Le Mugello est-il à la hauteur de sa réputation ?

Le Grand Prix de Toscane est devenu réalité depuis hier. Motorsport.com n'a pas laissé passer l'occasion d'aller voir d'un peu plus près le comportement des monoplaces en piste sur le Mugello, afin de comprendre le défi "excitant et difficile" que propose le circuit italien.

Charles Leclerc, Ferrari SF1000

Photo de: Charles Coates / Motorsport Images

Ce sera peut-être l'unique visite de la Formule 1 au Mugello pour un Grand Prix. Vendredi matin, lors des premiers essais libres, aucune écurie n'a perdu de temps pour prendre la mesure du tracé long de 5,245 km. Même Mercedes et Red Bull Racing ont mis de côté leur approche habituellement tranquille des EL1 et ont fait sortir leurs pilotes pour des tours d'observation précoces. Pour Lewis Hamilton, c'était la toute première expérience sur le Mugello. Le Britannique a confié avant le début du week-end qu'il préférait découvrir les nouveaux circuits "pour la première fois sur place car c'est à la fois un choc et une surprise".  

Durant les essais libres, les reporters de Motorsport.com se sont rendus sur le toit du bâtiment des stands afin d'observer les tours d'installation. On a pu noter que la longue courbe à gauche de Bucine (virage 15) en fin de tour était une simple zone d'accélération pour les pilotes, avant de porter le regard vers les fameux virages d'Arrabbiata (virages 8 et 9) qui se trouvent dans le deuxième secteur. Avant ce week-end, l'ancien pilote de F1 Giancarlo Fisichella avait prévenu, dans une vidéo exclusive pour Motorsport.com, que les forces latérales à cet endroit dépasseraient les 5 g en qualifications. L'Italien estime que ces virages constituent "la partie la plus excitante et difficile du circuit".

Cette séquence de virages ne nous a pas déçus. Une bosse au milieu d'Arrabbiata 1 expose les monoplaces qui roulent très près du sol, notamment les Red Bull, qui font des étincelles tout au long de cette rapide courbe à droite. Les voitures s'inclinent largement en sortie sous les énormes charges aérodynamiques qui s'exercent et les pilotes gèrent des trajectoires variables. Le pilote Haas Romain Grosjean semble régulièrement être plus large à cet endroit.

Nous avons pu constater que ces virages pourraient poser problème lorsque viendra l'heure de gérer le trafic en qualifications. Toute voiture qui en suit une autre dans le premier virage à droite a tendance à souffrir clairement de l'air sale, tandis que ceux qui sont dans un tour lent doivent bien rester à l'intérieur pour éviter de représenter une gêne. Daniel Ricciardo, Antonio Giovinazzi et Esteban Ocon ont failli s'accrocher lorsqu'ils ont abordé Arrabbiata 1 à des vitesses très différentes dans le dernier tiers des EL1.

À l'approche d'Arrabbiata 1, les monoplaces bougent beaucoup de droite à gauche. Elles arrivent en descendant de Savelli (virage 7), restent le plus large possible sur les vibreurs pour attaquer au maximum. Dans l'ensemble, cela a l'air simple, même si l'on a vu Valtteri Bottas se faire une belle chaleur sur le vibreur en sortie de Savelli, sans que cela ne semble perturber sa progression par la suite. Les monoplaces ont paru bien ancrées au sol tout au long de cet enchaînement, mais il est évident que le défi est avant tout de rester calme.

Valtteri Bottas, Mercedes F1 W11

Il est possible que le vent, qui soufflait parfois fort en rafales lors des EL1, soit un facteur qui a provoqué le déséquilibre de la Mercedes de Bottas. Dans les dernières minutes de la première séance, ce vent a d'ailleurs semblé se renforcer et avoir tendance à pousser les pilotes à prendre plus large dans Arrabbiata 1.

Arrabbiata 2 est un virage à droite avec une montée assez raide par rapport au précédent : ici, le plus notable est la vitesse du changement de direction. La prise de direction est incroyablement rapide lors des tours d'attaque, et c'est visuellement violent.

L'anecdote qui résume probablement le mieux le défi proposé par les deux virages d'Arrabbiata s'est produite peu après la première demi-heure des essais libres, lorsque Lando Norris a abordé cette portion. Le pilote McLaren était parmi les plus rapides à cet instant et semblait flirter dangereusement avec les bords de piste et les nombreux bacs à gravier, même si les images de sa caméra embarquée ont permis de voir qu'il avait un tout petit peu plus de marge que ce que l'on pouvait déceler à l'œil nu. Il est tout de même passé très large et a dû considérablement lever le pied en arrivant dans Arrabbiata 2, avant d'abandonner son tour rapide. L'échange radio permet de découvrir qu'il a un temps envisagé de rentrer au stand à l'issue de ce tour.

Lando Norris, McLaren MCL35

Pour Norris comme pour les autres, c'est tout simplement la preuve qu'il n'y a pas de marge d'erreur. "C'est incroyablement rapide dans les virages 6, 7, 8 et 9", confie même Lewis Hamilton. "Je dois dire que c'est intense. C'est incroyable à vivre. Mais ce sera difficile de prendre soin des pneus dans cette portion. [...] Il n'y a pas de temps pour jouer ici. C'est un circuit très, très sérieux. Il n'y a que des [virages] à moyenne ou haute vitesse, et on ne descend pas plus bas que le troisième ou quatrième rapport, donc c'est très rapide. Il n'y a pas beaucoup de zones de dégagement, notamment au niveau des virages 8 et 9."

Sur le Mugello, il n'y a aucun moment de répit excepté dans la longue ligne droite principale. Si un pilote fait une erreur, l'herbe et les graviers sont très vite là pour le punir, et Norris a pu le découvrir par lui-même lors de la deuxième séance d'essais libres. Passer un peu trop large dans le virage de Poggio Secco a suffi à ce qu'il mette une roue dans les graviers et à ce que sa McLaren soit envoyée dans le mur.

"C'est tellement plaisant de piloter au Mugello", assure pour sa part Daniel Ricciardo. "C'est amusant sur un tour, mais ça l'est également dans les longs relais. Ceux-ci sont normalement beaucoup plus lents, mais il n'y a aucun répit tant c’est extrêmement rapide. Les virages 8 et 9 se négocient presque à plein régime avec beaucoup d’essence, donc vous devez rester sur vos gardes."

Pourront-ils doubler ?

Esteban Ocon, Renault F1 Team R.S.20

Il ne fait aucun doute que ce circuit est spectaculaire et offre aux pilotes un véritable défi au moment de signer des chronos rapides, mais qu'en est-il des opportunités de dépassement ? Comme on peut s'y attendre, elles ne seront pas légion et doubler en course sera extrêmement difficile. Dans les nombreuses portions sinueuses, un pilote sera difficile à dépasser à moins qu'il ne commette une erreur.

En revanche, la longue zone de DRS dans la ligne droite de départ/arrivée peut offrir quelques espoirs d'assister à des manœuvres de dépassement au virage 1. Les monoplaces ont beaucoup d'appui sur cette piste, donc l'effet du DRS sera accru. Cependant, la voiture de derrière devra vraiment suivre de très près pour avoir une chance de passer dans San Donato.

Valtteri Bottas, Mercedes F1 W11

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