Opinion

Sur la piste comme en-dehors, Alonso de retour en mode champion

Le début de saison terne de Fernando Alonso, pour son retour en Formule 1 en 2021, a soulevé des questions quant à savoir si l'Espagnol était toujours là, lui qui est considéré par beaucoup comme le meilleur pilote de l’ère moderne. Les événements récents ont montré que le double Champion du monde est bien au rendez-vous, et qu'il croit toujours en lui.

Fernando Alonso, Alpine A521

Fernando Alonso, Alpine A521

Glenn Dunbar / Motorsport Images

Les premiers pas de Fernando Alonso en Formule 1 cette saison ont laissé beaucoup de gens dans l'incertitude quant à savoir si oui ou non il était revenu comme l'Espagnol d'autrefois. Un premier week-end plutôt discret à Bahreïn, où il s'est battu dans les points avant que des problèmes de freins ne le contraignent à l'abandon, a été suivi d'un Grand Prix encore plus délicat à Imola, où il a payé son manque d'expérience des F1 actuelles dans des conditions humides.

Avec son coéquipier Esteban Ocon, qui a atteint son meilleur résultat avec une cinquième place sur la grille de départ du Grand Prix d'Espagne, les cyniques n'ont pas tardé à laisser entendre que le pic d'Alonso était peut-être passé depuis longtemps, et que nous ne reverrions probablement jamais le brio qui lui a permis de remporter deux titres mondiaux consécutifs au milieu des années 2000.

Ce qui était particulièrement curieux, cependant, c'est qu'Alonso était aussi un homme différent en-dehors de la piste. Alors qu'auparavant, il aurait pu jeter ses jouets hors du landau et faire des déclarations pour détourner l'attention de ses contre-performances, il était au contraire calme et réfléchi. Devant les médias, il a expliqué logiquement qu'il avait juste besoin d'un peu de temps pour reprendre le dessus, mais a insisté sur le fait que cela ne prendrait pas longtemps. Même au sein de l'équipe, le temps d’adaptation requis n’a surpris personne. 

Le directeur sportif d'Alpine, Alan Permane, l'a révélé récemment : "C'était un peu un mauvais départ, c'est sûr. Il y a eu quelques difficultés. Mais au lieu d'avoir des crises de colère ou de nerfs, il s'est contenté de regarder en lui-même. Il n'a jamais blâmé la voiture ou l'équipe. Il a dit : 'C'est moi. Je dois m'améliorer, je dois faire ça, je dois être meilleur'. Et il l'a dit au bureau et il l'a dit à la presse aussi. Et pour être juste envers lui, c'est ce qu'il a fait. Je ne pense pas qu'il ait encore terminé ce processus. Il est toujours là, il est toujours en train de construire son équipe avec ses gars autour de lui, et il fait un excellent travail".

L'amélioration promise par Alonso s'est certainement produite au fur et à mesure que la saison avançait. Sa compétitivité a augmenté autant que sa monoplace le lui permettait. Mais nous avons également vu de vrais flashs du guerrier combattant, comme sa remontée dans le peloton pour s'emparer d'une sixième place après le deuxième départ à Bakou.

 

Mais c'est la double manche en Autriche qui nous a offert le meilleur aperçu de la situation actuelle d'Alonso pour son retour en F1. Sur la piste, nous l'avons vu à nouveau à un haut niveau. Lors du Grand Prix de Styrie, il s'est qualifié pour la troisième fois consécutive en Q3, après un excellent tour en Q2.

Les choses s'annonçaient encore mieux pour le Grand Prix d'Autriche, où Alonso a estimé qu'il avait une voiture capable de se qualifier en cinquième ou sixième position s'il n'avait pas été bloqué par Sebastian Vettel dans le dernier virage, au milieu du trafic de la Q2. Dimanche, Alonso a une fois de plus fait preuve de combativité en mettant les frustrations de samedi derrière lui pour aller de l'avant et se battre contre George Russell pour le dernier point offert.

