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Nouveau départ pour Williams : les raisons de l'optimisme

En queue de peloton ces dernières années, Williams a dû prendre des mesures radicales pour consolider ses finances, mais le début de la nouvelle saison de Formule 1 offre une base qui laisse de la place à l'optimisme...

George Russell, Williams

Photo de: GP Racing

L'intersaison de Formule 1, qui s'est prolongée de manière inattendue, a été difficile à vivre pour de nombreuses écuries, mais pour Williams en particulier, la reprise de la compétition était plus que jamais nécessaire. La chute de ses performances et la baisse des revenus qui en découle font que l'écurie était déjà sous une pression économique considérable lorsque les versements de son sponsor titre, ROKiT, ont brusquement cessé en pleine pandémie de COVID-19.

Ce n'est pas en se montrant tendre que Williams est devenue la deuxième écurie la plus victorieuse de tous les temps en F1 au nombre de titres mondiaux. Elle a donc réagi durement et sans faire de sentiment : publiquement, la faute a été rejetée sur ROKiT. Sir Frank Williams n'est peut-être plus aux commandes de l'entreprise quotidiennement, mais la société qui porte fièrement son nom en conserve l'empreinte infatigable et pugnace.

Ainsi les monoplaces Williams sont sorties de leur garage en Autriche, lors du premier Grand Prix, avec une toute nouvelle livrée de laquelle avait été rayé cet ancien sponsor. Mais au-delà d'une nouvelle peinture, l'équipe a également dû réfléchir à ce qui était auparavant impensable : une éventuelle vente, partielle ou totale.

Céder autant de fonds propres n'a jamais été envisagé dans la famille Williams auparavant, et cela montre à quel point le coronavirus a mis au défi des entreprises établies de longue date et les a forcées à s'adapter et à innover. Il est toutefois probable que la baisse des revenus après une campagne 2019 décevante – Robert Kubica a marqué l'unique point de l'écurie avec une dixième place en Allemagne – aurait de toute manière envoyé Williams dans cette direction.

"Il est certain qu'en fin d'année dernière, nous envisagions déjà de suivre cette voie pour attirer des investisseurs externes", confirme la directrice adjointe Claire Williams. "Nous savions que ça allait arriver. Ensuite, naturellement, un certain nombre de problèmes ont joué contre nous cette année et ont accéléré et élargi ce que nous devions faire. Notre famille a toujours fait passer l'équipe avant tout. Et plus important encore, Frank a toujours fait et fera toujours ce qu'il faut pour l'équipe. Il y a donc un certain nombre d'opportunités qui s'ouvrent à nous. Et en fait, c'était un processus intéressant, quelque chose de nouveau pour moi évidemment."

"Nous avons eu des parties très intéressées, qui pourraient peut-être s'avérer des partenaires précieux pour nous. Il peut s'agir de partenaires au sens propre du terme, ou bien ils peuvent venir travailler avec nous en tant qu'actionnaire minoritaire, ou ça peut se finir par une vente totale : nous devons passer ce processus en revue. J'aurais été déçue de ne pas voir d'intérêt de la part de gens bien, car Williams est une grande équipe. En tant que grande marque, elle a un héritage fantastique."

Claire Williams

Ces dernières saisons, Williams a ressemblé à une organisation prise au piège dans une phase de transition, enchaînant les restructurations. Lorsque Paddy Lowe est arrivé comme directeur technique en 2017, il était question de changement, y compris en déplaçant le département aéro pour le rapprocher du reste du groupe de conception, mais les performances ont continué à chuter. Les problèmes se sont sans doute aggravés avec le passage à un nouveau concept de monoplace pour 2018, qui a mis en évidence des soucis de corrélation entre la piste et la soufflerie.

Et des lacunes subsistent : par exemple, pendant près de deux ans, le rôle de chef designer est resté vacant suite au départ d'Ed Wood. L'an dernier, quand la FW42 est arrivée en retard pour les essais hivernaux et a dû être redessinée avant le début de la saison, plusieurs composants majeurs avaient été déclarés illégaux par la FIA. Le sort de Lowe était scellé, et il s'est en allé peu de temps après. La voiture n'a jamais été rapide, elle manquait beaucoup trop d'appui aérodynamique pour tirer le meilleur de ses pneus et elle générait trop de traînée pour espérer une bonne vitesse de pointe.

Lowe n'a jamais été directement remplacé et ses responsabilités ont été assumées par Doug McKiernan, directeur de la conception, et par Dave Robson, directeur de la performance du véhicule. Les deux hommes sont des anciens de chez McLaren. Ils ont pris la décision de ne pas gaspiller de ressources en se lançant dans un nouveau concept de monoplace pour 2020 et de maximiser leur compréhension des difficultés de la FW42 pour la faire évoluer.

