Il y a 65 ans : la naissance de la légende Lotus

Le 18 mai 1958, le jeune Team Lotus de Colin Chapman prenait le départ de son premier Grand Prix de Formule 1 avec deux F2 à moteur avant. Moins de cinq ans plus tard, le constructeur britannique était déjà la référence en catégorie reine.

Graham Hill, Lotus 12 Climax

Graham Hill, Lotus 12 Climax

LAT Images

Rétro : Dans l'Histoire des sports méca

Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

Si les premières Lotus étaient des voitures de sport, la structure fondée par Colin Chapman s'est fait un nom en Formule 1 et a marqué de son empreinte la discipline : entre 1960 et 1987, Lotus a accumulé 79 victoires. De quoi occuper le top 5 absolu du classement des équipes victorieuses jusqu'à… l'année dernière, lorsque Red Bull a porté son compteur à 92 succès à la fin de saison 2022.

Véritables œuvres d'art et souvent pionnières en matière d'innovation technique et aérodynamique, les Lotus de Chapman font partie des F1 les plus marquantes de l'Histoire. Mais les débuts de l'écurie en catégorie reine n'ont pas été de tout repos, et il a fallu composer avec un matériel bien moins compétitif que celui des équipes de pointe.

Conseiller technique de Vanwall en F1 en parallèle de son rôle de meneur du Team Lotus, Chapman décide en 1956 de concevoir sa première monoplace, la Type 12, en vue du prochain changement de réglementation en Formule 2. Bien que Cooper ait vite compris que le moteur central-arrière était l'avenir, Lotus poursuit avec le moteur avant, à savoir un quatre-cylindres en ligne Coventry-Climax de 1,5 litre, placé sur un châssis en structure spatiale.

L'on ne peut pas toutefois reprocher à la Type 12 de manquer d'originalité car l'on trouve un tout nouveau design de suspension, l'arceau de sécurité servant également de triangle à l'arrière, et des jantes en alliage sur mesure. En outre, les roues sont fixées par six goujons et de petits écrous, contrairement au traditionnel gros écrou de serrage des monoplaces de l'époque, car Chapman ne considère pas que les pneus ont besoin d'être changés en F2. En bref, plusieurs moyens de gagner en légèreté.

Gros plan sur la Lotus 12 de Cliff Allison

Gros plan sur la Lotus 12 de Cliff Allison

La cinquième édition du Glover Trophy de Goodwood, une épreuve hors championnat F1 organisée en avril 1957, doit marquer les débuts en compétition de la Type 12. Toutefois, un pilote doit déclarer forfait en raison d'une voiture indisponible et l'autre renonce à prendre le départ après la casse de la transmission.

Dans le Championnat d'Europe de Formule 2, l'on voit rarement une Lotus 12 rallier l'arrivée d'une course en 1957. Si elles ne sont pas fiables, les voitures demeurent rapides. Herbert MacKay-Fraser termine deuxième du BRSCC en juin, Cliff Allison signe le meilleur tour de sa catégorie à l'International Trophy en septembre (une épreuve mélangeant F1 et F2) et enchaîne deux podiums pour la Woodcote Cup et l'International Gold Cup (son coéquipier Graham Hill ayant signé le meilleur tour une fois de plus).

Il y a du potentiel dans cette Lotus 12, Chapman le sait et revoit ses ambitions à la hausse pour la saison à venir en souhaitant s'engager en Formule 1 avec un nouveau modèle, la Type 16. Cependant, son développement prend du retard et Lotus doit disputer la première partie de sa saison 1958 avec une Type 12 modifiée pour se conformer au règlement de la catégorie reine. Celle-ci fait ses débuts (officieux) en Formule 1 lors du fameux Glover Trophy d'avril. Le mois suivant, pour l'International Trophy, Graham Hill se classe sixième au volant d'une Lotus 12 équipée du même moteur Climax FPF de 2 litres qui a fait triompher Stirling Moss au GP d'Argentine de F1. Quant à Cliff Allison, toujours avec un bloc 1,5 L, il triomphe dans la catégorie F2.

