Commentaire

Opinion - McLaren et Alfa Romeo pourraient-ils s'allier ?

Un divorce entre McLaren et Honda semble proche, à en juger les critiques du moteur japonais par les dirigeants de l'équipe. Mais quelles sont les options de McLaren en cas de rupture ? Adam Cooper essaie d'imaginer la suite.

Scuderia Ferrari, Alfa Romeo

Photo de: XPB Images

Scuderia Scuderia Ferrari, Alfa Romeo
Scuderia Ferrari, Alfa Romeo
Ron Dennis, McLaren et Fernando Alonso, McLaren
Ron Dennis, Président Exécutif McLaren avec Yusuke Hasegawa, chef du programme Honda F1
Mika Hakkinen, McLaren Mercedes
Zak Brown, Directeur Exécutif de McLaren avec Mansour Ojjeh, actionnaire de McLaren
Mika Hakkinen, McLaren MP4/13 Mercedes
Mika Hakkinen, McLaren
Lewis Hamilton, McLaren Mercedes, MP4-23
Lewis Hamilton, McLaren Mercedes
Andrea de Adamich, McLaren M14D Alfa Romeo
Mika Hakkinen, McLaren Mercedes
Zak Brown, directeur exécutif du McLaren Technology Group
Zak Brown, directeur exécutif McLaren
Toto Wolff, directeur exécutif Mercedes AMG F1
Stoffel Vandoorne, McLaren MCL32, Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W08
John Watson, McLaren MP4/1B-Ford Cosworth devant Andrea de Cesaris, Alfa Romeo 182
Toto Wolff, directeur exécutif Mercedes AMG F1, et Maurizio Arrivabene, team principal Ferrari
Zak Brown, directeur exécutif, McLaren Technology Group
Fernando Alonso, McLaren
Fernando Alonso, McLaren, entre dans son cockpit dans le garage
Fernando Alonso, McLaren
Chase Carey, directeur exécutif du Formula One Group
Fernando Alonso, McLaren MCL32, Lance Stroll, Williams FW40
Fernando Alonso, McLaren MCL32 et Carlos Sainz Jr., Scuderia Toro Rosso STR12
La voiture de Fernando Alonso, McLaren MCL32 après son abandon
Stoffel Vandoorne, McLaren MCL32
Logo McLaren-Honda
Sebastian Vettel, Ferrari SF70H
Ross Brawn, directeur de la compétition du Formula One Group, Gene Haas, Haas F1 Team
Stoffel Vandoorne, McLaren MCL32, Fernando Alonso, McLaren MCL32
Fernando Alonso, McLaren MCL32
Fernando Alonso, McLaren MCL32
Fernando Alonso, McLaren MCL32
Sebastian Vettel, Ferrari SF70H
Stoffel Vandoorne, McLaren MCL32
Fernando Alonso, McLaren MCL32
Fernando Alonso, McLaren
La pluie tombe sur les camions McLaren-Honda dans le paddock
Stoffel Vandoorne, McLaren MCL32, Jolyon Palmer, Renault Sport F1 Team RS17
Kenji Nakano, chef mécanicien Honda, McLaren-Honda
Stoffel Vandoorne, McLaren MCL32, Fernando Alonso, McLaren MCL32

Les rumeurs selon lesquelles McLaren envisage un avenir sans Honda ont d'abord émergé il y a quelques mois, mais la situation est désormais au-delà de cette étape, et le fait que la direction de Woking cherche activement un autre partenaire n'est plus un secret.

Il est largement présumé qu'il y aura des retrouvailles entre McLaren et Mercedes en 2018, et à de nombreux égards, ce chemin est très logique et très évident. Cependant, il semble que les choses ne sont pas encore gravées dans le marbre. Comment pourraient-elles l'être, l'accord avec Honda étant toujours en vigueur officiellement ?

Il y a peut-être une chance de voir la résurgence inattendue d'un autre partenariat oublié de la F1, impliquant McLaren et Alfa Romeo.

Zak Brown et Éric Boullier ont tous les deux été très clairs sur le fait que la patience de McLaren envers Honda était arrivée à son terme et, vu le ton de leurs commentaires, les chances de voir les deux parties continuer ensemble l'année prochaine sont minces.

