La déchirante histoire de Philippe Streiff

Un terrible accident lors d'essais au Brésil avait cloué Philippe Streiff dans un fauteuil roulant pour le reste de sa vie, achevée ce vendredi à l'âge de 67 ans. En 2014, il racontait pour Motorsport.com son histoire, triste mais empreinte d'un incroyable esprit humain et d'optimisme.

La voiture de Phillipe Streiff, AGS, après l'accident qui l'a rendu tétraplégique

La voiture de Phillipe Streiff, AGS, après l'accident qui l'a rendu tétraplégique

Sutton Motorsport Images

Rétro : Dans l'Histoire des sports méca

Sur deux ou quatre roues, replongez-vous dans l'Histoire des sports mécaniques, celle qui a écrit la légende des hommes et des machines durant des décennies.

Si l'on croit au destin, on peut dire qu'il traverse la Formule 1 comme l'essence traverse une pompe. Dans le cas de Philippe Streiff, la cruauté du hasard s'est manifestée en mars 1989, lorsqu'un accident au cours d'essais sur le circuit de Jacarepagua, à Rio, l'a rendu tétraplégique. Le pire, c'est que les blessures qui ont changé sa vie n'auraient jamais dû se produire.

L'histoire complète n'avait jamais été racontée par l'homme lui-même avant 2014. Streiff a mis de nombreuses années à enquêter et à rassembler les détails pénibles. Voici l'histoire choquante de l'une des ignominies oubliées et honteuses de la F1.

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"Lorsque je suis sorti du coma, j'ai vécu un véritable cauchemar, mais je savais déjà que je ne pourrais pas me réveiller", se souvenait-il, huit ans avant sa mort. "Mais ensuite, j'ai découvert ce qui m'était arrivé après l'accident, et d'une certaine manière, c'était plus difficile à appréhender."

Streiff était bien plus que le pilote "artisanal" qu'on a souvent dépeint. Soutenu par Renault au milieu des années 1980, il fait ses débuts en F1 à Estoril en 1984 à bord d'une troisième RE50 aux côtés de Derek Warwick et Patrick Tambay, lui-même récemment disparu. La saison suivante, il remplace Andrea de Cesaris, licencié, chez Ligier pour les dernières courses (sauf l'Afrique du Sud, boycottée par l'équipe sur fond d'apartheid mais qu'il courra tout de même avec Tyrrell), battant Jacques Laffite par trois fois en qualifications et obtenant une honorable troisième place lors de la finale de la saison à Adélaïde.

Deux saisons chez Tyrrell, une écurie en difficulté et sous-financée, ont suivi à partir de 1986, où il a marqué des points et s'est souvent montré à la hauteur de ses coéquipiers Martin Brundle et Jonathan Palmer. Pour 1988, Streiff est retourné "chez lui", dans la petite équipe AGS, pour laquelle il avait couru sur différents modèles de F2 de 1982 à 1984 et en F3000 en 1985, et enregistré des résultats à la David contre Goliath, comme une victoire dans la dernière course de F2 à Brands Hatch en 1984.

En 1988, Streiff se qualifie régulièrement dans le milieu de peloton et, à quelques reprises, se bat pour une place dans le top 6 (les points), notamment à Détroit et à Montréal. Quand on sait que l'équipe, pilote compris, se compose de 12 personnes, on peut dire que l'on boxe au-dessus de sa catégorie du côté de Gonfaron, dans le sud de la France.

Philippe Streiff au volant de l'AGS JH23-Ford.

Philippe Streiff au volant de l'AGS JH23-Ford.

Il avait sérieusement pensé à arrêter le lendemain de l'accident mortel d'Elio de Angelis au Paul Ricard, au printemps 1986. Alors que Streiff conduisait sa voiture de location sur l'autoroute vers Paris, la radio annonçait que de Angelis avait succombé à ses blessures dans un hôpital de Marseille. Vingt-quatre heures plus tôt, la Tyrrell de Streiff, équipée d'un moteur Renault, se trouvait juste derrière la Brabham BT55 de l'Italien lorsque celle-ci a quitté la piste et fait une embardée aux conséquences si graves.

"Je me souviens m'être dit : 'Philippe, il est temps d'arrêter maintenant. Tu as un jeune fils qui a besoin de son père. Pourquoi prendre des risques fous dans ces voitures alors qu'il n'y a personne pour te sauver, si tu te crashes lors de ces tests ?'. Je pensais aux mots que je dirais à Renée [sa femme] et aussi à Ken Tyrrell quand je rentrerais chez moi et que je prendrais ma retraite."

Ces conversations n'ont jamais eu lieu. La mentalité compétitive d'un pilote de course est telle que, lorsqu'il arrive à Paris, la préparation pour le Grand Prix du Canada est au premier plan dans son esprit. Il était triste pour de Angelis et sa famille, mais il pensait que cela ne lui arriverait pas.

