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Paddy Lowe sur l'échec Williams : "Je ne peux pas faire de miracles"

Le retour de Paddy Lowe chez Williams de 2017 à 2019 a été extrêmement infructueux, mais l'ingénieur de renom estime ne pas être responsable de cet échec.

La Williams FW42 dans le garage Williams Racing

Photo de: Jerry Andre / Motorsport Images

Paddy Lowe est un personnage éminent du paddock de la Formule 1, où il a travaillé pendant 32 ans au sein des écuries Williams, McLaren et Mercedes, contribuant à neuf titres mondiaux chez les pilotes et sept côté constructeurs – notamment les quatre premiers de la marque à l'étoile de 2014 à 2017.

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Or, si le premier passage de Lowe chez Williams avait été un succès avec le développement de la suspension active notamment, le second, en tant que directeur technique de mars 2017 à mars 2019, a été bien moins fructueux. La légendaire écurie britannique a chuté de la cinquième place du championnat des constructeurs en 2017 à la dernière l'année suivante et a connu une immense déconvenue au début des essais hivernaux 2019, pour lesquels sa monoplace n'était pas prête à temps. Un précieux roulage avait été perdu et Lowe avait dû quitter le navire à l'aube d'une saison encore plus difficile. Manifestement, cet épisode lui reste en travers de la gorge.

"C'est une période sur laquelle je n'aime pas vraiment m'étendre, à vrai dire", déclarait le Britannique, qui n'est plus apparu en F1 depuis lors, au début de la saison dernière dans le podcast Beyond The Grid. "Au fil de ma carrière en Formule 1, j'ai adoré chaque année, chacune pour des raisons différentes, et ça n'a fait que s'améliorer de certaines manières. Mais ces deux années chez Williams, je ne les ai pas appréciées, à vrai dire. C'était vraiment beaucoup de travail sans la moindre récompense. Je pense que moins j'en parle, mieux c'est. Tout ce que je peux dire, c'est que la patience n'existe pas en Formule 1, et pourtant c'est une compétition incroyablement difficile. On peut la considérer comme la compétition la plus difficile sur Terre, et cela signifie que si une astuce nous échappe, si l'on ne fait pas ce qu'il faut pendant une longue période, on ne peut pas s'attendre à s'en remettre du jour au lendemain."

"Je sais faire beaucoup de choses, et je pense l'avoir prouvé dans un certain nombre de domaines. Mais je ne peux pas faire de miracles, surtout en si peu de temps. Je vais vous donner un bon exemple : la base d'une équipe victorieuse, c'est littéralement une équipe victorieuse – ce sont les gens [qui la composent]. Or, les personnes les plus talentueuses en Formule 1 ne veulent généralement pas aller travailler pour une écurie qui n'a pas l'air en grande forme, donc c'est déjà difficile de recruter les meilleurs, et si on y arrive, ils doivent habituellement attendre longtemps, contractuellement, avant de pouvoir venir. Même quand ils arrivent, Il leur faut un, deux, trois ans pour avoir le moindre impact sur les infrastructures. La voiture que l'on produit et ses performances dépendent de l'organisation, du personnel, du matériel, de la technologie, des logiciels, de toutes les connaissances déployées pour concevoir ce produit. Si l'on a une voiture lente, ce n'est pas que l'on a une voiture lente, c'et que l'on a une organisation qui fait des voitures lentes. Il faut donc résoudre les problèmes de l'organisation, et il s'agit d'un très long processus."

Paddy Lowe, directeur technique Williams

partir de 2014, Williams avait l'avantage d'avoir largement le meilleur moteur, ce qui a donné, disons, une fausse impression de performance sous-jacente. Ils profitaient d'un certain nombre d'avantages dont ils avaient hérité mais qui ont progressivement disparu. C'est pourquoi c'est très compliqué, quand une équipe a perdu cette capacité de comprendre à quel point il est difficile de gagner ; c'est un processus sacrément long et crucial. Les effets en sont interminables. On a vu McLaren, ils ont gagné de 1988 à 1991. Au début de ma carrière, l'idée de battre McLaren, c'était comme vaincre les Romains. Nous n'allions jamais y arriver. Quand nous sommes arrivés à Kyalami en 1992 et que nous étions plus rapides qu'eux en qualifications, nous avons dit 'c'est impossible, ils ont dû oublier quelque chose, ils vont rebondir demain'. Et pourtant, il a fallu attendre 1997 pour que McLaren gagne de nouveau avec une bonne voiture [McLaren a quand même remporté dix victoires de 1992 à 1993, ndlr]. Six ans pour renverser la vapeur, et ils n'avaient pas chuté si bas."

La famille Williams a finalement vendu l'écurie à contre-cœur à l'été 2020, les investisseurs de Dorilton Capital en ayant pris possession. L'équipe a progressé dans la hiérarchie en 2021, signant même un podium quelque peu fortuit avec George Russell au Grand Prix de Belgique. Quoi qu'il en soit, Lowe salue une vente qui, selon lui, était inéluctable.

"C'est ce qu'il fallait qu'ils fassent depuis longtemps, et à vrai dire, ils auraient dû le faire plus tôt, pour toutes sortes de raisons qui ne sont pas liées à des personnes en particulier", estimait l'Anglais. "L'équipe était dans une spirale très négative côté financier. Quand j'y étais, j'ai vu cette situation s'aggraver de plus en plus, et c'est bouleversant, car on comprend qu'il n'y a pas de bonne issue en dehors d'une vente. Autant le faire maintenant et passer à autre chose avant de tout perdre. Je suis très content que l'équipe ait été vendue à un prix raisonnable et que le nom soit conservé. Ils ont de nouveaux investisseurs qui auront l'argent pour tirer l'équipe vers le haut et inverser la tendance, ce qui va prendre beaucoup de temps. Des gens patients les y mèneront."

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