Cela semblait être le cas avant même un Grand Prix du Canada frustrant, où Fernando Alonso a été privé de ce qui aurait pu être le premier point de l'équipe cette année. Le fait que la perte d'une dixième place soit aussi mal accueillie montre à quel niveau l'équipe se situe actuellement. Comme Brown l'a déclaré à Motorsport.com après la course, "nous ne pouvons pas continuer comme ça".

Quand le partenariat emblématique a été renouvelé, le fait qu'il faille une saison ou trois pour redevenir pleinement compétitif – c'est-à-dire se battre pour des podiums et frapper à la porte de victoire – était accepté.

La première année avec Honda a été un désastre, la seconde a vu une dynamique intéressante et a suscité de l'optimiste et, en 2017, les choses ont clairement empiré. McLaren ne peut pas se permettre de perdre encore plus de temps.

Personne dans le clan de Woking, et certainement pas parmi les actionnaires majoritaires de l'équipe, ne fait la course uniquement pour faire le nombre.

L'écueil financier

Mais ce n'est pas juste une question d'égos. En F1, les points donnent des primes et, plus bas vous êtes dans la hiérarchie, plus longtemps vous y restez, et moins d'argent vous recevez de la FOM. Après avoir été neuvième puis sixième lors des deux dernières saisons, l'équipe est actuellement dernière, avec zéro point.

Dans le même temps, la faible performance en piste est loin d'épater les sponsors, et plusieurs d'entre eux ont migré vers d'autres teams ces derniers années.

Ce double coup dur est un gros coup de canif dans la contribution positive sur le plan financier de Honda et ainsi, en finir avec un accord d'usine lucratif et payer cher pour un moteur compétitif fait de plus en plus sens.

McLaren est une équipe qui devrait gagner, et il est difficile d'imaginer que le dernier titre date de 2008 et que la victoire la plus récente remonte à 2012. L'alliance avec Honda devait remédier à cela, capturer à nouveau la magie du passé, et donner à l'écurie une relation exclusive cruciale avec un constructeur majeur, avec toutes les ressources que cela représente.

Ça n'a pas fonctionné et il ne semble pas que cela puisse marcher prochainement, donc il est temps d'avancer, et de trouver une façon d'améliorer la performance.

Le divorce semble devoir être compliqué, car il s'agit évidemment d'un accord à long terme complexe qui implique d'importantes sommes d'argent. Honda s'est déjà engagé avec Sauber, donc en théorie ne se retirera pas de la discipline comme ce fut le cas fin 2008, laissant Ross Brawn remuer ciel et terre pour sauver la structure de Brackley.

Il y a une immense ironie dans le fait que ce qui est devenu Brawn GP a été sauvé parce que McLaren, l'équipe d'usine Mercedes, a accepté que le constructeur de Stuttgart puisse tirer Brawn d'affaire, avec une fourniture moteur, après que le président Luca di Montezemolo ait fait une offre similaire au nom de Ferrari.

Il s'agissait d'un geste généreux visant à empêcher le licenciement du personnel de Brackley (et donc Jenson Button et Rubens Barrichello), mais cela s'est retourné contre McLaren quand Brawn GP a dominé le début de saison, et que Button a gagné le Championnat du monde.

Ayant aimé ce qu'il avait vu, Mercedes a décidé de racheter l'équipe et d'en faire l'écurie d'usine, au détriment de McLaren.

La pierre d'achoppement majeure à l'époque était le fait que les ambitions de McLaren en matière de voitures de route montaient en puissance, et il y avait un conflit évident avec Mercedes, qui devenait un concurrent direct pour les gens qui pouvaient dépenser beaucoup d'argent. Les relations entre Stuttgart et Ron Dennis se sont tendues.

Contre un accord de client

McLaren a fini par se trouver relégué au statut de client, et c'est pourquoi Dennis a commencé à chercher un nouveau partenaire, estimant qu'il était impossible de gagner en F1 en tant que client, même si Brawn a prouvé que c'était possible, à la condition d'avoir un châssis exceptionnel.

Par nécessité, McLaren a continué avec Mercedes après la conclusion de l'accord avec Honda, et même pendant la première saison de la nouvelle ère V6 turbo hybride. Cela a inévitablement fait monter les tensions entre les deux, Mercedes ayant eu quelques inquiétudes au sujet de sa propriété intellectuelle.

