur son capot moteur.
Jarno Trulli, Renault R23
Grand Prix de France 2003 : Renault la joue plus sobre que l'année précédente en supprimant simplement les logos Mild Seven de sa livrée.
Jenson Button, BAR
Grand Prix de France 2004 : Du côté de BAR, toujours sponsorisé par Lucky Strike, la mode est au code-barres en 2004 !
Giorgio Pantano, Jordan
Grand Prix de France 2004 : Jordan continue son effaçage de lettres sur l'aileron arrière pour faire apparaître "Be on edge" à la place de Benson & Hedges.
Jarno Trulli, Renault
Grand Prix de France 2004 : Renault opte pour la méthode McLaren, et remplace Mild Seven par le nom de ses pilotes.
Michael Schumacher, Ferrari F2005
Grand Prix de France 2005 : Sur les dernières années de présence ostensible de Marlboro, Ferrari modifie quelque peu la manière d'altérer les logos, notamment sur le capot moteur.
Fernando Alonso, Renault
Grand Prix de France 2005 : Le changement de décoration est plus visible encore chez Renault, où l'on se fait plaisir en l'absence de Mild Seven !
Rubens Barrichello, BAR
Grand Prix de France 2006 : Après la mode du code-BAR (!), Lucky Strike retrouve la forme circulaire de son logo en mode défragmenté en 2006.
Fernando Alonso, Renault
Grand Prix de France 2006 : Renault lance en revanche une série de livrées avec des créatures sur les GP où Mild Seven ne peut pas apparaître.
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