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La méthode Brawn pour mettre la F1 sur la bonne voie

Devenu responsable de l'aspect sportif de la Formule 1 depuis la prise de contrôle de Liberty Media, Ross Brawn s'est longuement exprimé sur l'approche qu'il veut adopter pour améliorer le spectacle dans la catégorie reine sans la dénaturer.

Felipe Massa, Williams FW40

Felipe Massa, Williams FW40

XPB Images

L'ancien homme fort de Ferrari et Mercedes s'est déjà expliqué ces dernières semaines sur son refus d'avoir recours à des artifices comme il en existe déjà, tels que le DRS. L'autre point-clé à ses yeux est de ne pas précipiter les décisions, et surtout de ne pas sur-réagir face à d'éventuels problèmes. Un mot d'ordre auquel il veut se tenir, alors que la F1 entre dans une nouvelle cette saison. Le règlement technique 2017 a été pensé pour produire des monoplaces beaucoup plus spectaculaires et plus rapides, ce qu'ont confirmé les essais hivernaux à Barcelone. Reste à savoir quelle sera la réelle incidence sur la qualité des Grands Prix, alors que des craintes entourent déjà le nombre de dépassements en piste.

Ross Brawn est très clair : il faut donner sa chance au nouveau règlement, mais également le temps de faire ses preuves. Contrairement à ce qui a pu se produire par le passé, le Britannique ne veut surtout pas que des conclusions hâtives puissent être tirées après quelques Grands Prix seulement, exemple à l'appui.

"Il faut une réflexion très prudente avant de commencer à réagir", explique Brawn à Motorsport.com, interrogé sur le scénario hypothétique d'une déception après quatre courses. "Si vous vous souvenez des qualifications, parce que Bernie [Ecclestone] voulait une grille inversée. Il y a eu tellement d'horreur et de désespoir face à ça, qu'il y a eu un compromis avec le système de qualifications qui n'a pas fonctionné et qui est devenu aussi ridicule que mauvais pour la Formule 1 [début 2016]. Nous devons éviter ça. Peut-être qu'il y aura un problème après quatre courses, et nous nous réunirons en espérant trouver quelque chose de sensé." 

Diagnostiquer et décider avec une vision globale

Ross Brawn détaille davantage la réflexion d'ensemble qui doit être menée pour prendre la bonne orientation dans les années à venir. Le règlement technique n'est pas l'unique chantier potentiel, puisqu'il est lié directement à d'autres points de crispation comme peuvent l'être la limitation des ressources ou le plafonnement des budgets. Cette dernière idée devrait d'ailleurs être remise sur la table par Liberty Media dans les prochains mois.

Sebastian Vettel, Ferrari SF70H, devant Jolyon Palmer, Renault Sport F1 Team RS17 et Esteban Ocon, Force India VJM10 out of the pit lane

La réflexion très générale sur le chemin que doit prendre la F1 se confronte également à certaines contradictions de la part de ceux qui la suivent : l'envie de voir une hiérarchie resserrée mais avec des dépassements, ce qui implique paradoxalement la nécessité d'avoir des différentiels de performance à un moment ou un autre.

"C'est pourquoi je ne pense pas qu'il faille nous précipiter", prévient Ross Brawn. "Je pense qu'il faut du temps pour évoluer. Je pense qu'il faut créer les bonnes bases et laisser les choses suivre leur cours. Il y a une grande différence à l'heure actuelle entre l'avant et l'arrière [du peloton]. Il y a un grand écart avec une équipe comme Mercedes : s'ils ont ce qui est parmi les meilleures ressources, voire simplement les meilleures ressources en Formule 1, avec une excellente équipe, de très bons pilotes, pourquoi perdraient-ils ? Donc quelles sont les choses que nous pouvons étudier à l'avenir pour essayer d'évoluer dans une direction différente ? La dépendance des ressources est un élément que l'on peut certainement étudier. Et le fait-on avec des budgets plafonnés ou avec une réglementation technique contraignante ? Peut-être une combinaison des deux. Pour réduire l'écart creusé proportionnellement par le budget, car la Formule 1 est fortement orientée dans ce sens."

"Ce que nous voulons faire, c'est essayer d'égaliser les chances sans solutions artificielles, c'est le but. Et je pense que si l'on s'intéresse à la position que nous souhaitons pour l'avenir, ce serait une expérience intéressante, si nous pouvons conclure que les voitures avec un haut niveau de performance aérodynamique ont pour conséquence finale que c'est très difficile de faire la course, alors ce sera une très bonne expérience et il faudra l'avoir en tête. Mais c'est un problème complexe, nous ne voulons pas que les voitures soient lentes, donc nous voulons les niveaux d'adhérence que nous avons, mais nous les voulons d'une façon qui ne perturbe pas la voiture qui suit. Y a-t-il une solution à ça ? Si nous chargeons les bonnes personnes de cette tâche et leur donnons un an, 18 mois pour trouver une solution, pouvons-nous concevoir les Formule 1 de façon à ce que la voiture de derrière puisse suivre ?"

Ross Brawn, manager sportif de la F1

"Je sais que nous avons tenté ça par le passé avec le groupe de travail sur les dépassements, mais je ne pense pas que nous avions les connaissances et les capacités que les équipes ont désormais. Le CFD a fait une énorme différence. Nous essayions de faire des expériences physiques dans une soufflerie qui n'avait jamais été conçue pour recevoir deux voitures, donc c'était compromis. Nous avions les deux modèles et nous faisions des choses sur celui de devant pour voir ce que cela faisait à celui de derrière, mais il fallait que celui de devant soit à l'avant du tunnel et que celui de derrière soit sur la balance. Donc tout était un peu compromis. Mais le CFD offre maintenant de nouvelles opportunités d'étudier tout ça. Parce que si l'on peut créer une voiture qui a un bon niveau de grip aérodynamique, avec une traînée bénigne…"

"Il y a beaucoup de gens qui vous diront que c'est impossible, mais je ne pense pas que nous ayons vraiment cherché. Autrement, il y a une solution : on se débarrasse simplement de tout l'appui aérodynamique. On peut en récupérer avec les pneus et avec le grip mécanique, mais on ne peut pas avoir des voitures aussi rapides que ça. Si l'on veut avoir des voitures aussi rapides que ça, il faut trouver une autre solution."

Des arguments raisonnés 

Le groupe de travail qui doit plancher sur de tels sujets, Ross Brawn le veut resserré. Sa mission sera de porter une vision globale et cohérente, qui prenne en compte tous les aspects sans isoler les problèmes les uns des autres.

"Nous aurons des experts, des gens reconnus dans cette industrie, qui travaillent à la FOM, dont je pense que les gens pourront les respecter. Ce ne sera pas une grande équipe, cinq ou six personnes. Mais ce sera suffisant, avec mon expérience et mes connaissances, pour pouvoir obtenir un véritable argument raisonné pour ce que l'on veut faire, et contribuer à ce processus."

"De notre côté, ce que je veux assurer, c'est qu'au fil du temps, il y ait toujours une considération pour la qualité du spectacle, la qualité des courses et leur coût. Donc il y a des cases à cocher à chaque fois que nous prenons une décision en Formule 1. Il y a peut-être de très fortes considérations sportives où, pour maintenir l'intégrité du sport, une décision doit être prise, et je le comprends. Mais il y aura d'autres décisions où quelqu'un demande : 'Avez-vous réfléchi à ce que les fans vont penser de ça, avez-vous réfléchi à ce que ça va coûter, avez-vous réfléchi à l'impact sur les courses ?'."

Propos recueillis par Jonathan Noble

Marcus Ericsson, Sauber C36

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