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Un peu moins de trois ans plus tard, cela a failli se produire. Sur l'étouffant circuit de Jacarepagua, Streiff testait l'AGS JH23B, une version actualisée de la voiture de 1988. Il est un peu moins de 11 heures le 15 mars, quand son équipe effectue un test de pneus avant le GP du Brésil. Ce devait être son dernier jour au volant ; son nouveau coéquipier Joachim Winkelhock était arrivé la veille et devait prendre le relais le lendemain.

En plus des nouveaux Goodyear à évaluer, AGS voulait essayer de nouvelles roues. Streiff s'arrête au stand et elles sont montées sur la voiture sous la direction de son ingénieur, Claude Galopin. Et puis...

"Je me souviens d'avoir quitté les stands et de n'avoir vu que du noir, un vide", racontait Streiff, 25 ans plus tard. "L'accident s'est produit dans le virage rapide à droite avant l'épingle à cheveux sur la ligne droite arrière. Il n'y a pas d'images de l'accident proprement dit, seulement de ses suites [une vidéo montre l'AGS se disloquer au niveau et derrière le rail de sécurité], mais j'ai fini par faire de nombreux tonneaux, ce qui a arraché le moteur, la boîte de vitesses et toutes les roues. Mais le plus important, c'est que l'arceau de la voiture a également été détruit. La voiture était complètement détruite et j'ai fini par-dessus la glissière de sécurité."

La violence de l'accident est extraordinaire, tout comme le fait que Streiff s'en soit sorti avec seulement une épaule cassée et deux vertèbres fracturées – les C4 et C5 – exactement les mêmes que celles que Frank Williams s'était disloquées lors de son accident de la route en 1986.

La partie supérieure du châssis, où étaient fixés l'arceau, a été brisée à la base par la force immense des impacts avec la piste, les bas-côtés et la barrière. Il ne fait aucun doute que la voiture répondait aux règles de sécurité de l'époque, mais ce n'est pas une coïncidence si l'instance dirigeante, la FISA, a imposé des tests plus rigoureux à partir de 1990.

Des secours précipités qui vont aggraver les blessures

L'épave de l'AGS accidentée de Philippe Streiff.

L'épave de l'AGS accidentée de Philippe Streiff.

Les blessures au cou de Streiff allaient être aggravées par une prise en charge douteuse qui allait le condamner à passer le reste de sa vie confiné dans un fauteuil roulant. Son AGS avait atterri à l'envers sur l'herbe boueuse au-delà de la glissière de sécurité, au niveau du virage baptisé Suspiro ("soupir").

Quatre commissaires étaient présents ce jour-là. L'un d'eux a été assommé et légèrement blessé par un morceau de l'épave de l'AGS, les trois autres se sont précipités sur les lieux et ont immédiatement redressé l'épave de la voiture, qui était à moitié renversée.

Le choc sur la tête et le cou lié cette manœuvre a été considérable. Selon des témoins oculaires, qui ont parlé à la femme de Streiff au moment des faits, ils lui ont ensuite retiré son casque alors qu'il était assis, attaché à une partie de la monocoque brisée, dont l'arrière avait été en grande partie arraché, avec l'arceau et le réservoir de carburant. Il a ensuite été sorti du cockpit et laissé reposé sur l'herbe avant l'arrivée d'une ambulance.

"Les personnes qui sont arrivées en premier étaient des travailleurs du coin et elles ont fait ce qu'elles pensaient être bon, bien sûr", affirmait Streiff. "Mais ce n'étaient pas des personnes formées médicalement qui travaillaient selon une procédure. Aujourd'hui, après un accident, vous ne pouvez pas bouger la tête et vous devez maintenir la victime complètement immobile et bloquer tout mouvement à l'aide d'attaches rembourrées spéciales. Ce qui m'est arrivé immédiatement après mon accident m'a donc assuré que je ne marcherais plus jamais."

Lorsque le drapeau rouge a été déployé sur la ligne droite de départ et d'arrivée, les mécaniciens d'AGS se sont précipités en voiture sur les lieux de l'accident, mais l'accès à l'endroit où Streiff était traité leur a été refusé. Ils ont pu voir qu'il bougeait ses bras et ses jambes mais, le temps que l'ambulance ramène Streiff au paddock, 30 minutes s'étaient déjà écoulées.

Et, chose incroyable, le pire était à venir : il était embarqué dans un hélicoptère médicalisé à destination de l'un des meilleurs hôpitaux neurologiques de Rio, la clinique São Vicente. Mais le moment idéal pour traiter les blessures graves était passé depuis longtemps.

