Pourchaire : "Je n'ai pas d'argent à mettre sur la table"
Traversant une "année étrange", Théo Pourchaire a retrouvé le paddock F1 à Monza le week-end dernier. C'est là que Motorsport.com l'a rencontré pour évoquer sa quête d'un volant, avec beaucoup de franchise. Entretien.
Théo Pourchaire dans le paddock de Monza.
Photo de: Andy Hone / Motorsport Images
Théo, comment se déroule cette année globalement ?
C'est une année assez étrange, disons. J'ai l'habitude de savoir ce que je vais faire chaque année, de rester dans un seul championnat, de faire beaucoup de courses et d'en gagner. Mais ce n'est pas le cas cette année. C'est une année un peu particulière. Avec le titre en F2 et le fait de ne plus pouvoir courir dans ce championnat, je pouvais m'attendre à devoir trouver des solutions, trouver où courir, et ce n'était pas facile. Donc oui, c'est une année étrange mais c'est aussi une bonne expérience.
Commençons par la Super Formula. Comment vous y êtes-vous senti ? Quelle était l'ampleur du défi et est-ce que l'on s'en rend bien compte ?
C'est un gros défi, tout d'abord parce que c'est très loin de l'Europe. C'est dur de communiquer au Japon car c'est un pays très particulier. Peu de gens parlent anglais là-bas. Donc pour moi, ce n'était pas facile de communiquer avec les ingénieurs, les mécaniciens, les membres de l'équipe, et de me faire une place. Mais j'ai vraiment apprécié le temps que j'y ai passé. La voiture était incroyable à piloter, très rapide, même si je ne l'ai fait qu'à Suzuka. C'est un circuit incroyable, le meilleur au Japon et l'un des meilleurs au monde. Alors j'ai pris beaucoup de plaisir.
Malheureusement, la première course ne s'est pas très bien passée. La performance n'était pas parfaite... Et en Super Formula, c'était aussi compliqué de trouver le budget de mon côté. Donc quand l'opportunité avec Arrow McLaren s'est présentée, je n'ai pas pu dire non. J'étais bien sûr très heureux d'avoir cette opportunité. On sait tous à quel point ce sport coûte vraiment cher, et cette occasion était parfaite pour moi à ce moment-là.
Avez-vous des regrets de ne pas avoir pu tirer les bénéfices du travail effectué au Japon ?
Évidemment. Je n'ai pas d'immenses regrets mais la Super Formula est un championnat incroyable, comme l'IndyCar. J'ai vraiment adoré courir dans ces deux championnats. Mais je suis aussi à un stade où je n'ai pas de gros sponsors qui me suivent. Je n'ai pas d'argent à mettre sur la table. Je dois être franc. Je ne suis donc qu'un Champion de Formule 2 qui essaie de trouver quelque chose à faire. J'essaie de trouver un baquet et un volant.
Théo Pourchaire n'a participé qu'à une course en Super Formula.
Photo de: Masahide Kamio
Y a-t-il des signaux positifs venant de l'IndyCar ? Combien de temps passez-vous à discuter avec des équipes et, peut-être, des sponsors ?
Comme je l'ai déjà dit, ce championnat est vraiment génial. Toute la communauté de l'IndyCar a été très sympathique avec moi ; les pilotes, les organisateurs, les membres de toutes les équipes. Être un pilote venant d'Europe, Champion de F2, je crois que c'est quelque chose qui est vu positivement en IndyCar, et moi aussi, j'ai vraiment aimé la voiture, les circuits, les bagarres. Tout était vraiment bien.
J'ai eu une formidable opportunité avec Arrow McLaren, mais malheureusement... Je m'attendais à courir un peu plus longtemps mais comme je l'ai dit, je suis bien sûr déçu de ne pas terminer la saison là-bas avec eux mais je les remercie à nouveau pour cette opportunité. C'était vraiment crucial à ce moment-là d'avoir ce genre d'occasion, sinon je ne suis pas sûr que j'aurais pu continuer à piloter.
C'est un peu triste mais je suis toujours là, et je mérite ma chance.
Maintenant que vous avez goûté à l'IndyCar, est-ce que c'est la voie que vous voulez suivre ?
Je pense que c'est une option importante pour moi. Je suis toujours pilote de réserve pour Stake F1, et c'est sûr que j'aimerais avoir un jour ma chance en F1. Je suis là, j'ai travaillé vraiment dur, j'ai décroché les résultats dont j'avais besoin. Il me faut juste une opportunité désormais, ce serait génial.