Et bien qu'il se soit senti "triste" de priver le Britannique de cette dixième place, sachant ce qu'un point aurait signifié pour le jeune pilote et pour Williams, les objectifs d’Alonso doivent être atteints. À l’heure actuelle, c'est peut-être loin des résultats purs sur la piste que se trouve le véritable Alonso en F1.

D'un côté, nous voyons Alonso comme un capitaine d'équipe. L'optimisme de Permane à propos de l'attitude d'Alonso en coulisses va de pair avec l'importance qu'il accorde à certaines choses, comme son beau message radio à destination de ceux qui travaillent en coulisses à Enstone et Viry-Châtillon.

Permane a dit qu'il avait parlé à Alonso après ce commentaire, et a souligné son importance. "Ne sous-estimez pas le fait que ce message radio sera diffusé et que tout le monde à Enstone et tout le monde à Viry l'entendra, et cela donne de la valeur à leurs semaines de travail, à leur dur labeur", a-t-il expliqué. "Entendre un pilote qui a fait un bon tour, être vraiment content de son tour et entendre à quel point il est motivé..... Ça se passe bien."

Mais tout en agissant de la bonne manière pour l'esprit d'équipe, nous voyons également la preuve de l'ultra-compétitivité qui était sa marque de fabrique avant, où il ne laissera rien passer dans son estime de ce qui est bien ou non.

 

Un exemple parfait a été la sortie du virage 1 lors du premier tour du Grand Prix d'Autriche, où il a été très contrarié par la façon dont Daniel Ricciardo a élargi et dépassé les limites de la piste pour gagner des places à l'extérieur.

Rapidement à la radio, Alonso a dit : "OK, donc Ricciardo à la sortie du [virage] 1 a gagné trois ou quatre positions. Donc je suppose qu'une pénalité va arriver très bientôt ?". Peu après, il a envoyé le message suivant : "Je veux dire, c'était incroyable ce qu'il a fait, incroyable ! Donc je suppose qu'il doit céder au moins six positions. Il doit le faire maintenant. Il doit le faire maintenant, pas pendant l'arrêt au stand et toutes ces choses".

Une frustration similaire à celle éprouvée lors du Grand Prix de Styrie, lorsqu'il a perdu des places au premier virage après que ses rivaux aient pris une ligne plus large, qui a suscité un exemple classique de la façon dont Alonso est de retour à son meilleur lorsqu'il parle à la presse également. Au fil des ans, Alonso est devenu maître dans l'art de faire passer ses messages. Il sait comment laisser les médias faire les choses à sa place sur les sujets qu'il souhaite voir diffusés (en détournant parfois l'ordre du jour, ce dont les gens parlent) pour les diriger vers quelque chose de complètement différent.

C'est exactement ce qu'il a fait au Red Bull Ring le week-end dernier lorsqu'il a transformé le sujet du burn de Max Verstappen en une diatribe sur le fait que la FIA ne contrôlait pas les choses comme elle le devrait au virage 1.

"J'aime quand vous pouvez être vous-même, et ce burn, je pense qu'il était agréable à regarder", a expliqué Alonso. "Je crois que la FIA devrait contrôler davantage les limites de la piste et le virage 1. J'étais le seul à entrer dans le virage 1 au départ [le week-end dernier], et les deux voitures que j'ai doublées ont manqué le virage 1 et sont sorties devant moi. Il n'y a pas d'avertissement là-dessus, donc il y a des choses que nous pouvons certainement améliorer du point de vue des fans."

Ce retour à la personnalité sans arrière-pensée d'autrefois (l'Alonso qui tire à la hanche et n'a pas peur de lancer quelques commentaires au lance-grenade) ne serait pas là s'il n'avait pas la confiance en lui-même pour savoir qu'il fait le travail d’un champion sur la piste. Le retour de cet Alonso fort, tant sur la piste qu'en-dehors, est une grande victoire pour la F1.

 

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