À Suzuka en 2014, Dennis a déclamé une tirade sur le niveau de service client de son partenaire, se concentrant sur le manque d'accès au "code source", dont il sentait que cela aurait permis à McLaren d'obtenir les avantages dont l'équipe d'usine bénéficiait en qualifications. Honda n'arrivait alors pas assez vite.

"Même si nous avons la même marque de moteur, cela ne signifie pas que nous avons la capacité d'optimiser le moteur", déclarait-il. "Donc il faut commencer à se mettre dans une position où on a le meilleur moteur disponible. C'est ce que nous avons fait pour les années à venir. Nous avons eu un partenariat excellent avec Mercedes, mais nous avons l'intention d'être sur les chapeaux de roues avec Honda."

Une nouvelle union avec Mercedes ?

Moins de trois ans plus tard, McLaren se trouve dans l'étrange cas de figure d'essayer d'échapper à Honda, et d'avoir Mercedes comme issue de secours évidente. La bonne nouvelle est que les deux parties ont une histoire commune ; la mauvaise nouvelle est que cette histoire comprend beaucoup de bagages inutiles.

Côté positif, sur le plan de l'ingénierie, les hommes de Woking et Brixworth se connaissent bien, et ça ne fait que trois ans depuis que McLaren a construit sa voiture autour de la première version du V6 à l'Étoile.

Mercedes a la capacité de fournir une quatrième équipe – il y avait Manor en 2016 – et l'année prochaine, l'allocation d'unités de puissance par pilote tombera à trois, donc cela veut dire que moins de ressources seront nécessaires de la part des clients.

Sur le plan marketing, beaucoup de choses peuvent être faites autour d'une réunion entre McLaren et Mercedes, si cela convient aux deux parties. Cependant, le curieux conflit d'intérêts sur le plan des voitures de route sera toujours là, donc cela pourrait peut-être constituer un argument en faveur d'un rebadgeage qui donnerait également à McLaren un package supplémentaire à vendre à un sponsor.

Mais Mercedes souhaite-t-il vraiment retrouver McLaren ? Il n'y a pas si longtemps, la direction avait refusé de fournir Red Bull, estimant qu'après avoir travaillé si dur pour être en position de gagner, à quoi bon offrir sur un plateau cet avantage à un rival très peu amical ?

McLaren pourrait mettre des bâtons dans les roues d'une équipe qui est déjà concentrée sur la lutte avec Ferrari, et qui a de bonnes et saines relations avec Williams et Force India.

Un facteur joue en faveur de McLaren. Il y a eu un conflit de personnalités au cœur de l'échec des négociations entre Red Bull et Mercedes, et il est probablement juste de dire que Christian Horner n'a pas beaucoup d'amis à Brackley ou à Stuttgart.

De façon cruciale pour McLaren, Dennis n'est désormais plus sur la photo, beaucoup des bagages susmentionnés ont été mis au rebut. Brown, comme il l'a montré en mettant en place le deal autour de l'Indy 500, est un homme avec qui les gens aiment faire des affaires, et qui fait avancer les choses.

Néanmoins, il y a toujours des obstacles à franchir. Il serait possible d'arguer qu'il serait mieux pour McLaren d'opter plutôt pour Renault, et de prendre un nouveau départ avec un nouveau partenaire.

Viry a une bonne réputation en matière de parité, et pour le moment au moins, l'équipe d'usine ne gagne pas, et donc cet étrange élément de concurrence n'entre pas dans l'équation. 

Il y a aussi l'option de vendre le badgeage du moteur, comme Red Bull l'a démontré, ce qui aiderait à payer les factures.

Cependant, même si Renault a beaucoup progressé avec son V6 sur les deux dernières années, il se situe toujours derrière ses deux rivaux principaux.

Le moteur français est un bien meilleur parti que Honda – après tout, Red Bull a gagné des courses avec – mais McLaren peut-il seulement se permettre de compter sur la promesse d'un écart qui va se réduire encore plus en 2018 et au-delà ?

Une option Ferrari ?