Il est trop tôt pour affirmer catégoriquement que cette approche a fonctionné, mais les signes sont positifs jusqu'à présent : la FW43 a été achevée à temps et a bien roulé lors des essais hivernaux, puis George Russell s'est qualifié avec un chrono plus rapide de 0"8 en comparaison avec l'année passée sur un circuit identique, manquant de peu la Q2.

Sous la pluie des qualifications du Grand Prix de Styrie, Russell a atteint cette Q2, tandis que Nicholas Latifi semblait en mesure de le suivre avant que deux drapeaux jaunes puis un drapeau rouge ne compromettent ses tours rapides. Enfin, lors du Grand Prix de Hongrie, les deux autos sont passées en Q2 pour la première fois depuis le Grand Prix d'Italie 2018.

"La voiture est un peu meilleure, à la fois dans la manière de faire fonctionner les pneus et dont les pilotes peuvent l'exploiter", confie Robson. "Je pense qu'elle est tout simplement un peu meilleure dans tous les domaines. De notre côté principalement, l'aérodynamique a progressé par rapport à l'an dernier."

Williams décrit désormais son processus de restructuration comme "terminé". Le rôle de directeur technique qu'occupait Lowe n'a pas été attribué, mais David Worner, ancien directeur adjoint du design chez Red Bull, a été recruté en qualité de designer en chef en janvier dernier, suivi par Jonathan Carter (ex-Renault) comme directeur de la conception.

George Russell

Le plus important pour une écurie auparavant perçue comme désorganisée est sans doute la prise de fonction de Simon Roberts comme directeur général, chargé de superviser les opérations F1. Il arrive de chez McLaren, où il était très estimé. Toutes ces recrues auront besoin de temps pour faire ressentir leur influence, mais on a déjà l'impression que l'équipe va désormais dans la bonne direction.

"Ce que nous avons dit durant l'hiver, ce que nous voulions montrer, c'est que nous avions progressé, appris de nos erreurs commises ces deux dernières années", souligne Claire Williams. "Nous avons entièrement restructuré l'entreprise, dans chaque domaine. Et je sais qu'en Autriche, tout le monde a presque poussé un ouf de soulagement en voyant que nous démontrions tout ça. C'était génial de reprendre la compétition. Vous n'imaginez pas ce que c'était pour nous tous, de venir chaque week-end en sachant que nous allions probablement nous qualifier dernier et terminer la course dernier. C'est brutal pour une équipe comme la nôtre, une équipe où il y a tellement de gens qui aiment ce qu'ils font."

Deux autres avancées, en dehors du développement lié à la piste, pourraient également aider Williams à retrouver une belle dynamique : de nouveaux Accords Concorde, avec une distribution des revenus plus équitable (en supposant que l'écurie puisse désormais marquer plus de points) et l'arrivée du plafonnement budgétaire.

La manière dont les revenus sont distribués actuellement est particulièrement vexante pour une écurie indépendante comme Williams. Il s'agit d'un héritage de l'époque où Bernie Ecclestone était aux affaires, qui donne un statut préférentiel aux trois écuries de pointe. Tels étaient alors les leviers d'Ecclestone pour asseoir son pouvoir et briser d'éventuelles alliances entre les écuries : diviser pour mieux régner.

"Dans l'ensemble, toutes les nouvelles règles vont significativement aider une équipe comme la nôtre", prévient Claire Williams. "Et ce sera certainement le cas des règles financières. Même le plafond budgétaire initial à 175 millions de dollars était positif pour nous, et depuis il a été abaissé, ce qui nous donne une marge de manœuvre. Il est assurément à un niveau qui sera avantageux pour nous, c'est à nous de capitaliser dessus."

Les mois qui viennent seront déterminants. Si les investisseurs supposés – décrits comme des "gens très sérieux" par Ross Brawn, patron sportif de la F1 – vont au bout de leurs intentions, ils devront travailler rapidement pour comprendre de quel soutien a besoin l'écurie et si des raisons persistent pour expliquer son manque de performance. Michael Latifi, père du pilote Williams qui détient 10% des parts de McLaren, est également à la tête de sa propre entreprise, qui a joué un rôle clé pour aider Williams à assainir ses comptes récemment. C'est de lui que parlerait Ross Brawn.

Il demeure important pour l'équipe de signer des bons résultats en piste, ce qui passe par le fait de marquer des points qui permettront de débloquer de futurs revenus. Malgré tous les signes encourageants en qualifications, avec un Russell au rendez-vous et un Latifi plus proche de lui que ne l'était Robert Kubica l'an dernier, la FW43 a besoin d'un meilleur rythme de course. "Nous avons encore un bon paquet de Grands Prix à disputer", rassure Claire Williams, "et je sais que nous pouvons encore apprendre et faire des progrès."

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