Analyse

Dix opportunités et menaces auxquelles la F1 fait face en 2019

Alors qu'approche le début de la saison 2019 de Formule 1, les premières controverses ont déjà surgi. Mais dans de nombreux cas, les graines de ce qui fera le plus parler cette année ont déjà été semées.

Sergey Sirotkin, Williams FW41, prend sa place sur la grille

Andrew Hone / Motorsport Images

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La révolution de la Formule 1 programmée par Liberty Media n'aura peut-être lieu que dans deux ans, mais la discipline ne peut pas pour autant attendre de connaître des jours meilleurs. Avec l'évolution constante du paysage numérique et médiatique mondial, et si elle veut avoir une chance de capitaliser sur tout ce qu'elle prévoit, la F1 doit rester agressive et continuer à gagner du terrain au cours des deux prochaines années.

Dans un contexte de coûts devenus incontrôlables, d'audiences TV affectées par le passage sur des canaux payants, et de critiques concernant le manque de dépassements, il est trop facile de mettre l'accent sur les aspects négatifs et de penser que les dirigeants de la F1 ne font face qu'à des problèmes avant cette nouvelle saison. C'est sûr, tout n'est pas rose dans le jardin de Liberty, mais nous vous expliquons ici pour quelles raisons il y a de quoi être impatient de vivre cette saison 2019, et pour quelles raisons il y a aussi de quoi être nerveux. 

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Le sang neuf a une chance de briller

Charles Leclerc, Ferrari

Le sourire de Daniel Ricciardo a apporté une bouffée d'air frais en F1 ces dernières années, mais sa décision de quitter Red Bull Racing pour Renault en 2019 a provoqué un tremblement de terre à grande échelle sur le marché des transferts. 

Son départ inattendu a en effet ouvert la porte à une saison vraiment enthousiasmante, lors de laquelle les jeunes pilotes ont décroché de grandes opportunités, à un niveau rarement vu. Pierre Gasly a rejoint Red Bull, Alexander Albon a décroché un baquet Toro Rosso, Charles Leclerc un volant Ferrari, Lando Norris a sa chance chez McLaren et George Russell la sienne chez Williams

Tous les débutants font face à des défis uniques, mais l'afflux de nouveaux visages offrira une ambiance différente et donnera aux fans de bonnes raisons de débattre. 

Une période décisive pour Vettel

Sebastian Vettel, Ferrari

Sebastian Vettel a été candidat au titre ces deux dernières saisons, mais les opportunités manquées ont également suscité des interrogations quant à savoir s'il avait vraiment toutes les cartes en main pour être meilleur que Lewis Hamilton. L'incident de Bakou en 2017, ainsi qu'une série d'erreurs l'année dernière, ont révélé des signes de faiblesse clairs face à un rival chez Mercedes qui ne fait plus que très rarement des erreurs. 

L'arrivée de Leclerc comme nouveau coéquipier de Vettel donnera au quadruple Champion du monde une occasion de briller à nouveau, sans quoi il risque de chuter. Il doit élever son niveau s'il veut marquer son territoire face au très coté Monégasque. 

Si le défi proposé par Leclerc inspire Vettel, alors cela pourrait faire toute la différence en l'incitant à être performant à son plus haut niveau. Mais si la menace devient trop importante, nous pourrions assister à un remake de ce qui s'est produit en 2014, lorsque Vettel faisait face à un Ricciardo relativement inconnu chez Red Bull, et qu'il avait perdu confiance en lui avant de chercher une nouvelle destination. 

Kubica peut-il le faire ?

Robert Kubica, Williams FW41

Le succès de Robert Kubica dans sa quête de retour en Formule 1 a été l'une des belles histoires de 2018. Mais alors que le coup d'envoi de la compétition approche, le temps du romantisme touche à sa fin. L'histoire de Kubica ne sera jugée que par le chronomètre et par les résultats. 

Kubica et Williams ont conscience qu'il a la rapidité nécessaire, mais il reste des interrogations au sujet des séquelles de son accident, et de l'ampleur qu'elles ont prises sur le talent brillant que nous avions vu en piste pour la dernière fois il y a près de dix ans. 

