Pat Symonds - "Oui, les F1 sont plus faciles à piloter"
Pat Symonds, actuel Directeur technique de Williams et l’un des ingénieurs les plus expérimentés du monde des Grands Prix, est de ceux qui pensent que les F1 sont plus faciles à piloter aujourd’hui que dans le passé.
Pour lui, cette évolution va tout simplement de pair avec l’importance de plus en plus grande prise au fil des années par l’ingénierie.
“Plus les ingénieurs progressent et parviennent à concevoir des voitures de plus en plus efficaces, plus celles-ci deviennent faciles à conduire,” a-t-il expliqué à UOL. “Par exemple, combien de fois dans le passé un pilote a-t-il dû abandonner parce qu’il avait sélectionné un mauvais rapport? Cela ne se se produit plus jamais aujourd’hui.”
En effet, se pencher sur les raisons d’abandons lors des Grands Prix des années 70 et 80 pour se rendre compte du nombre de fois où un pilote commettait, par exemple, un surrégime ou “sautait” malencontreusement une vitesse – ce qui n’est plus possible avec les boîtes automatiques actuelles –, suffit pour se rendre compte à quel point les voitures n’ont longtemps rien pardonné à leur pilote.
Symonds considère également qu’en dépit du nombre de tours effectués en tests durant l’hiver, et de la qualité du retour technique exigée d’un pilote de nos jours – qu’il soit titulaire ou de développement –, ce dernier est en réalité moins impliqué dans le développement d’une voiture qu’il n’a pu l’être dans le passé.
“C’est clair,” insiste-t-il. “Le pilote est moins impliqué de nos jours dans le développement car l’ingénierie est devenue beaucoup plus sophistiquée. Nous [les ingénieurs] pouvons contrôler un plus grand nombre de choses.”
Même cause, mêmes effets donc.
Ces voitures étaient de vraies bêtes sauvages
Pat Symonds, évoquant l'ère de l'effet de sol et des turbos
L’ingénieur anglais fit ses débuts en F1 au tout début des années 80 avec la petite et toute jeune équipe Toleman (devenue successivement Benetton, puis Renault et aujourd’hui Lotus, et qu’il n’a quittée qu’en 2008 après l’affaire dite du “Crashgate” de Singapour). La discipline était alors en pleine période de “l’effet de sol” développé par Colin Chapman, le génial inventeur de Lotus dans la seconde moitié de la décennie précédente.
“Ces voitures étaient de vraies bêtes sauvages,” se souvient-il. “J’ai connu aussi l’époque des turbos [peu de temps après], quand on semblait débloquer la puissance juste en appuyant sur un bouton. Les pilotes appuyaient et rien ne se passait [en raison du temps de réponse du turbo, justement] jusqu’à ce que la puissance arrive d’un seul coup.”
“Ayrton Senna savait clairement comment mater ces engins,” rappelle Symonds – qui a quand même gagné quatre titres avec Michael Schumacher puis Fernando Alonso – pour étayer son propos du meilleur exemple qui soit. Et bien d’autres de sa génération aussi, sommes-nous tentés d’ajouter.
Une F1 plus facile à piloter qu'une F3 ?
Symonds n’est pas la première personne indiquée pour cela en F1 à faire ce type de constat selon lequel les F1 sont devenues plus (trop?) faciles à piloter aujourd’hui. Alain Prost, quatre fois Champion du monde dans les années 80 et 90, est de ceux qui l’ont précédé sur ce terrain.
Plus étonnant, un jeune pilote de F3 débutant en F1 avait déclaré en 2007 à F1 Racing qu’une F1 était par certains côtés plus facile à maîtriser qu’une F3 – sans doute, malgré la différence de puissance, en raison du grip phénoménal généré par la première. Son nom? Sebastian Vettel...
Pour conclure, Pat Symonds apporte toutefois lui-même un bémol à son discours.
“Il y a un domaine dans lequel les ingénieurs ne peuvent interférer, c’est l’interaction finale entre l’homme et la machine,” dit-il. “Souvent, un pilote vous dit préférer une configuration qui n’a aucun sens pour nous, et il nous faut respecter cela.”
Quand l’homme et la machine ne fond qu’un... L’essence même de la course automobile. Tout n’est donc pas perdu!
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