Les pilotes discutent de "tours d'information" sous drapeau rouge
Alexander Wurz, président du GPDA, a révélé à Motorsport.com que les pilotes de Formule 1 avaient fait une proposition pour accélérer la prise de décision de la direction de course lors de Grands Prix interrompus par la pluie.
Au Grand Prix du Japon, le mauvais temps a empêché l'épreuve d'aller à son terme. Après Monaco et Singapour, il s'agit de la troisième épreuve de l'année à avoir été interrompue par le drapeau rouge en raison des pluies diluviennes. L'attente à Suzuka a néanmoins été plus longue puisque, contrairement aux deux GP précédents, la course a été stoppée par la limite des trois heures imposée par la FIA.
Les pilotes ont ainsi été condamnés à rester dans leur garage pendant plus de deux heures, alors que le Safety Car prenait régulièrement la piste pour que la direction de course se fasse une idée de l'évolution des conditions. Mais selon eux, l'utilisation de la voiture de sécurité est loin d'être idéale et une meilleure solution peut être trouvée.
À la suite de discussions entre les membres de l'Association des pilotes de Grand Prix (GPDA), l'idée de la mise en place de "tours d'information" a émergé. Cette procédure permettrait aux F1 de rouler pendant quelques tours, seules ou derrière un Safety Car, pendant une interruption de course. De cette manière, la FIA pourrait avoir un retour immédiat des pilotes sur les conditions et prendre une décision en conséquence.
"Le directeur de course devrait avoir la possibilité de se servir de ce que j'appelle des tours d'information", a indiqué Alexander Wurz, président du GPDA, dans un entretien exclusif avec Motorsport.com. "Ainsi, si les équipes sont d'accord avec cette procédure, il pourrait envoyer les voitures en piste comme si c'était un tour de mise en grille. Dans ce tour, tous les pilotes verraient comment sont les conditions. Nous pourrions avoir les 20 avis des 20 pilotes qui mettent leur vie en danger. La décision de la FIA serait alors beaucoup plus éclairée."
L'ancien pilote de F1 a également estimé que ces tours seraient bénéfiques pour les commissaires de piste, car ils leur permettraient de voir si la visibilité est suffisante pour assurer la sécurité de tous les acteurs de la course.
"C'est mieux pour les commissaires aussi, parce qu'ils sauront s'ils peuvent voir le prochain poste", a ajouté Wurz. "Si l'on ne peut pas voir le prochain poste, il ne faut pas rouler, parce que [les commissaires] ne peuvent pas voir un accident à travers ce rideau d'eau. Avec ces tours d'information, les commissaires peuvent donc nous informer sur les conditions également. Le directeur de la course sera mieux informé et les millions de téléspectateurs dans le monde entier pourront voir par eux-mêmes ce qu'il en est."
Comparaison des projections d'eau entre les F1 et le Safety Car au GP du Japon.
En plus de réduire le temps d'attente entre deux drapeaux verts, les tours d'information pourraient améliorer la perception des spectateurs quant à la praticabilité de la piste. Aujourd'hui, puisqu'un Safety Car roule plus lentement qu'une F1, se comporte différemment sur le mouillé et soulève moins d'eau, Wurz a affirmé que les fans se faisaient de fausses idées sur les conditions humides.
"Quand vous voyez le Safety Car tout seul en piste, avec peu de projections, et que le conducteur s'amuse en passant sur les vibreurs et en contrôlant le dérapage, c'est totalement différent du moment où l'on peut soudainement faire repartir les 20 voitures", a-t-il lancé.
"[L'idée] m'est venue quand Lewis [Hamilton] a dit qu'il pouvait dire [quelles sont les conditions] en une minute, rien qu'en pilotant. Il ne peut pas le dire s'il regarde la télévision. Je me suis dit : 'Mon Dieu, il a totalement raison'. Mais ça demande un changement dans les règles et la procédure, et ça doit être mis très rapidement à la disposition du directeur de course."
"Nous sommes tous d'accord pour trouver une solution car nous sommes ici pour notre sécurité, notre sport et nos fans. Nous voulons simplement nous assurer que nos fans comprennent [ce qu'il se passe] et qu'ils ne pensent pas que nous devenons subitement tous des mauviettes [quand il pleut]. Il ne s'agit pas d'être vus comme des fous, nous devons rechercher la sécurité, mais si on réalise que l'on ne voit pas les autres voitures, alors on respecte plus facilement la décision [d'un drapeau rouge]."
Pour l'heure, les tours d'information n'ont été débattus qu'en interne au sein du GPDA, mais il est probable que l'idée soit évoquée avec la FIA à Austin, lors du prochain Grand Prix.
"Avec les discussions que nous avons eues pendant la course, pendant le drapeau rouge et après [la course], le GP du Japon nous a rappelé que lorsque le temps est mauvais, que le ciel est gris et qu'il n'y a pas de panneaux publicitaires lumineux sur le bas-côté, on ne sait plus où on est. Personne ne pouvait voir Carlos [Sainz] immobilisé sur la trajectoire et c'est clairement dangereux, il peut y avoir une collision latérale, comme ce fut le cas à Spa [en Formule 2] avec Anthoine [Hubert]. Les voitures ne sont pas conçues pour [ce genre d'impact] et ne pourraient jamais l'être, pour être honnête."
Bien que la mise en place d'éventuels tours d'information nécessite un changement dans la réglementation et davantage de discussions sur la manière de les mettre en œuvre, notamment en ce qui concerne la quantité limitée de carburant et les tours prévus, rien n'est un obstacle infranchissable pour Wurz, qui regorge de solutions.
"Il faudra régler [le problème] de la distance de course, du niveau de carburant, etc. Mais je pense que nous pouvons trouver une solution parce que ça serait utile. On pourrait utiliser des capteurs pour la visibilité, alors [la reprise de la course] ne serait plus une décision humaine mais quelque chose de quantifiable, basé sur la technologie. Il pourrait y avoir des outils supplémentaires pour s'assurer que toutes [nos décisions] soient cohérentes à chaque nouvelle situation."
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