"Le pilote de l'hélicoptère était de São Paulo et il ne savait pas où se trouvait l'hôpital à Rio", expliquait Streiff. "Il a mis plus d'une heure pour se rendre près de l'hôpital. [Alors qu'] il était à 22 km de la piste !"

Les délais de transfert étaient tels que sa femme Renée et son physio, Pierre Baleydier, sont arrivés à l'hôpital avant lui. Le pilote perdu avait d'abord atterri, de façon surprenante, sur la plage de Copacabana, au milieu des baigneurs.

Une fois à l'hôpital, Renée a demandé à utiliser le téléphone international. À l'autre bout du fil se trouve le Dr Gérard Saillant. Spécialiste de la chirurgie de la colonne vertébrale et connaissance de longue date des Streiff, Saillant a joué un rôle déterminant pour tenter de sortir son ami de la situation désespérée dans laquelle il se trouvait.

Sauvé par Gérard Saillant

Philippe Streiff au volant de la Tyrrell DG016 Ford.

Philippe Streiff au volant de la Tyrrell DG016 Ford.

Par un rare coup de chance, l'un des médecins de l'hôpital de Rio avait étudié avec Saillant en Europe et ils ont discuté par téléphone d'une première opération. Dix heures se sont écoulées pendant que les conseillers médicaux délibéraient et que des spécialistes étaient amenés de São Paulo.

"Renée a appelé Gérard pour lui raconter ce qui s'était passé et il a immédiatement décidé de venir à Rio", se souvenait Streiff. "Il était là le lendemain de l'accident et m'a immédiatement sauvé la vie à deux reprises lorsque mon cœur a commencé à lâcher. Il est un véritable sauveur de vies. Je suis tellement reconnaissant à Renée de l'avoir appelé pour qu'il vienne. Sans lui, je serais mort en 1989, c'est sûr."

Saillant a également supervisé le retour de Streiff en Europe. Ce transfert aura lieu cinq jours après l'accident, et sera un voyage cauchemardesque. "Bien sûr, j'étais inconscient, mais cela a dû être terrible pour Renée, car c'était un petit avion, et ils devaient s'assurer que j'étais stable et à plat à tout moment."

"Nous avons réussi à rentrer à Paris sains et saufs et j'ai été emmené à l'Institution nationale des Invalides. Mais le mal était fait, et Gérard m'a dit que le manque de soins au Brésil après l'accident avait aggravé les blessures et provoqué une quadriplégie complète."

Une équipe de soutien s'est formée autour de la famille Streiff, le futur président français Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly-sur-Seine, organisant une escorte policière pour l'ambulance afin de conduire Streiff directement à l'unité de soins de "réanimation".

"Nous avons dû laisser mon fils, Thibault, au Brésil avec l'équipe, vous imaginez ?" racontait Streiff. "Un enfant de deux ans laissé là-bas sans ses parents. C'était dur mais les gens d'AGS ont été superbes et se sont bien occupés de lui. Philippe Alliot, Alain Prost et Yannick Dalmas ont été très utiles, et Nelson Piquet a proposé son avion privé au pied levé, mais nous avons dû faire appel à un spécialiste médical. Mais ces gestes d'aide ne seront jamais oubliés."

Il en sera de même pour l'esprit communautaire dont a fait preuve la F1 lorsque tous les pilotes se sont rassemblés à Suzuka cette année-là pour faire don d'une importante somme d'argent destinée à financer les soins et les frais médicaux de Streiff. Renée Streiff s'était déjà rendue au GP de France au Paul Ricard, où elle avait reçu le soutien affectif de nombreux membres du paddock, notamment de Prost, Tyrrell et, bien sûr, AGS.

Cinq semaines qui manquent

Philippe Streiff, AGS, lors du GP de Hongrie 1988.

Philippe Streiff, AGS, lors du GP de Hongrie 1988.

Après le traumatisme, un nouveau défi venait de commencer pour Streiff. Sa vie est restée en suspens pendant de nombreuses semaines. Une trachéotomie d'urgence a été pratiquée pour l'aider à respirer ; ce simple réflexe avait disparu.

Alors qu'il commençait à se réveiller sous le coup de la stupéfaction, il s'est concentré sur l'une des infirmières à son chevet et a commencé à parler : "Vous devez me faire sortir d'ici. Je dois me rendre sur le circuit de Jacarepagua pour le Grand Prix du Brésil."

L'infirmière lui a répondu qu'il était désormais en France et que, oui, il y avait une course ce week-end, mais qu'il s'agissait du GP de Saint-Marin, pas du Brésil.