Néanmoins, si quelqu'un a la détermination et la concentration nécessaires pour se hisser au bon niveau, c'est Kubica. Ce sera un pilote fascinant à observer en 2019. 

Est-ce que Ferrari va s'ouvrir ?

Mattia Binotto, Ferrari Chief Technical Officer

Le changement de tête chez Ferrari, avec le remplacement de Maurizio Arrivabene par Mattia Binotto au poste de directeur, a été largement considéré comme une étape positive pour l'écurie. Des questions s'étaient posées quant au leadership chez Ferrari en 2018, après avoir gâché une opportunité de remporter le championnat. Binotto a la compréhension technique, la connaissance de l'équipe et l'approche calme nécessaires pour l'aider à franchir la dernière marche vers le titre. 

Il sera également intéressant de voir s'il modifie la personnalité de l'équipe, qui s'était coupée des médias depuis l'arrivée d'Arrivabene. Cette approche, ajoutée à une attitude de confrontation de la part d'Arrivabene, a laissé Ferrari avec peu d'alliés dans le paddock lorsque les choses ont mal tourné, ce qui a alimenté un sentiment de persécution ne faisant qu'exacerber les tensions. Binotto a une occasion en or de mieux gérer cette partie de la dynamique du paddock, et d'exploiter les opportunités qu'offre une attitude d'ouverture. 

Trop de battage médiatique pour Honda ?

Toro Rosso Honda mechanics work in the garage next to the Brendon Hartley Toro Rosso STR13

Après l'humiliation endurée à cause de ses difficultés avec McLaren, Honda a remis sa maison en ordre et restauré son image en 2018, profitant d'une année un peu plus à l'écart des projecteurs aux côtés de Toro Rosso. Avec des progrès criants en matière de puissance et de fiabilité, et une écurie désireuse de collaborer plutôt que de le blâmer, le motoriste japonais a fait l'actualité de manière positive. Ainsi, ce fut suffisant pour convaincre Red Bull de franchir le pas pour 2019. 

Mais faire du bon travail pour une équipe de milieu de grille comme Toro Rosso est à des années-lumière de devoir fournir un moteur à une équipe qui lutte aux avant-postes, où les petits déficits sont brutalement exposés. Honda a beaucoup été mis en avant, et il existe un risque pour que les attentes venant de l'extérieur – particulièrement des fans de Max Verstappen – soient en décalage par rapport à ce qui peut être fait de manière réaliste à ce stade. 

Le nouveau règlement provoquera-t-il un bouleversement ?

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 W09, leads a locked-up Sebastian Vettel, Ferrari SF71H, Valtteri Bottas, Mercedes AMG F1 W09, Kimi Raikkonen, Ferrari SF71H, Max Verstappen, Red Bull Racing RB14 Tag Heuer, and the rest of the field at the start.

C'est bien connu, la stabilité réglementaire réduit souvent l'écart entre les équipes au fil du temps. Mais il est vrai également qu'un profond changement de règlement offre la chance d'un jeu de cartes rebattu à plus court terme. 

Avant Noël, le directeur de Mercedes, Toto Wolff, disait que son équipe se souciait du fait que les nouvelles règles aéro offrent l'opportunité à n'importe quelle équipe – y compris Williams, lanterne rouge en 2018 – de mettre le doigt sur quelque chose et de surgir aux avant-postes. 

Une telle révolution est hautement improbable, mais les modifications apportées aux ailerons ainsi que les autres ajustements aérodynamiques soulèvent la perspective alléchante de voir des équipes faire de meilleurs choix que d'autres. 

Il y a peu de raisons de croire qu'une autre équipe que Mercedes et Ferrari viendra d'emblée se mêler au rythme des meilleurs, mais dans le paddock, il y a suffisamment de cerveaux capables de trouver des gains de performance intéressants et permettant à une équipe de milieu de grille d'émerger en 2019.

Dépassements et réaction démesurée

Sebastian Vettel, Ferrari SF71H and Kimi Raikkonen, Ferrari SF71H battle at the start of the race

Les changements aéro pour 2019 ont été entraînés par un désir de rendre les dépassements plus faciles. Même si les dirigeants de la F1 sont les premiers à se montrer prudents quant à la réussite de leur plan, préparez-vous aux inévitables discussions sur l'"échec du changement de règlement" après le Grand Prix d'Australie. 

