Pirelli : De meilleurs pneus pluie empireraient la visibilité

Pirelli affirme que de meilleurs pneus pluie ne sont pas ce dont la F1 a besoin pour permettre aux voitures de rouler dans des conditions de forte humidité, car ils ne feraient qu'aggraver les problèmes de visibilité.

Pierre Gasly, AlphaTauri AT02, Esteban Ocon, Alpine A521, et Charles Leclerc, Ferrari SF21

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

La question de la gestion du roulage des Formule 1 dans des conditions pluvieuses n'est pas un problème récent, les exigences sécuritaires modernes obligeant les instances à adopter une approche mesurée, où la ligne de crête entre prudence excessive et prise de risque inutile est souvent difficile à percevoir pour l'extérieur. Récemment, le Grand Prix de Belgique a remis cette question sur le tapis, même si la polémique s'est surtout concentrée sur l'aspect sportif.

Parmi les nombreux sujets ayant trait à la question de la pluie en F1, celle des pneus revient régulièrement. Pirelli est souvent sous le feu des critiques pour la qualité présumée des produits fournis en discipline reine, dans un contexte où, faut-il le rappeler, le manufacturier italien ne dispose que d'un temps de roulage très réduit pour préparer les pneus d'une saison à l'autre, et cela est encore plus vrai pour les gommes adaptées aux conditions humides (qui sont en partie développées sur des pistes humidifiées artificiellement).

Le GP de Russie a vu l'annulation des Essais Libres 3 en raison des intempéries dans l'attente d'une fenêtre pour que les qualifications se tiennent. La problématique de l'épreuve russe reposait en partie sur la mauvaise évacuation de l'eau sur le tracé, mais cela n'a pas empêché les questionnements autour des pneus Pirelli, d'aucuns les accusant de manquer d'efficacité dans la dispersion de l'eau. Les critiques se sont avérées moins importantes en Turquie où l'asphalte, traité quelques semaines auparavant, offrait énormément d'adhérence même sur un tracé détrempé, bien que la visibilité soit encore source d'inquiétude.

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Toutefois, Mario Isola, le directeur de la compétition de la firme, explique que le casse-tête auquel Pirelli fait face rend justement cela (sans mauvais jeu de mots) insoluble : si un pneu est très efficace pour évacuer et disperser l'eau stagnante se trouvant sur un asphalte, c'est le manque de visibilité créé par le brouillard des gouttes d'eau en suspension derrière une voiture qui empire.

Une situation renforcée par des pneus qui ont été élargis à compter de 2017. "J'ai parlé à beaucoup de gens après Spa, parce que personne ne veut voir un autre Spa, où les gens attendent pendant des heures et puis rien ne se passe", a déclaré Isola lorsqu'il a été interrogé sur le problème de la pluie en F1 par Motorsport.com.

"Du côté des pneus, nous ne pouvons pas faire grand-chose, parce qu'ils sont conçus pour assurer la transition entre le pluie et l'intermédiaire, et déplacer cet objectif de conception n'est pas idéal, parce qu'alors vous pouvez créer un écart [entre les pneus pour conditions humides]."

"Et de toute façon, si vous faites un pneu qui est davantage capable de disperser l'eau, [...] l'eau vole et la visibilité devient de plus en plus mauvaise. Donc, nous ne réglons pas le problème, nous l'aggravons probablement. Je ne sais pas ce que nous pouvons faire au niveau des pneus."

Le passage à des pneus plus larges il y a quatre ans a augmenté de plus de 40% le niveau d'eau qui est évacué par les rainures. "Le fait qu'en 2017 nous ayons introduit des pneus plus larges a également augmenté cette eau qui vole. L'ancien [pneu] pluie était capable de disperser 60 litres par seconde à 300 km/h, et maintenant nous sommes à 85."

"À moins que nous ne trouvions un moyen de bloquer l'eau et d'éviter qu'elle soit pulvérisée et limite la visibilité, je ne sais vraiment pas ce que nous pouvons faire. Honnêtement, je n'ai pas de solution pour cela", a ajouté Isola.

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Une possibilité pourrait par exemple être de mettre en place des asphaltes capables de réduire le spray généré, même si cela induirait d'importants investissements de la part des circuits. "Je pense qu'avec les connaissances dont nous disposons aujourd'hui, il est probablement possible de concevoir un tarmac capable de limiter l'eau stagnante, ou de concevoir des circuits avec une sorte de courbure, qui éloigne l'eau de la piste."

"Ce n'est pas facile, nous ne pouvons évidemment pas demander aux promoteurs de redessiner ou de reprofiler tous les circuits. Il y a quelque chose qui peut être fait avec l'expérience que nous avons tirée des courses récentes. Mais quand nous avons une quantité d'eau excessive, c'est difficile. Et je crois que c'est la même chose pour tout sport de plein air. Si le niveau de pluie est énorme, tout type de compétition est arrêté, que ce soit en football ou tout autre sport d'extérieur."

Avec Adam Cooper

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