Pourquoi Alfa Romeo n'est pas intéressé par le long terme en F1
Jean-Philippe Imparato, PDG d'Alfa Romeo, est encouragé par les progrès de son équipe de F1 et se réjouit du virage écologique pris par le championnat, mais une condition essentielle de sa participation en catégorie reine ne change pas.
Depuis le début de son partenariat avec l'équipe Sauber, en 2018, Alfa Romeo a toujours été catégorique sur le fait que le futur de la relation serait décidé lors d'évaluations annuelles. Et bien que la valeur et l'intérêt de la F1 n'aient jamais été aussi grands et que d'autres constructeurs frappent à la porte pour accéder à la catégorie reine (Audi lorgnant sur Sauber), la marque au Biscione ne compte pas s'éloigner de son plan.
Jean-Philippe Imparato, le PDG du constructeur italien, explique ainsi que si le partenariat avec Sauber apporte une énorme valeur ajoutée à Alfa Romeo, la flexibilité dont il dispose avec les évaluations annuelles le satisfait.
"Je déciderai de 2023 avec nos collègues dans les semaines à venir", explique le Français à Motorsport.com. "La question pour nous n'est pas de planifier pour cinq ans aujourd'hui. Nous sommes sur ce projet de 2023 et, comme vous le savez, nous avons signé avec nos collègues un partenariat très clair, transparent et sur le long terme, avec des évaluations annuelles. Donc je suis totalement à l'aise sur chaque aspect de cette évaluation."
"Nous ferons le point chaque année et nous déciderons pour l'année d'après. Je n'ai pas d'engagement irrévocable à long terme sur quoi que ce soit, faire cinq ans [de F1], etc. Donc, pour être clair, toute négociation et tout ce qui concerne le partenariat est mené par Fred Vasseur et Sauber, dans le meilleur intérêt de Sauber. Le meilleur intérêt d'Alfa Romeo est d'avoir un retour sur investissement et des progrès en matière de performance chaque année. C'est tout. Je dirais que le reste est complètement séparé."
Jean-Philippe Imparato, PDG d'Alfa Romeo
La position d'Imparato diffère de celle des autres constructeurs automobiles, qui sont engagés en F1 sur le long terme. Mais le Français n'a pas l'habitude de faire les choses de manière conventionnelle puisqu'Alfa est le seul constructeur en F1 à être satisfait (en fait, ravi) de n'avoir que les droits du nom d'une équipe plutôt que la posséder ou construire un moteur.
"Je pense avoir le meilleur retour sur investissement de la planète", dit-il en souriant. "Cela peut être surprenant. Mais nous avons inventé avec nos collègues de Sauber un nouveau business model : il y a une double gouvernance entre nous."
Imparato salue l'effort de la F1 vers la neutralité carbone
Tous les constructeurs automobiles sont aujourd'hui confrontés à des difficultés avec un passage à la voiture électrique qui s'avère extrêmement coûteux. La F1 s'est engagée à atteindre la neutralité carbone avant la fin de la décennie mais continue à privilégier le moteur à combustion interne, même s'il est alimenté par du carburant durable.
Mais Imparato ne voit pas de conflit entre les voitures de route électriques et les moteurs "zéro émission" de la F1, le PDG estimant qu'une cohabitation est possible et que la F1 a tout à gagner en montrant le chemin à suivre.
"Le carburant et le respect de l'environnement sont au cœur de la transformation de la F1, j'en suis convaincu. Après, je ne sais pas quel sera le rythme, les raisons, l'événement, mais je sais que [la F1] est dessus, elle y travaille. Donc chaque fois que tout le monde travaille sur quelque chose de positif vers la neutralité carbone, c'est une bonne nouvelle pour moi."
Zhou Guanyu, Alfa Romeo C42, en lutte avec Mick Schumacher, Haas VF-22
"Le sport automobile est toujours un précurseur et on verra que le sport automobile sera le moteur du changement, probablement plus rapidement que tous les autres, comme toujours. Nous pouvons débattre, discuter, crier, mais à un moment donné, nous sommes des compétiteurs. À un moment donné, l'objectif est clair : tout le monde court pour être le premier, et ce sera aussi le cas pour cela."
Mais alors que le carburant durable de la F1 a suscité des discussions sur la possibilité d'un passage aux voitures électriques dans l'industrie automobile retardé, Imparato insiste sur le fait que pour Alfa Romeo, il n'y a pas de retour en arrière possible.
"Les décisions sont prises. L'industrie deviendra électrique en 2035 et quand on se fixe une barre comme celle-là, ça veut dire que l'on arrête d'investir maintenant et que l'on arrête [le moteur à combustion interne] en 2030 plus ou moins. Ce sera donc une course à qui sera le premier à être à zéro [émission carbone]. Il n'y a pas de compromis, et il n'y a pas, selon moi, de plan B parce que nos enfants n'accepteront pas que nous repoussions les limites des émissions de CO2. C'est une question d'éthique."
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