Tout comme la F1 avait réagi de manière excessive et insisté pour faire des changements après le Grand Prix d'ouverture l'an dernier – alors que la suite du championnat n'avait pas offert tant de courses décevantes –, il y aura de nouveau un tollé lorsque le tracé difficile de l'Albert Park n'aura pas généré suffisamment de dépassements. 

Il faudra donner du temps aux changements apportés aux ailerons afin de comprendre leur incidence, mais il y a rarement assez de patience pour donner quatre ou cinq courses avant que l'analyse soit faite. Attendez-vous à des critiques dès le début de l'année.

Pessimisme autour de la télévision

Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1 talks with Paul di Resta, Sky TV in Parc Ferme

Peu importe ce que Lewis Hamilton fera sur la piste en 2019, les audiences TV au Royaume-Uni vont chuter de manière spectaculaire. La première année du contrat exclusif avec la chaîne Sky Sports va aider à remplir les caisses de la F1, via un accord sur six ans qui est estimé à un milliard de livres (1,13 milliard d'euros), mais il y aura une contre-partie moins agréable. 

La suppression des diffusions en clair dans ce pays va priver de F1 les spectateurs occasionnels, et l'annonce de la chute d'audience ne sera pas une bonne publicité pour les écuries en quête de nouveaux sponsors. 

La dynamique changeante pour suivre la F1 à la télévision ouvre de nouvelles opportunités pour d'autres offres numériques, et les fans peuvent au moins se réjouir de voir les dirigeants de la discipline adopter enfin les réseaux sociaux et YouTube. Cela peut leur apporter davantage par rapport à ce qu'ils pouvaient manquer auparavant. 

Des Grands Prix à l'avenir incertain

Start of the race, Sebastian Vettel, Ferrari SF71H leads

Les sujets politiques de la F1 tournent essentiellement autour du futur plafonnement des budgets et de la nouvelle redistribution des revenus, mais le principal obstacle immédiat pour Liberty est de régler l'avenir du calendrier. 

En 2019, cinq Grands Prix voient leur contrat arriver à terme : Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Espagne et Mexique. Sous la gouvernance de Bernie Ecclestone, la F1 était encline à signer des contrats longtemps à l'avance, mais une volonté des promoteurs de faire baisser les coûts d'organisation – ce qui a par exemple poussé Silverstone à activer sa clause de sortie – a mené dans une impasse. 

Liberty veut évidemment conserver l'argent important que rapportent les frais d'organisation, en place depuis des années, mais les circuits ne semblent plus motivés à l'idée de faire leurs fonds de poches, d'autant que des idées telles que celle d'un partage des revenus ont été évoquées. 

La situation pourrait devenir assez intense, notamment si les cinq promoteurs concernés restent fermes, car perdre un quart du calendrier pour 2020 est quelque chose que personne en F1 ne pourrait accepter. 

Les Accords Concorde sur le devant de la scène

Chase Carey, Chief Executive Officer and Executive Chairman of the Formula One Group

La F1 a promis à ses fans d'être plus attrayante, plus concurrentielle et plus esthétique à partir de 2021, mais les moyens pour y parvenir constituent encore un problème épineux. Le temps va commencer à manquer pour établir la future réglementation, car les écuries doivent débuter les préparatifs pour les nouveaux designs dont il a été question

L'idée originale d'un changement majeur du règlement moteur a été édulcorée car les motoristes ont très bien joué la montre lors des négociations, et on ne s'attend pas à voir les équipes se mettre rapidement d'accord sur les sujets du plafonnement des budgets, de la redistribution des revenus ou du design des monoplaces, qui rendront les choses trop équitables à leur goût.

Trouver un consensus entre les équipes est très improbable, car ce qui convient à Mercedes ne va pas forcément convenir à Williams. Liberty doit donc choisir entre essayer de plaire à tout le monde par le biais de changements adoucis, ou passer en force avec le risque de décevoir les grands noms. En dehors de la piste, ce pourrait être l'histoire qui va marquer l'année 2019.

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