Mercedes - "Un exercice très difficile" pour Hamilton et Rosberg

Après avoir averti ses pilotes à deux reprises au cours du mois qui vient de s’écouler, Toto Wolff a lui-même confirmé le sentiment de Lewis Hamilton : si la mise en garde était adressée directement au Britannique et à son coéquipier Nico Rosberg, elle l’était tout autant au nom de l’équipe. 

Alors que Mercedes a largement dominé les deux dernières saisons, Wolff a reconnu que la question des dommages collatéraux d’une telle suprématie était au cœur de ses préoccupations. Le directeur de l’écurie allemande a émis l'hypothèse d'une possible solution, qui consisterait à donner davantage de liberté aux deux côtés du garage sur les courses, afin de laisser les pilotes se battre avec les mains libres, notamment sur le plan stratégique. 

Transparence et communication

Mais il s’agit d’un équilibre particulièrement difficile à trouver, dans une situation où Wolff privilégie encore et toujours l’option de disposer de deux pilotes traités de manière équitable, et non pas d’un modèle constitué d’un leader et d’un deuxième pilote. 

"Je crois toujours que notre duo a fait beaucoup de bien à l’équipe en accélérant le développement de notre voiture", souligne-t-il dans une interview accordée au Daily Mail. "Si cela [les problèmes entre les pilotes] ne s’était pas limité à la piste et au jeu habituel avec les médias, la solution aurait été ce qui s’est également passé chez McLaren, Red Bull et Ferrari, en ayant un numéro 1 et un numéro 2. Ce serait ma deuxième meilleure option. Je préférerais continuer comme c’est."

"Ils ont accepté le fait que les choses ont un peu changé. Nous discutons beaucoup, nous communiquons. J’ai discuté avec Alain Prost il y a deux ans et je lui ai demandé : ‘Quand les choses sont-elles devenues incontrôlables entre toi et Senna?’ Il a répondu que le contrôle avait été perdu quand ils ont eu tous les deux le sentiment qu’il y avait une arrière-pensée dans l’équipe, que ce n’était pas honnête ni transparent, qu’il y avait toujours le sentiment que l’autre était traité différemment ou mieux. Cela déclenchait de l’insécurité pour chacun d’entre eux. Alors j’ai essayé d’être très transparent."

Ils comprennent ce qui est important et bon pour l'équipe. 

Toto Wolff

Une transparence qui passe par des échanges importants d’homme à homme, mais qui implique une approche très différente en tenant compte des caractères incomparables de Hamilton et Rosberg.  

"Nous discutons et, parfois, c’est chaud et nous sommes d’accord ou pas d’accord, mais une fois que nous quittons la pièce, au moins nous connaissons l’opinion de l’autre", explique Wolff. "Chacun d’entre eux a besoin d’avoir un message délivré d’une manière différente […] Ils comprennent ce qui est important et bon pour l’équipe. Dans la chaleur de la bagarre, il peut y avoir des oublis et une nécessité de les recentrer de manières très différentes."

Donner à l'équipe pour recevoir

Savoir s’entourer d’une équipe forte et qui accorde sa confiance, la récompenser, tout en l’utilisant dans le même temps pour assouvir sa soif personnelle de succès, c’est toute l’équation que doit résoudre un pilote qui vise le titre mondial. A ce titre, Wolff salue le comportement de Hamilton comme celui de Rosberg, et s’appuie sur l'exemple des plus grands qui ont réussi à le faire avant eux. Mercedes a notamment connu dans ses rangs le passage d’un certain Michael Schumacher, qui a toujours été perçu et décrit comme un homme d’équipe à part, notamment lors de ses succès nombreux décrochés avec Ferrari. 

"Nous ne voulons pas avoir un chiot, nous voulons un chien de garde dans la voiture", image Wolff. "Mais la manière dont on travaille en coulisses, dont on interagit, c’est un jeu différent. Cela n’appartient pas au domaine public. Se plaindre à la radio, c’est OK ; il y a la chaleur du moment, il y a beaucoup de pression."

"Les meilleurs comprennent qu’ils ont besoin d’une équipe pour être Champion du Monde. Ceux qui ne l’ont jamais fait n’ont jamais compris que, en plus d’avoir le pied lourd sur l’accélérateur, ils ont aussi besoin d’intelligence et de qualités sociales."

"Nos gars parlent de Schumacher avec tellement de respect ; combien de temps il passait avec les gens les plus importants, les ingénieurs et les mécaniciens. Ils sont allés faire du parachute, il les a invités chez lui, ils ont voyagé ensemble, ils connaissait le nom de tout le monde dans le garage. La plupart des choses sont invisibles pour devenir un champion."

"C’est un exercice très difficile pour les deux gars dans la voiture. Ils doivent avoir l’esprit d’équipe mais ils doivent aussi piéger l’autre."