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Mercedes sur Racing Point : "En 2015, Haas avait la Ferrari complète…"

Si Racing Point a été sanctionné par la FIA pour son utilisation d'écopes de frein identiques à celles de la Mercedes W10, l'écurie à l'étoile prend vigoureusement la défense de sa cliente.

Toto Wolff, directeur exécutif, Mercedes AMG

Toto Wolff, directeur exécutif, Mercedes AMG

Andy Hone / Motorsport Images

Les commissaires de la FIA viennent d'infliger à Racing Point une amende de 400'000 € et un retrait de 15 points au championnat des constructeurs pour avoir utilisé en 2020 des écopes de frein plus que similaires à celles de la Mercedes W10 de 2019, alors que le débat est particulièrement animé depuis le début de l'année concernant une RP20 ouvertement inspirée de la monoplace Championne du monde en titre. Cette sanction jugée étonnante par certains concurrents ne fait pas le bonheur de tous.

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Le sujet est complexe dans la mesure où les écopes de freins étaient en 2019 des pièces non listées, dont une écurie peut ainsi acheter la propriété intellectuelle à une autre – ou bien acheter les pièces directement. En 2020, ce n'est plus le cas : chaque constructeur doit produire ses propres écopes de frein.

Mercedes a ainsi fourni à Racing Point les données de ses écopes de frein l'an dernier, ainsi qu'un exemplaire de cette pièce le 6 janvier 2020, mais c'est l'emploi de ce design qui est incriminé, même si l'écurie basée à Silverstone pourra le conserver jusqu'au terme de la saison sans risquer davantage qu'une simple réprimande.

Toto Wolff, directeur de Mercedes, a été prompt à justifier l'approche de Racing Point, qui est également client moteur de la marque à l'étoile… et à rappeler qu'une autre écurie avait une approche similaire il n'y a pas si longtemps.

"Ils n'ont enfreint aucune règle technique, à mon avis", déclare Wolff au micro de Sky Sports F1. "En 2019, ces pièces n'étaient pas listées. Elles le sont devenues l'année suivante. Il n'y avait pas de règle concrète ou de directive technique qui interdise d'utiliser des pièces 2019 que l'on ait redessinées soi-même en 2020. C'est exactement ce qu'a fait Racing Point. Ce qui est intéressant, c'est que toutes les autres équipes semblent penser qu'ils ne les ont pas conçues eux-mêmes. Pourtant si ! Il y a des centaines de dessins qui le montrent. Cela revient à une interprétation d'une règle qui n'existe pas."

"Je suis désolé, mais il y a un cas en 2015 [l'année avant l'arrivée de Haas en F1, ndlr], où Haas avait la voiture complète de Ferrari, il n'y avait pas une seule pièce conçue par Haas, tout était fait par Ferrari, mais ils ont utilisé une faille, car ils n'étaient pas un concurrent. Ils ont mis la voiture en piste, elle était extrêmement compétitive, car c'était une copie d'une Ferrari ! On a vu cette faille, et nous avons encaissé sans broncher. Nous voulions une clarification, la clarification est arrivée : ils n'étaient pas un concurrent car ils n'étaient pas engagés. C'est tout, il faut faire avec et essayer de les battre. Qu'ils fassent avec !"

Charles Leclerc, Haas VF-16 Ferrari

Interrogé en conférence de presse, Wolff est également catégorique sur le fait que Mercedes n'a rien à se reprocher : "Nous sommes à l'aise à 100% avec notre position. Nous avons lu le règlement encore et encore. Le verdict qui est sorti aujourd'hui est extrêmement compliqué, avec une interprétation qui est nouvelle pour nous tous. Nous avons fourni certaines données en 2019, ce qui respectait totalement le règlement. Le 6 janvier [jour de la livraison d'écopes de frein, ndlr] n'a pas d'effet matériel sur ce qui s'est passé, car tout a été livré bien plus tôt. Tous les dessins de CAO et les designs ont été livrés bien plus tôt. Et Racing Point et nous-mêmes restons de l'avis que cela respecte la réglementation."

L'Autrichien insiste par ailleurs sur l'aspect positif de cette collaboration pour Mercedes. "J'y vois des bénéfices", poursuit-il. "Je pense que nous avons une équipe qui évolue parmi les top teams désormais ; c'était bel et bien l'objectif. En même temps, cela représente une grande source de revenus pour nous en tant que grande équipe, nous sommes en mesure de monétiser certaines technologies qui ne le seraient autrement pas. C'est gagnant-gagnant, je trouve."

"Je respecte l'opinion de l'autre camp, selon lequel les voitures ne devraient pas se ressembler les unes aux autres. Mais aucune règle ne l'interdit. Cette situation particulière s'est présentée car une pièce non listée est devenue une pièce listée. Lorsqu'elle n'était pas listée, des choses ont été fournies, mais nous pouvons avoir cette discussion sur le règlement indéfiniment. En fin de compte, à vrai dire, il y a zéro inquiétude de notre côté quant à la moindre infraction de notre part. Et quand je dis zéro, c'est zéro. Je ne pense pas non plus que Racing Point ait été en infraction, et j'estime que si cela revenait à la Cour d'Appel Internationale, ce serait probablement un sujet complexe, car c'est technique, et je ne pense pas qu'il y aurait de décision."

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La Racing Point RP20 a fait preuve d'un rythme particulièrement prometteur à de nombreuses reprises bien que celui-ci ait rarement été concrétisé, l'écurie semblant avoir l'une des trois meilleures monoplaces du plateau. Lance Stroll et Nico Hülkenberg se sont par exemple classés cinquième et sixième des EL2 à Silverstone. Cependant, Wolff doute que les écopes de frein soient le facteur principal de telles performances.

"Je trouve qu'il s'agit d'une super équipe d'ingénieurs qui a tiré le meilleur de la réglementation", estime-t-il. "Je pense que nous pouvons avoir ce débat : 'Voulons-nous ça à l'avenir, des copies de vieilles voitures ?' Nous croyons qu'il n'y a rien qui était contre ça dans la réglementation, car la technologie existe."

"Et on l'a vu l'an dernier à plusieurs reprises, l'un de nos principaux rivaux avec une caméra 3D qui est assez grosse – il faut la porter sur ses épaules – et qui scanne nos voitures, dans le garage et en dehors. Ensuite, on la branche à un ordinateur, cela donne toutes les formes. Bref, cette technologie existe. Il n'y a rien qui l'interdise. Tout le monde a des photographes espions assis sur le toit du bâtiment d'en face, on zoome sur chaque voiture dans le moindre détail, et si nous ne voulons pas que cela se produise, alors il faut enlever cette possibilité."

Enfin, Wolff a salué la déclaration de Nikolas Tombazis, responsable monoplace de la FIA, visant à empêcher prochainement des copies aussi élaborées en Formule 1. "Je suis également content que Nikolas se soit exprimé avec force ce matin pour dire : 'Bon, peut-être qu'il faut adapter le règlement'. Je fais entièrement confiance à la FIA et à Nikolas pour établir une réglementation claire. Car jusqu'à present, il n'y en a pas", conclut-il.

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