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Salo et l'arrivée de Toyota en F1 : "C'était le bazar"

Voilà 20 ans que Mika Salo a rejoint le projet Toyota F1, qui n'a jamais abouti à la victoire en Formule 1 malgré un budget plus que conséquent. Salo, qui en a rapidement été écarté, s'en remémore les débuts avec une certaine amertume.

Mika Salo, Toyota

Photo de: XPB Images

Le 28 août 2000, Mika Salo officialisait sa décision de s'immerger dans un projet ambitieux : celui de Toyota en Formule 1. Salo avait alors 89 départs en Grand Prix à son actif, dont deux podiums avec Ferrari en 1999, mais la saison 2000 ne se passait pas extrêmement bien pour le Finlandais de 33 ans. Ce dernier avait pourtant marqué les six seuls points de Sauber, où il était associé à Pedro Diniz. Sous contrat avec l'écurie suisse jusqu'à fin 2001, Salo a préféré sauter sur l'opportunité de rejoindre un grand constructeur, après l'intérim réalisé à la Scuderia l'année précédente lorsque Michael Schumacher s'est cassé les jambes.

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"Ma décision de faire des essais au lieu de courir l'an prochain n'a pas été prise à la légère, mais ayant vu combien d'efforts sont consacrés au projet Toyota, je suis heureux de le faire en sachant que mon expérience de la F1 va contribuer significativement au développement de l'équipe", a alors déclaré Salo, qui n'a pas manqué d'avertir la marque japonaise qu'elle allait connaître "chagrin et déceptions" lors des premières années. Il ne croyait certainement pas si bien dire…

Toyota a pourtant mis les petits plats dans les grands, avec la construction d'une usine de 30'000 m² à Cologne, le recrutement de 550 employés – à l'époque, c'était énorme – et un département moteur jouissant de huit bancs d'essai. Mais si l'argent est quasi indispensable pour réussir en Formule 1, il n'est pas suffisant pour avoir du succès. Or, comme l'indique Mika Salo dans le podcast Beyond The Grid : "Il n'y avait rien d'autre [que de l'argent]. C'était un peu déroutant. Beaucoup d'ingénieurs de rallye et d'Endurance, aucune véritable expérience de la Formule 1. En gros, j'étais le seul de la F1. Cette année d'essais, c'était le bazar."

Mika Salo

Salo fait référence à la saison 2001. Toyota a pris son temps et s'est contenté de faire des tests dans le monde entier pendant un an avec une monoplace d'essais, la TF101, aux côtés de son futur coéquipier Allan McNish. Manifestement, ce premier bolide n'était pas franchement encourageant : "C'était une merde. Elle était vraiment mauvaise. Elle était super lourde et vraiment difficile à piloter. Elle devait avoir une centaine de kilos en trop, on aurait dit un bus."

"Il était évident dès le début que la voiture d'essais n'était pas très bonne. J'attendais donc juste de faire certaines choses. Le problème, c'est que je me suis gravement blessé au début des essais. Nous avons eu un gros accident au Paul Ricard et je me suis cassé le dos à trois endroits. C'était la première fois que nous faisions rouler la voiture, quelque chose a cassé dans la suspension, et j'ai percuté le mur. Je suis parti pendant trois ou quatre mois dès le début, et rien ne s'est passé pendant ce temps. Allan McNish pilotait aussi, mais il n'avait pas d'expérience en Formule 1 non plus. J'étais un peu contrarié quand je suis revenu quatre mois plus tard et que j'ai vu que rien n'était fait."

Toyota a continué ses préparatifs tant bien que mal, et ses débuts en Formule 1 en 2002 ont vu l'écurie marquer son premier point dès un Grand Prix d'Australie chaotique, Mika Salo finissant sixième sur huit au volant de la TF102. Généralement classée entre la neuvième et la dix-neuvième place en qualifications, cette monoplace n'allait inscrire que deux petites unités cette année-là, alors que seul le top 6 marquait des points.

"Le designer a changé : André de Cortanze a fait la première, l'âne [il fait référence à la voiture, pas au designer, ndlr], et Gustav Brunner a conçu la seconde, qui n'était pas si mauvaise", souligne Salo quant aux voitures de 2001 et 2002. "Et nous avions un moteur très puissant. La saison se présentait très bien au début, mais le développement ne s'est vraiment pas passé comme prévu. C'était un peu compliqué. À chaque fois que nous trouvions quelque chose, cela prenait trop longtemps de le faire. En Formule 1, il faut réagir en cinq minutes."

Mika Salo

Pour la saison 2003, Toyota a finalement préféré renouveler intégralement son duo de pilotes, accordant sa confiance à Olivier Panis et à Cristiano da Matta. "J'avais une option [dans le contrat]", indique Salo. "J'étais sûr que j'allais continuer, car dans mon esprit, c'est pour ça que je construisais tout. Je me disais constamment que cette voiture [celle de 2002] était la vraie voiture d'essais, que nous étions dans les vraies conditions pour la tester, et en fin d'année, on m'a dit que je n'allais plus courir l'année suivante. Ce n'était pas cool. Mais c'est normal. Les teams rejettent toujours la faute sur les pilotes en premier. Si la voiture est pourrie, ils veulent changer de pilotes."

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Ainsi s'est achevée la carrière en Formule 1 de Mika Salo, ce qui lui a laissé un goût "très amer", d'autant que la Toyota TF103 de 2003 a marqué 16 points, s'avérant meilleure que sa devancière. "Elle l'était, car c'est moi qui l'ai développée", conclut sans sourciller celui qui a par la suite remporté les 24 Heures du Mans dans la catégorie GT2 en 2008 et 2009.

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