Analyse

McLaren peut-il encore réduire l'écart sur Mercedes en 2021 ?

Voilà quatre ans que l'écurie McLaren est en progression constante. Jusqu'où peut-elle aller avant la nouvelle réglementation de 2022 ?

Lando Norris, McLaren MCL35, Valtteri Bottas, Mercedes F1 W11, dans la voie des stands

Photo de: Glenn Dunbar / Motorsport Images

Le Grand Prix d'Abu Dhabi 2020 a été la conclusion d'une bataille acharnée pour la troisième place du championnat des constructeurs. Tout au long de la saison, Ferrari, McLaren, Racing Point et Renault se sont tiré la bourre ; c'est finalement McLaren qui l'a emporté avec 202 points au compteur contre 195 pour Racing Point, grâce à une performance impeccable de Lando Norris et Carlos Sainz à Yas Marina, cinquième et sixième sous le drapeau à damier.

L'événement marquant du week-end, en ce qui concerne les bolides orange, était toutefois la performance qualificative de Norris. Ce dernier n'était qu'à 0"251 de la pole position signée par Max Verstappen, et ce résultat n'a pas manqué d'attirer l'attention de Lewis Hamilton.

"Je suis vraiment content de voir une McLaren si proche", a alors déclaré le septuple Champion du monde, qui a couru pour l'écurie de 2007 à 2013. "Ils font des changements, et ils vont utiliser notre moteur l'an prochain. C'est super de voir qu'ils finissent l'année avec une bonne voiture. Peut-être qu'ils pourront se battre avec nous l'an prochain. Si c'était une bataille à trois équipes au championnat, ce serait génial pour les fans."

Lando Norris, McLaren MCL35

Certes, il convient de rappeler que Norris jouissait d'une unité de puissance neuve quand les Mercedes, par exemple, disposaient de modes moteur conservateurs. Il n'empêche que le contraste avec l'année précédente est frappant : Norris était alors à 1"657 de la pole position à Abu Dhabi. Et en 2018, c'était un gouffre de 2"949 avec Fernando Alonso.

En revanche, sur l'ensemble de la saison, l'écart n'a pas énormément évolué, avec 1,28 seconde entre Mercedes et McLaren en 2019 puis 1,14 seconde l'an dernier. En somme, pas forcément de quoi justifier les espoirs de Hamilton d'une bataille entre les deux écuries, et la structure de Woking en est bien consciente.

"C'est sympa pour nous tous chez McLaren que Lewis, qui a commencé sa carrière avec McLaren et a remporté son premier titre avec McLaren, respecte et regarde les progrès que réalise notre équipe", commente Andreas Seidl, directeur d'équipe. "Mais nous avons une idée claire et réaliste de notre situation. Nous savons qu'il faudra du temps afin de mettre en place tout ce dont nous avons besoin pour faire notre retour aux avant-postes en Formule 1."

"Nous travaillons dur pour améliorer l'organisation de l'écurie, améliorer la manière dont nous travaillons en équipe, mais nous travaillons aussi dur pour réduire le déficit que nous avons du côté des infrastructures par rapport aux top teams actuels en Formule 1. Tant que nous n'avons pas mené à bien ce processus, c'est une réalité. Nous avons une équipe très talentueuse, très motivée, et il nous faut simplement rester concentrés et continuer à travailler."

Zak Brown, PDG, McLaren Racing, et Andreas Seidl, Team Principal, McLaren, sur la grille

Si McLaren, Racing Point et Renault ont pu jouer cette troisième place, c'est en partie grâce à la dégringolade de Ferrari, qui évoluait précédemment aux avant-postes mais s'est retrouvé en difficulté, en particulier sur les circuits requérant beaucoup de puissance moteur. Il n'empêche que McLaren a progressé en termes de performance.

"Nos attentes [pour 2020] étaient de continuer à réduire l'écart sur les leaders", indique Zak Brown, son PDG. "L'écart demeure énorme, mais statistiquement, nous l'avons réduit. Si l'on regarde notre rythme de course et notre rythme qualificatif, nous avons rendu ce grand écart moins grand. Côté compétition, fiabilité et performance, nous avons certainement fait un pas en avant. Je suis très satisfait de ces progrès dans l'ensemble, mais il reste clairement beaucoup de chemin à parcourir."

McLaren espérera notamment bénéficier en 2021 du passage aux unités de puissance Mercedes. Après six ans d'un double intermède quelque peu infructueux avec Honda puis Renault, l'écurie renoue les liens avec la marque à l'étoile, qui la motorisait déjà de 1995 à 2014, période lors de laquelle McLaren a remporté 78 de ses 182 victoires – ses 78 dernières également, même si Carlos Sainz est passé à moins d'une demi-seconde du succès l'an dernier à Monza.

"L'équipe est enthousiasmée par ce partenariat, et Mercedes l'est également à Brixworth [où se trouve le département moteur, baptisé Mercedes High Performance Powertrains]", ajoute Brown. "Il y a beaucoup de gens des deux côtés qui étaient déjà là quand les deux parties gagnaient des courses et des championnats ensemble, beaucoup de gens se connaissent bien."

"De tout ce que l'on m'a dit, on voit à quel point Mercedes est bien préparé à servir ses clients avec sa communication, son calendrier, sa machine bien huilée. Tout ce que m'en dit l'équipe technique, c'est son enthousiasme et la simplicité de cette collaboration. Tout ce que j'entends est très positif."

Zak Brown, directeur exécutif de McLaren, et Toto Wolff, directeur exécutif de Mercedes AMG

Encore faut-il que McLaren compose avec le gel des châssis, en vigueur depuis le 30 septembre jusqu'au terme de la saison 2021. Seuls deux jetons de développement peuvent être utilisés pour mettre à jour les monoplaces, et l'écurie britannique doit employer les siens pour adapter sa monture à la nouvelle unité de puissance. Ainsi, elle a été contrainte d'accélérer le rythme de développement l'an dernier.

"Avec les restrictions que nous avons cet hiver, sans jetons à cause du moteur, nous avons dû travailler d'arrache-pied pour lancer des évolutions que nous aurions probablement faites cet hiver", confirme Seidl. "Cela a mis une intense pression sur l'équipe de développement et de production à l'usine."

"Je suis très content du pas en avant que nous avons pu faire au niveau de la performance au fil de la saison. Cela montre que notre processus de développement, sous la direction de James [Key, directeur technique], fonctionne bien, avec une bonne corrélation entre ce que nous voyons à l'usine en CFD et en soufflerie et ce que nous voyons en piste. Au niveau des développements, je ne dirais pas que c'étaient toujours de petites évolutions. Si l'on regarde notre modification du museau, c'était un grand changement du concept aérodynamique de la voiture."

Avec ses nouveaux investisseurs, McLaren a toutes les cartes en main pour renouer avec la victoire à moyen terme. Il sera probablement compliqué de menacer Mercedes en 2021, mais qui sait ce que pourrait réserver l'ère suivante avec la nouvelle réglementation technique et surtout financière ?

Lando Norris, McLaren MCL35

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