Mike Hawthorn, champion F1 au destin tragique

Le 22 janvier 1959, Mike Hawthorn, Champion du monde 1958 de F1 et vainqueur des 24 Heures du Mans 1955, au palmarès impressionnant en dépit d'une carrière courte et marquée par les tragédies, se tuait à 29 ans, quelques semaines après une retraite précoce.

Départ : Alberto Ascari, Ferrari 500 et Mike Hawthorn, Cooper T20-Bristol, mène
Mike Hawthorn, Ferrari 500, devant Luigi Villoresi, Ferrari 500
Mike Hawthorn, Ferrari 553 Squalo
Mike Hawthorn, Ferrari 625/555
Mike Hawthorn, Ivor Bueb, Jaguar D-type
Mike Hawthorn, Ferrari 625
Mike Hawthorn, Lancia-Ferrari D50, Roy Salvadori, Cooper T43-Climax, Tony Brooks, Vanwall VW4, Jo Bonnier, Maserati 250F, Maurice Trintignant, Lancia-Ferrari D50, Jean Behra, Maserati 250F et Luigi Musso, Lancia-Ferrari D50
Podium: le vainqueur Juan Manuel Fangio, Maserati, le deuxième Mike Hawthorn, Lancia Ferrari, le troisième Peter Collins, Lancia Ferrari
Podium: le vainqueur Juan Manuel Fangio, Maserati, le deuxième Mike Hawthorn, Lancia Ferrari, le troisième Peter Collins, Lancia Ferrari
Mike Hawthorn, Lancia Ferrari D50 801
Mike Hawthorn au volant de sa Lancia-Ferrari 801
Jean Behra, Maserati et Mike Hawthorn, Ferrari
Jean Behra, Maserati et Mike Hawthorn, Ferrari
Mike Hawthorn, Ferrari
Mike Hawthorn, Ferrari
Tony Brooks, Vanwall; Stirling Moss, Vanwall et Mike Hawthorn, Ferrari
Mike Hawthorn, Ferrari Dino 246
Mike Hawthorn, Ferrari Dino 246
Le champion du monde 1958 Mike Hawthorn
Le vainqueur Peter Collins, Ferrari Dino 246, le second Mike Hawthorn, Ferrari Dino 246
Phil Hill devant Mike Hawthorn, Ferrari Dino 246
Mike Hawthorn
Mike Hawthorn, Ferrari Dino 246
Mike Hawthorn, Ferrari Dino 246 devant Jean Behra, BRM P25
Luigi Musso, Ferrari Dino 246, devant Mike Hawthorn, Ferrari Dino 246
Mike Hawthorn, Ferrari, second, avec Phil Hill, Ferrari, troisième
Mike Hawthorn, Ferrari, fête la victoire
Harry Schell, BRM P25 devant Mike Hawthorn, Ferrari 246 et Stuart Lewis-Evans, Vanwall
Mike Hawthorn, Ferrari 246
Mike Hawthorn, Ferrari, et Stirling Moss, Vanwall
Mike Hawthorn,  Ferrari Dino 246
31

(Utilisez les flèches ci-dessus pour passer d'une image à l'autre.)

Mike Hawthorn est né le 10 avril 1929. Son père Leslie, passionné de course, acheta un garage près du circuit de Brooklands en 1931, tracé sur lequel il courut à moto avant l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale. À l'âge de neuf ans, grandement influencé par l'environnement dans lequel il grandit et ce qu'il voit au garage, Mike décide qu'il voudra être pilote de course.

Si ses études sont surtout destinées à ce qu'il fasse carrière dans le garage de son père, ce dernier l'encourage dans sa volonté de courir et lui fournit motos puis voitures pour des compétitions locales. Il se forge dans le même temps, au sein d'une bande d'amis, une réputation de fêtard, qu'il conservera toute sa vie. À partir de 1950, il enchaîne les succès au volant d'une petite Riley achetée par son père.

Lire aussi :

Il suffira d'une après-midi à Goodwood, lors de l'Easter Meeting de 1952, pour qu'il bascule dans un autre monde. Pour sa première course en monoplace, avec une Cooper-Bristol de Formule 2 fournie par un ami de la famille, il gagna après avoir signé la pole position. Et pas devant n'importe qui : Juan Manuel Fangio, Champion du monde 1951, et José Froilán González, premier vainqueur de l'Histoire de Ferrari en F1 à Silverstone en 1951. Il l'emporta également lors de l'épreuve de Formula Libre avant une seconde place lors de l'épreuve principale, celle des Formule 1.

Du haut de son 1,88 mètre, Hawthorn se fit remarqué pour ce qui deviendra sa marque de fabrique : son nœud-papillon. Son père et lui décidèrent, encouragés par la prestation de Goodwood, de l'inscrire avec la Cooper aux courses restantes de la saison 1952 de Formule 1, alors dominée par Alberto Ascari pour Ferrari. Les résultats furent éloquents : une fois troisième et deux fois quatrième lors de ses cinq premiers Grands Prix. Enzo Ferrari est trop impressionné pour laisser filer ce talent de 23 ans et il l'engage en vue de la saison 1953.

La "course du siècle" et le drame du Mans

Mike Hawthorn devant Luigi Villoresi

Cette saison-là, il remporta une seule victoire. Mais quelle victoire. Le Grand Prix de France, à Reims, souvent qualifié a posteriori de "course du siècle" pour l'affrontement titanesque entre les Ferrari et les Maserati et, au sein de celui-ci, la bataille respectueuse mais âpre entre Hawthorn et Fangio. Sur la ligne d'arrivée, le Britannique devance l'Argentin d'une seconde, González de 1,4 seconde et Ascari de 4,6 secondes, au terme d'une épreuve où les 500,820 km prévus furent réalisés en 2h44. En entendant "God Save The Queen" sur la première marche du podium, Hawthorn s'effondra en larmes, chaudement réconforté par Fangio.