Grande première en Principauté

Cliff Allison, Lotus 12 Climax

Cliff Allison, Lotus 12 Climax

L'amélioration des performances de la Lotus 12 d'une année à l'autre est très encourageante car deux semaines plus tard, la jeune équipe pose ses valises à Monaco. C'est le baptême du feu pour Lotus, car il s'agit de sa première participation à une épreuve comptant pour le Championnat du monde de F1. Lors des épreuves précédentes, le peloton était maigre ; ici, on trouve deux BRM, trois Vanwall, quatre Ferrari, quatre Cooper, et une armée de Maserati 250F (dix au total). Sachant qu'OSCA et Connaught ont également fait le déplacement et que la grille est limitée à 16 places, Lotus a donc fort à faire pour s'assurer de prendre le départ.

Pour ce faire, Hill et Allison reçoivent le Climax 2 litres accompagné d'une nouvelle boîte de vitesses et de nouveaux carburateurs. Mais le week-end démarre mal, les deux pilotes sont en proie à des problèmes techniques pendant les essais, et un choc contre le trottoir à l'épingle de l'hôtel (qui était auparavant une gare) fait de tels dégâts sur la voiture de Hill que les mécaniciens doivent passer le reste de la journée à la reconstruire.

Fort heureusement, le tortueux tracé de la Principauté permet à la Type 12 de ne pas se couvrir de ridicule face aux "vraies" F1, plus puissantes, et Allison tout comme Hill se font une place dans le top 16 au terme des qualifications. Le jour de la course, limités par leur machine, les deux hommes sont aux prises avec les deux seules Maserati s'étant qualifiées, en queue de peloton.

Mais avec 100 tours au programme et une marge d'erreur nulle, le Grand Prix de Monaco récompense uniquement les plus endurants. Sur Cooper, Maurice Trintignant l'emporte après 2h52 de course devant deux Ferrari. Allison se classe sixième et dernier après s'être immobilisé deux fois pour faire le plein d'eau, il n'a ainsi pu parcourir que 87 tours. Malheureusement pour lui, seuls les cinq premiers sont récompensés par des points à l'époque. Hill aurait pu prétendre à ce top 5 puisqu'il devançait Jack Brabham (classé quatrième) avant la casse de son arbre de transmission dans le dernier tiers de course.

Une semaine plus tard, au Grand Prix des Pays-Bas, Allison a l'honneur de recevoir un moteur Climax dont la capacité a été portée à 2,2 litres. Un changement bienvenu car à Zandvoort, les meilleurs tours sont réalisés à plus de 150 km/h de moyenne. Onzième sur la grille, le Britannique se bat avec les Ferrari D246 de Mike Hawthorn, Peter Collins et Luigi Musso pendant la course, mais doit une nouvelle fois s'avouer vaincu en se classant sixième, hors des points. De son côté, Hill abandonne après 40 tours sur problème moteur.

Cliff Allison, Lotus 12 Climax

Cliff Allison, Lotus 12 Climax

Finalement, le jour de gloire pour Lotus arrive en juin, plus d'un mois après ses débuts en catégorie reine. Allison et Hill bénéficient tous deux du Climax 2,2 litres. Une fois de plus, Hill abandonne sur casse moteur mais celui d'Allison tient bon. À vrai dire, le Britannique est si rapide sur le toboggan de Spa-Francorchamps qu'il passe de la douzième à la quatrième place en six tours seulement. À l'entame de la dernière boucle, il est à plus de quatre minutes du leader, Tony Brooks, qui franchit la ligne d'arrivée avec une boîte de vitesses cassée. Deuxième, Hawthorn est trahi par son moteur dans la dernière ligne droite. Troisième, Stuart Lewis-Evans passe la ligne au ralenti avec une suspension rompue… Si ce GP de Belgique avait comptabilisé un tour supplémentaire, Allison aurait donc facilement pu l'emporter !

Mais Lotus doit se contenter de la quatrième place, ce qui n'est pas du tout un mauvais résultat puisque l'équipe inscrit là ses premiers points en Formule 1. D'autres suivront après l'arrivée de la Type 16 au moteur Climax 2,5 litres, tandis que la première victoire, conquise par Stirling Moss, se fera au GP de Monaco 1960 – deux ans après les débuts de Lotus en F1 – avec la Type 18 à moteur central-arrière. Le parfait début d'une décennie remplie de trophées.

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