Et si ce n'est pas le cas, c'est sûr que l'IndyCar, pour moi, est presque aussi bien que la F1. C'est vraiment un grand championnat. Et le fait que je puisse prendre du plaisir au volant est très important pour moi. Pour cela, l'IndyCar est au top. Nous verrons, je suis en pourparlers avec quelques équipes mais oui, j'adorerais avoir une opportunité là-bas. Il y a aussi quelques autres championnats, mais j'aime vraiment l'IndyCar.
Entre la F1 et vous, que doit-il se passer pour avoir une chance ?
C'est une bonne question, je me la pose aussi, tous les jours. Je ne sais pas. J'ai fait de mon mieux en piste. C'est sûr que certains disent que j'ai gagné le championnat dans ma troisième année de F2 et que ça ne paraît pas génial, mais je l'ai gagné quand j'avais 20 ans. Je suis le plus jeune vainqueur de course en F2 et en F3, donc je n'ai rien à prouver. Il me faut juste une opportunité, c'est tout.
Un titre en F2 trop vite oublié ?
Photo de: Formula Motorsport Ltd
Avez-vous l'impression que les gens oublient que vous n'aviez que 20 ans ?
Je pense que oui. J'ai 21 ans maintenant mais je suis encore jeune ! Suffisamment pour être en lice... mais je pense que les gens oublient très vite dans ce sport, surtout dans ce monde ; tout le monde oublie très vite ce que l'on peut faire, et ce que j'ai fait ces dernières années. Et ce n'était pas il y a longtemps, c'était il y a quelques mois, quelques années, peut-être deux ou trois ans, quand j'ai débuté en F3. C'est un peu triste mais je suis toujours là, et je mérite ma chance.
Et vous voyez aussi arriver en F1 des pilotes de F2 qui n'ont pas gagné le championnat...
De l'extérieur, c'est sûr que si l'on est à ma place, ça paraît injuste. Comme je pense que c'est injuste pour [Felipe] Drugovich, par exemple, qui a gagné le titre... C'est comme ça, c'est le monde de la F1. Je suis simplement heureux d'être à nouveau dans le paddock. Et comme je l'ai dit, j'espère vraiment avoir ma chance un jour. Je suis prêt à tout donner, je suis passionné par ce sport. Je ne demande rien, je veux juste... Je demande juste un baquet, un volant et ma chance dans une voiture.
En ce qui concerne le projet Audi dans sa globalité, êtes-vous désireux d'en faire partie ?
C'est sûr, c'est prometteur pour l'équipe. C'est un projet très important. J'espère que ça aidera l'équipe à grandir car actuellement, c'est une période un peu difficile. Je suis convaincu que l'écurie va progresser, tout le monde travaille très dur et, avec l'aide d'Audi, ça ira de mieux en mieux, j'en suis certain. Il y a aussi un changement de réglementation bientôt, donc ça ira mieux. Ce serait un rêve pour moi de faire partie d'un si grand projet, avec une marque aussi légendaire qu'Audi, et je suis prêt à piloter pour une telle équipe. Je suis jeune mais je suis prêt pour ça. Ils savent que je suis là. S'ils me veulent, je suis là, je suis prêt.
Théo Pourchaire lors d'un test Alfa Romeo en 2023 à Abu Dhabi.
Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images
Comment réussissez-vous à rester optimiste tout au long de cette année ?
C'est difficile, je ne suis pas toujours très optimiste et souriant comme ça. Mais je suis heureux d'avoir pu gagner des courses ces dernières années, d'avoir remporté le titre en F2. J'ai eu cette opportunité de courir en Super Formula, de courir en IndyCar ; j'ai testé une F1, j'ai piloté en F2 pendant trois ans. J'ai donc eu l'occasion... Je pense être l'un des seuls pilotes à avoir au l'opportunité de piloter toutes les meilleures voitures du monde et j'en suis reconnaissant. J'essaie de rester positif, je suis sûr que le meilleur reste à venir.
Et le WEC, ou la Formule E ?
Pourquoi pas ? Actuellement, je suis dans une situation où j'essaie de trouver quelque chose à faire, et le WEC a vraiment l'air très bien. Je regarde presque toutes les courses. Les 24 Heures du Mans sont une course que j'aimerais faire un jour. C'est un rêve de les gagner, c'est sûr, comme pour tout pilote, et comme les 500 Miles d'Indianapolis ou le Grand Prix de Monaco.
Je cherche des options, et en Formule E aussi. C'est un championnat concurrentiel, un style de sport automobile très différent, car c'est électrique, avec une manière très différente de piloter. J'ai déjà testé une Formule E, en 2022, quand j'ai fait du développement pour la génération suivante. C'est une catégorie très difficile donc si j'y vais, il y aura beaucoup de travail. On verra mais ces championnats sont une cible, c'est sûr.
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