Il y a une troisième option, dont il est facile de penser qu'elle n'arrivera jamais. McLaren et Ferrari, rivaux féroces pendant quatre décennies, dans le même lit ? Cela semble fou, notamment parce que, sur le plan marketing, ces noms ne correspondent pas pour des raisons évidentes – ils visent la même clientèle aisée.

Cependant, McLaren pourrait badger le moteur Ferrari, comme Sauber l'avait fait avec Petronas pendant de nombreuses années. Et ça pourrait ne pas être un accord de sponsoring du style TAG Heuer. Repensez aux logos sur l'arrière de la SF70H. Et si McLaren se mettait d'accord pour utiliser le moteur de Maranello avec le nom d'Alfa Romeo ?

Sergio Marchionne a dit qu'il voulait véritablement pousser la marque en F1, et cela pourrait être une façon inattendue de le faire brillamment. Cela serait particulièrement attirant pour lui si McLaren payait 25 millions de dollars ou autre pour avoir le privilège de promouvoir Alfa Romeo, surtout si Fernando Alonso faisait aussi partie de l'histoire.

Si Alfa ne convient pas, il y a d'autres marques qui pourraient être utilisées, même si Chrysler n'a pas le même attrait...

Souvenez-vous que Ferrari perd Sauber l'année prochaine, ne laissant que Haas comme seul client, donc logistiquement, c'est possible.

Le Mercedes est le moteur que tout le monde a convoité lors des trois dernières saisons, mais le Ferrari est maintenant à son niveau. Pourquoi McLaren n'en voudrait pas, pour des raisons purement compétitives, si tout le reste peut être réglé ?

Le contre-argument évident est que Ferrari n'a jamais fourni de moteurs à un vrai rival, et tout comme Mercedes n'a pas voulu tendre la main à Red Bull, Maranello sera réticent à fournir sa technologie à McLaren.

Et est-ce que McLaren pourrait être 100% sûr d'avoir une parité en termes d'équipement ou, selon les mots de Ron Dennis, un accès au "code source" ?

Clairement, les problèmes de marketing et de concurrence représenteraient des obstacles. Cependant, il y a l'image plus importante de la politique. Beaucoup de choses vont se passer lors des prochaines années, Liberty allant s'occuper à la fois des futures règles techniques et, plus controversé encore, des accords financiers de la F1.

Un mariage de raison entre Ferrari et McLaren serait très puissant, et donnerait potentiellement à Maranello des armes supplémentaires pour défendre son pré carré. Et la voix de Mercedes serait alors proportionnellement plus faible.

Rappelez-vous également qu'alors que Brown et le directeur de Ferrari, Maurizio Arrivabene, seraient dans la boucle dans les négociations, au final cela serait accepté et ratifié par leurs supérieurs – entre Marchionne d'un côté et Mansour Ojjeh et la famille royale bahreïnie de l'autre. Si ces gens sont sur la même longueur d'onde, tout est possible.

Imaginez la belle histoire que ce serait. Un moteur gagnant pour McLaren, qui permet le retour aux affaires d'un grand nom, et le nom sexy d'Alfa Romeo qui effectue un vrai retour dans la discipline, possiblement avec Fernando Alonso.

Ross Brawn et Chase Carey pousseraient fort pour que cela se produise. La FIA serait aussi enthousiaste à l'idée que Ferrari ait trois équipes clientes, plutôt que de voir Mercedes (ou Renault) passer à quatre.

Il y a même une petite histoire sur laquelle les deux camps peuvent se reposer. En 1970, le pilote Alfa Romeo Andrea de Adamich a fourni un V8 de la marque italienne à Bruce McLaren, qui a construit une M7D spéciale, l'utilisant comme une voiture d'usine supplémentaire.

Le package n'était pas excellent, même le passage à une M14D plus récente n'avait pas aidé, et De Adamich n'avait pas fait mieux qu'une huitième place, à Monza.

Mais le fait est qu'une McLaren-Alfa Romeo a débuté quatre Grands Prix cette année-là, et il s'agit d'un chapitre oublié de l'histoire des deux entreprises. Y aurait-il une chance qu'un autre soit écrit ?

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Renault a déjà des designers dédiés à sa monoplace 2018
Article suivant Les rumeurs d'arrivée d'une équipe chinoise en F1 s'intensifient

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France