"J'étais sûr d'être encore au Brésil quand je me suis réveillé", se souvenait-il. "Je n'arrivais pas à tout assimiler. Il a fallu que mon ami du rallye, Bertrand Balas, me fasse comprendre que j'étais en France. Et vous savez ce que Bertrand a fait ? Il a apporté une télévision dans ma chambre et nous avons regardé le GP de Saint-Marin avec [Gabriele] Tarquini au volant de 'ma' voiture. J'étais tellement désorienté que dans mon esprit, j'étais sorti des stands avec ces nouvelles roues quelques heures auparavant."

Streiff n'a aucun doute sur la cause de l'accident et, quelques années plus tard, il en a parlé avec Galopin et d'autres membres de l'équipe AGS.

"C'était les nouvelles roues que nous testions. Il s'agissait de roues en aluminium en deux parties d'une petite entreprise française que nous voulions évaluer", expliquait-il. "C'était le deuxième tour après que je sois passé à ces roues et, avec la surface très bosselée du circuit de Jacarepagua, elles n'ont tout simplement pas pu supporter les charges et se sont déformées, provoquant le blocage de l'arrière. La jante s'est fendue lorsqu'elle était complètement sollicitée et c'est ce qui a causé l'accident, c'est sûr. Le virage était un coude dans lequel vous ne pouviez pas faire d'erreur. Facilement à fond."

Les retombées psychologiques de ces événements qui ont changé sa vie ont été immenses. Il a fallu deux années complètes à Streiff pour perfectionner son réflexe respiratoire et retrouver un certain mouvement des épaules. Son état est si précaire qu'il ne retourne dans sa maison nouvellement adaptée qu'au début de 1992. La rééducation a été dure, mais les réalités financières et assurantielles l'ont été tout autant.

Loin d'être amer, Streiff dégageait en 2014 un esprit remarquable et inspirant, qui lui a été précieux dans ce qu'il appellait sa "nouvelle vie". Un empire commercial prospère s'est développé dans les années 1990, et son événement de karting, les Masters de Paris-Bercy, est devenu une finale de saison clé pour la confrérie de la course automobile pendant de nombreuses années. Il a même failli devenir propriétaire d'une écurie de F1 lorsque, en partenariat avec Hugues de Chaunac d'ORECA, ils ont proposé de racheter l'écurie Ligier au début de l'année 1994, mais les plans visant à en faire une écurie Williams junior ont été abandonnés et Flavio Briatore a repris les choses en main.

"Après avoir été témoin de ce qui est arrivé à Elio en 1986, j'étais sûr que rien de tel ne pourrait jamais se reproduire", se souvenait-il. "Cela s'est produit, pour moi. Mais être heureux est vraiment un état d'esprit, et c'est toujours le cas, ce qui me permet d'aimer à nouveau la vie."

Les effets Sarkozy et Williams

Philippe Streiff et Lewis Hamilton, McLaren

Philippe Streiff et Lewis Hamilton, McLaren

Nicolas Sarkozy a été président de la République française de 2007 à 2012, mais en 1989, il était un maire ambitieux de 34 ans à Neuilly-sur-Seine. Sa première femme était Marie-Dominique Culioli, d'origine corse, amie d'enfance de Renée, l'épouse de Philippe Streiff, elle aussi née sur "l'île de beauté".

"Nicolas était un homme très intelligent et travailleur et j'ai compris qu'il me serait utile pour s'occuper de mes affaires commerciales et contractuelles", racontait Philippe Streiff. "Son souci du détail, même à ce stade de sa carrière, était incroyable. Il était avocat de formation et m'a donc été très utile après mon accident. Il a ramené mon fils du Brésil et a tout organisé. Nous étions très proches, et je le vois encore de temps en temps. Il s'en est bien sorti à la fin, n'est-ce pas ?!"

C'est un appel téléphonique de Frank Williams qui s'est avéré être un tournant pour l'avenir de Streiff. Au lieu de poursuivre des actions en justice pour obtenir une compensation – comme Sarkozy l'avait suggéré – il a été persuadé par Williams de rester dans le tissu de la Formule 1.

"Frank m'a dit que je pouvais avoir un bel avenir", se souvenait Streiff. "Il m'a dit : 'Ce n'est pas facile Philippe, mais tu dois être fort et mon conseil est de rester en contact avec la famille de la F1. Continue à travailler dans la course et cela t'aidera à te concentrer et à réussir à nouveau'."

"C'est donc ce que j'ai fait, et j'ai commencé à travailler et à organiser des événements comme le karting Elf Bercy. C'était un grand succès et avec le soutien de la famille de la F1, tout s'est mis en place. J'étais proche d'Alain [Prost] et d'Ayrton [Senna] et nous avons eu cette occasion fantastique en 1993 lorsqu'ils ont couru l'un contre l'autre pour la dernière fois. En fin de compte, c'est Frank qui m'a donné la force de le faire."

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