Comme d'autres avant et après lui, Hawthorn fut au centre d'un traitement médiatique compliqué dans son pays, où son style de vie se faisait remarquer. Sa réputation pâtit également de l'idée selon laquelle il avait cherché à fuir le service militaire alors même qu'il en avait été écarté en raison de problèmes rénaux chroniques. Début 1954, à ces ennuis s'ajoutent des blessures subies lors d'une course hors championnat en Sicile et surtout la mort de son père dans un accident de la route. De cette triste année, il y aura à retenir la victoire au Grand Prix d'Espagne et une troisième position finale au classement pilotes. 

Lire aussi :

L'année 1955 fut à nouveau frappée par la tragédie, la pire de l'Histoire des sports mécaniques, lors des 24 Heures du Mans, qui virent la mort de plus de 80 personnes suite à l'accrochage entre la Mercedes pilotée par Pierre Levegh et l'Austin-Healey de Lance Macklin. Hawthorn, vainqueur avec Jaguar aux côtés d'Ivor Bueb, y jouera un rôle essentiel en se rabattant de façon abrupte devant l'Austin pour s'arrêter à son emplacement (les stands étaient situés le long du muret mais sur la piste elle-même), ce que d'aucuns ne lui pardonneront jamais. Marqué par cette épreuve, il quitta ensuite Ferrari durant cette campagne de F1, sans inscrire le moindre point, avant de connaître un exercice 1956 chaotique, s'engageant ponctuellement avec plusieurs constructeurs mais en signant malgré tout un podium.

Le titre au bout d'une année tragique

Mike Hawthorn et Peter Collins

Mike Hawthorn et Peter Collins

En 1957, il retrouva Ferrari et reprit du plaisir aux côtés de son équipier Peter Collins, dont le caractère correspondait bien à celui d'Hawthorn. Rapidement devenus de très bons amis en dehors des voitures, ils ne s'épargnaient pas en piste ; les résultats ne furent pas spectaculaires mais lui permirent de terminer quatrième chez les pilotes fin 1957, devancé par son autre équipier Luigi Musso.

Le trio Ferrari composé par Hawthorn, Collins et Musso entretenait une relation assez compliquée, marquée par un affrontement entre les deux nationalités. "Les Anglais avaient un accord", expliqua des années plus tard Fiamma Breschi, compagne de Musso durant cette période, dans les colonnes du Guardian. "Qu'importe celui qui gagnait, ils partageaient les gains à parts égales. C'était eux deux contre Luigi, qui ne faisait pas partie de l'accord. La force vient du nombre, et ils étaient unis contre lui. Cet antagonisme était en fait plus favorable que préjudiciable à Ferrari. Plus les pilotes allaient vite, plus il était probable qu'une Ferrari gagne."

La suite allait réserver à Hawthorn autant de succès que de malheurs. Au Grand Prix de France 1958, que le Britannique aborde en seconde place du classement, Musso se tue. Sous pression en raison d'une mauvaise série de résultats, endetté et très, très motivé par l'importante somme d'argent promise au vainqueur à Reims, traditionnellement la plus importante de la saison, l'Italien prit trop de risques à l'abord de Muizon en voyant Hawthorn commencer à s'envoler.

Lire aussi :

Le Britannique l'emporta ce jour-là, sa seule victoire de la saison, et se hissa aux commandes du championnat. Il partagea cette joie avec Collins à l'issue de la course. Breschi dira plus tard : "Je les haïssais tous les deux, d'abord parce que j'étais au courant de certains faits qui n'étaient pas justes et aussi parce que quand je suis sorti de l’hôpital [où Musso venait de mourir] et suis revenue à l'hôtel, je les ai trouvés dans le square à l'extérieur de hôtel, riant et jouant au football avec une canette de bière vide."

Le destin rattrapa bien vite les deux amis. Deux épreuves plus tard, alors que Collins venait de gagner en Angleterre et que Hawthorn avait consolidé sa place de leader, le premier trouva la mort sur le Nürburgring, alors qu'il menait devant son ami. Dévasté par cette perte, Hawthorn parvint à terminer la saison en tête, résistant pour un point à Stirling Moss, auteur de quatre victoires contre une seule pour lui. Il devint alors, à l'âge assez jeune pour l'époque de 29 ans, le premier Champion du monde britannique de Formule 1 et le dernier sur une voiture à moteur avant, la Ferrari D246.

Mais la passion avait disparu. Il quitta la discipline en fin d'année, sans doute également poussé par quelques problèmes de santé. Il n'eut pas le temps de profiter de l'accomplissement de sa carrière puisqu'il perdit la vie à son tour le 22 janvier 1959, toujours à l'âge de 29 ans, après un accident de la route sous la pluie et dont les circonstances restent aujourd'hui mystérieuses. Il ouvrit la voie à de nombreux compatriotes après lui puisque Graham Hill, Jim Clark, John Surtees, Jackie Stewart, James Hunt, Nigel Mansell, Damon Hill, Lewis Hamilton et Jenson Button viendront garnir les rangs du contingent britannique de Champions du monde de F1.

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent McLaren pense toujours au WEC mais ne s'estime pas prêt
Article suivant "RS Spyder", ou quand Porsche-Penske chahutait Audi avec une LMP2

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France