Philippe Bianchi - Le sentiment d'être "seuls" malgré l'aide des pilotes
Peu avant le Grand Prix de Monaco, la famille Bianchi avait annoncé le lancement de la Jules Bianchi Society, une association en hommage au pilote défunt chargée de soutenir des jeunes pilotes de karting pour leur permettre d’atteindre la Formule 1.
Photo de: XPB Images
Quatre mois après ce lancement, Philippe Bianchi, dans une interview pour Minute-Auto.fr, reconnaît que le démarrage est difficile, notamment par manque d'aide et donc de fonds. "J’ai le souvenir d’un moment, lors de l’hospitalisation de Jules au Japon, où mon meilleur ami m’a dit : 'Tu sais Philippe, il y aura un moment où vous serez tout seuls'."
"C’est un peu le sentiment que l’on a aujourd’hui. Parmi les projets que j’avais, il y avait notamment celui d’aider de jeunes pilotes, mais il s’avère que c’est beaucoup plus compliqué qu’il ne paraissait. Il y a des gens qui se sont engagés et qui deviennent difficiles à joindre depuis. On espère qu’ils n’ont pas oublié ce qu’ils nous ont dit à un moment donné."
"Nous avons cependant le soutien des pilotes de Formule 1. J’avais récemment Alexander Wurz (le président de l'Association des pilotes de Grands Prix, ndlr) au téléphone et il y aura prochainement une vente aux enchères d’organisée, lors de laquelle ils remettront des casques et tous types d’objets dont ils voudront bien se séparer. Les bénéfices permettront de soutenir l’association de Jules et de réaliser des actions. La seule manière pour nous de sortir la tête de l’eau, c’est d’avoir le sentiment de continuer à le faire vivre, à notre manière."
"Malheureusement, dès que l’on veut organiser quelque chose dans le milieu des sports mécaniques, c’est très onéreux. Nous avons donc besoin de partenaires, d’autant plus que nos actions doivent débuter en 2017. Nous espérons pouvoir réaliser ce que nous avions en tête. Le faire revenir sur les circuits, c’est essentiel pour nous..."
Deux associations
Puis, revenant sur la genèse de la création de ces projets, il explique : "Il y a eu toute cette période où Jules s’est battu pour vivre et lors de laquelle nous nous sommes battus à ses côtés. Malheureusement, il n’a pas réussi. Lorsqu’il s’en est allé, avec sa mère et sa sœur nous nous sommes dit qu’il fallait que l’on fasse quelque chose. Nous avons réfléchi à ce qu’il aurait aimé."
"Du coup il y a deux associations : celle en France, gérée par sa sœur et sa mère, plutôt sportswear, où l’on pourra acheter des t-shirts ou différents objets dans pas très longtemps. Avec les bénéfices, elles aimeraient aider les enfants qui ont eu des accidents ainsi que leurs parents. Aider financièrement des parents pour qu’ils puissent rester auprès de leurs enfants, c’était essentiel."
"Et puis il y a l’association de Monaco, dont je m’occupe. Mon objectif est de pouvoir faire rouler sur des châssis JB#17 quatre jeunes - deux en mini-kart et deux en compétition internationale - et de les accompagner, leur faire profiter de notre expérience."
"Puis, par la suite, lorsqu’ils auront une quinzaine d’années, essayer de placer les plus prometteurs et valeureux dans des filières et de les faire accéder aux plus grandes compétitions grâce à nos relations. Pour nous, ce serait un peu le retour de Jules au plus haut niveau du sport automobile puisqu’ils porteraient toujours ses couleurs. Ce serait un super clin d’œil."
Le succès de l'appel à candidature a été important et la sélection de ces quatre pilotes n'a pas été encore totalement effectuée. "Le problème c’est qu’il faut démarrer quelque chose. Lorsque l’on a lancé l’association, à Monaco, nous avions reçu des centaines de dossiers, même de gens de plus de 30 ans qui estimaient ne jamais avoir eu la chance de se lancer."
"Nous avons aujourd’hui des pilotes présélectionnés car ils correspondent à nos attentes, à savoir qu’ils ont du talent mais pas de moyens. En fonction des moyens que nous aurons, nous essayerons d’aider au coup par coup d’autres pilotes, sachant que c’est très compliqué. Forcément, on fera des déçus car si on liste tous les pilotes qui pourraient potentiellement arriver à percer, il y en a bien plus que quatre…"
La Jules Bianchi Society est accessible aux dons en passant par un formulaire de son site Internet. Mais Philippe Bianchi ne veut pas s'arrêter aux contributions ponctuelles pour assurer l'avenir du projet. "Parallèlement, je suis en pleine recherche de partenaires, notamment de partenaires fixes avec lesquels nous pourrons pérenniser le projet, puisque le but n’est pas d’organiser quelque chose l’année prochaine et de dire aux pilotes qu’on ne peut plus les suivre en 2018. Nous avons déjà quelques partenaires, mais il nous en manque encore."
Jules "n'a jamais oublié le karting"
Au sujet du châssis de karting portant les initiales et le numéro en Formule 1 de son fils, Philippe Bianchi explique que cela fait suite à une idée lancée par Jules lui-même. "C’est un projet dont on parlait déjà du temps de Jules. Il n’a jamais oublié que c’est en karting qu’il a débuté et que c’est là qu’il a réussi à avoir le niveau qu’il avait."
"C’était une formidable école d’apprentissage pour lui. Nous parlions ensemble de développer sa propre marque de châssis comme le faisaient Fernando Alonso ou Daniel Ricciardo. Il en avait envie car le karting restait sa passion."
"Les homologations ouvrent à nouveau en 2017, du coup nous ne pouvions pas encore homologuer de châssis JB17. Nous avons trouvé un accord avec Armando Fellini, le patron de Croc Promotion et qui était le patron de la marque de châssis Maranello lorsque Jules roulait en karting, et nous avons fait des séries spéciales JB#17 avec des châssis Croc Promotion à défaut d’avoir pu homologuer nos propres châssis."
"Mais dès 2017, nous aurons des châssis pour toutes les catégories autorisées à rouler et l’objectif est de trouver des distributeurs pour les vendre. C’est un gros challenge d’espérer voir des châssis JB#17 sur les pistes de karting, mais nous savons qu’ils seront bons."
Même si ces projets sont lancés, la fierté ne primera qu'au moment où ils se réaliseront concrètement. "J’ai eu la satisfaction de bien démarrer les actions puisque nous les avons lancées assez vite. Je serai fier le jour où j’aurai mené à bien le projet que j’ai pour 2017."
"Le dimanche 4 décembre, nous organiserons une journée en hommage à Jules sur le circuit Paul Ricard et nous aimerions la reconduire chaque année. Nous aimerions y faire venir un club, le club Ferrari par exemple et nous espérons y voir des pilotes. Les bénéfices de cette journée reviendront bien évidemment à l’association. Et quand nous serons structurés et que nous pourrons pérenniser, là je serai satisfait."
"Si j’avais dû prendre en compte toutes les personnes qui m’avaient dit qu’elles m’aideraient et deviendraient partenaires pour mes actions au moment de l’accident, nous aurions trop d’argent par rapport au projet d’aujourd’hui. Mais nous n’en sommes clairement pas là et nous faisons comme tout le monde : nous nous battons pour trouver des partenaires. Grâce à Jules, il y a toujours un capital sympathie très fort et j’espère que nous parviendrons à mener à bien nos projets."
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